Troisième candidature de Wade : Le Sénégal à la risée des africains -la leçon zambienne fera-t-elle recette ?

La troisième candidature du président Abdoulaye Wade ne préoccupe pas simplement les sénégalais. Partout en Afrique la question est sur les lèvres. Un journaliste ou un sénégalais lambda ne peut sortir du pays sans qu’il ne soit interpellé sur cette volonté du chef de l’Etat à briguer un troisième mandat malgré le verrou de la Constitution mais aussi son âge très avancé. C’est dans le cadre de ces discussions, qu’une journaliste zambienne a remis au goût du jour l’expérience vécue chez elle avec Frederick Chiluba qui en 2001 voulait briguer un troisième mandat mais avec une forte et vaste pression populaire, le peuple l’a poussé au renoncement. La leçon zambienne téléchargeable en bas de l’article.



L’image du Sénégal en Afrique est sérieusement en train de se rider. La troisième candidature du président Abdoulaye Wade s’invite dans tous les débats et conférences internationales. Juste après les salamalecs, des amis et collègues africains embraient sur la polémique qui fait rage à Dakar. La recevabilité de la troisième candidature d’Abdoulaye Wade.

Un journaliste malien de regretter cette situation que vit le Sénégal qui a toujours été présenté comme un pays phare de la démocratie sénégalaise. «Beaucoup d’africain tout comme les sénégalais plaçaient beaucoup d’espoir en Abdoulaye. Il a fait 26 ans d’opposition, il s’est battu jusqu’à obtenir une transition démocratique et en douceur au Sénégal». Le confrère rencontré à Abuja en octobre dernier a dénoncé le fait que «le Sénégal soit actuellement le champion des modifications constitutionnelles». A peine, il a terminé sa phrase, un autre confrère du Benin de déclarer une belle leçon lui a été servie en juin avec le projet de lui instituant le ticket présidentiel qui a été rejeté par une violente manifestation des jeunes.

Ces deux journalistes ont souligné que chez eux, il est devenu impossible de tenter des forcings constitutionnels parce qu’il y a une forte conscience citoyenne prête à dérouler une pression terrible égale à celle d’un rouleau compresseur.

Suivant la discussion, Brenda Zulu n’a pu s’empêcher de révéler la jurisprudence zambienne. Elle a, ainsi, confié Frederick Chiluba avait cette même volonté qu’Abdoulaye Wade en 2001. Il s’y était prit très tôt mais les populations comme un seul homme ont dit niet avec une vaste et très efficace campagne. Tous ceux qui étaient contre cette modification constitutionnelle pour un troisième mandat arboraient des rubans verts ou simplement s’habillaient tout en vert tandis qu’à partir de 17h, il y avait un concert de klaxon partout dans la capitale sans compter ceux des casseroles qui s’organisaient dans les autres contrées de la Zambie.

Ces déclarations de Brenda Zulu sont ainsi confirmées dans un document intitulé «leçons pour un activisme citoyen efficace» qui revient en détails sur cette histoire.

Extrait du document (lien téléchargeable)


En 2001, le Président zambien, Frederick Chiluba, a tenté de modifier la Constitution du pays pour pouvoir se présenter à un troisième mandat. Chiluba et ses partisans ont utilisé diverses tactiques pour susciter le soutien de la population à cette manoeuvre. Ainsi, un Bureau des Administrateurs de district a été créé avec un personnel composé de cadres du parti envoyés dans les districts pour s’assurer que personne ne s’opposerait au troisième terme, même si la violence était nécessaire pour changer les esprits des opposants. Les chefs traditionnels ont été la cible de pressions, souvent trompés pour les convaincre qu’ils signaient en faveur d’une augmentation des subventions.

Cette manoeuvre n’a pas fonctionné. Des activistes issus de plusieurs groupes de la société civile – parmi eux, des avocats, des chefs religieux, des organisations de femmes, des groupes de jeunes, des activistes de défense des droits de l’Homme et des syndicalistes – ont été rejoints pas des membres individuels du parlement qui se sont opposés au changement de la Constitution pour former un organisme parapluie, le Forum Oasis. Les groupes ont mobilisé leurs propres partisans – le clergé a organisé des réunions de prière ; les parlementaires ont fait pression sur leurs collègues et ont écrit des articles destinés à la presse indépendante ; les avocats et autres ont organisé des débats et des discussions. Des campagnes populaires ciblaient les citoyens ordinaires, qui portaient des rubans verts pour montrer leur désaccord face à un changement de la Constitution, et sifflaient ou klaxonnaient à des moments précis.

Ces manifestations du pouvoir du peuple se sont avérées efficaces. Quelques semaines seulement après le début de la campagne, Chiluba a annoncé qu’il ne se présenterait pas à un troisième mandat.
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Mardi 22 Novembre 2011 11:56


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