Le mouvement est là, mais il se trouve pour l'instant dans un creux, relate notre correspondante à Hong Kong Florence de Changy. Non pas qu'il ait perdu de l'ampleur - il a même plutôt l'air de s’inscrire dans la durée -, mais on est entre deux vagues. Pour rappel, les violences policières de dimanche ont créé un véritable traumatisme et ont fait redoubler la sympathie envers les manifestants. Lundi, beaucoup de gens sont sortis dans la rue à leur tour. Ils l'ont plutôt fait dans l'optique de soutenir les étudiants que de soutenir la démocratie.
La nuit de lundi à mardi a été calme, malgré au moins cinq quartiers transformés en dortoirs populaires, y compris Mongkok, où plusieurs bus sont installés en travers de Nathan Road, une très grande artère de quatre voies, et où la route est complètement inaccessible avec des poteaux d'arrêts de bus qui retiennent les barricades. La police n'a pas empêché leur installation. Donc, clairement, cela signifie qu'elle a désormais reçu la consigne de laisser faire. Et l'absence visible des forces de l'ordre donne une sensation de répit.
A qui la majorité silencieuse ?
Sur place, on se demande surtout comment vont se dérouler les deux prochains jours, fériés tous les deux. Au départ, avant d'être finalement avancé, le mouvement « Occupy Central » devait commencer ce mercredi 1er octobre, jour du 65e anniversaire de la République populaire. Les feux d’artifice ont été annulés et la journée est perçue comme un moment de vérité. Officiellement, rien n'est prévu - jusqu'ici, les manifestations sont pourtant très encadrées -, mais certains prédisent une manifestation « monstre ».
Il s'agira donc de voir si la majorité silencieuse soutient, autant qu’on est en mesure de le penser, cette révolte. Il est probable que le gouvernement attende également de voir ce qui se passe pour décider de la meilleure stratégie à adopter pour sortir de la crise. Pour l’instant, les médias continentaux chinois conservent le silence sur ce qui se passe à Hong Kong. Pas d’images à la télévision, rien dans les journaux. Les réseaux sociaux sont censurés, notamment ceux qui ont permis de faire passer des photos des premières manifestations de lycéens.
Pékin face à l'ombre de Tiananmen
Si le grand public chinois ne réalise pas encore très bien l’ampleur de ce qui se passe à Hong Kong, la nouvelle génération et tous les intellectuels, équipés de logiciels permettant de contourner la censure, suivent d’heure en heure la situation dans le sud, explique notre correspondante à Pékin Caroline Puel. Pour le gouvernement de Pékin, qui est sur le qui-vive ce mardi, le réveil démocratique en cours est donc un test que peu avaient vu venir.
L‘ombre de Tiananmen plane dans les couloirs de la capitale. Le régime chinois sait que s’il donne la même réponse qu’en 1989, à savoir la répression d’un mouvement démocratique sous les yeux du monde entier, cela pourrait marquer la fin de ses efforts pour se présenter comme une nouvelle grande puissance prônant l’harmonie. La peur, c'est la contagion. Pour l'heure, Pékin essaie donc montrer un visage uni. Ce mardi, toutes les Unes des journaux sont consacrées aux dirigeants du régime, réunis au grand complet lundi soir à un concert célébrant le 65e anniversaire du régime.
Seule issue, la négociation
Et si la solution se trouvait dans la reprise de discussions politiques et la recherche d’un compromis ? Cy Leung, responsable politique de Hong Kong, ne donne pour l’instant pas l’impression d’aller dans cette direction. Il a appelé à la fin immédiate des manifestations. Signe de son énervement, il se serait même frayé, ce mardi, un passage en voiture à grande allure parmi les manifestants.
Mais Li Yuanchao, vice-président chinois - considéré comme un réformiste -, a demandé que des études soient lancées d’urgence sur l’évolution de Hong Kong et Macao. Si les évènements hongkongais ne sont donc pas clairement relatés dans la presse, cette idée du long terme commence à passer dans la presse chinoise ce mardi.
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