Vous êtes le président du collège des ligneurs, une entité rassemblant exactement 1528 pirogues? A ce titre quelle appréciation faîtes -vous de la publication de la liste des bateaux de pêche?
Nous ne pouvons que nous en réjouir. C’est une très bonne chose. Car cela fait des années qu’on courait derrière tous les régimes qui se sont succédé au Sénégal mais nous n’avons jamais eu réponse à cette requête. Nous ne pouvons que nous en réjouir.
Cependant je demande solennellement à la ministre de la pêche de tendre la main à l’association nationale des affaires maritimes (ANAM). Car elle reste le cœur battant de la pêche au Sénégal. Beaucoup d’années durant, l’ANAM est marginalisée et reléguée au second plan ce qui est une injustice. L’Anam c’est l’outil des pêcheurs donc quiconque veut appuyer ou travailler avec eux doit s’approcher de l’association. Et sur ce, je n’apprend rien à madame la ministre car elle était actrice de la pêche.
Dans tous les cas, si elle veut réussir sa mission, elle doit descendre à la base et discuter avec les vrais acteurs de la pêche. En tout état de cause, nous restons optimistes et les premiers jalons posés nous rassurent.
Quel est l'impact de l’immigration clandestine à Cayar?
Je pense qu’à un certain moment, ce fait est devenu un fléau. L’immigration clandestine dépassait de loin le Sénégal. Nous pouvons en témoigner, c’est pratiquement toute la sous région qui venait au Sénégal pour embarquer à partir de nos côtes, à commencer par Cayar.
Et les causes sont multiples. Si vous vous rappelez, les premières vagues ont commencé en 2006. Et la principale cause était les accords de pêche signés avec l’Union européenne (sous le régime deWade NDLR). Macky Sall, alors candidat à la présidentielle, nous avait dit une fois élu qu’il allait annuler les accords et licences de pêche. Il avait effectivement tenu sa promesse. Ce qui fait que de 2012 à 2017, la pêche avait retrouvé son lustre d’antan. Mais passé ces 5 ans, le gouvernement a renouvelé ces accords avec les chinois et l’Union européenne. Les conséquences ont été immédiates puisqu’il y a eu la recrudescence de l’immigration irrégulière dans le pays. Et n’oublions pas que la pêche injecte 32, 17% dans l’économie nationale. Un secteur comme ça, il faut le protéger. Dès lors, l’on peut dire que les causes de l’immigration découlent de ces manquements.
Et quels sont les potentiels candidats à l’émigration?
Au tout début, c'est-à-dire en 2006, 95% des candidats étaient des gens qui venaient de l’intérieur de pays, Saloum Saloum, Baol Baol, Kadior Kadior etc. Mais quelques années après et jusqu’à récemment 99% des candidats sont des pêcheurs. Ce qui veut dire que la tendance s’est inversée. Maintenant, que les causes sont connues il faut les analyser et proposer des solutions. Et ces solutions doivent se faire de concert avec les pêcheurs, notamment artisanaux.