Prière, hymne national, écran géant et applaudissements. Sur scène, les principaux représentants d’Ennahda et leurs discours, entrecoupés par des films. L’un de ces derniers retrace par exemple le grand retour des islamistes dans le pays depuis la révolution, sur fond de musique sensationnaliste.
Le programme du mouvement arrivera, lui, tracté par un mini drone, après un slalom entre les caméras. Un programme sans grande nouveauté. Les responsables du mouvement martèlent leur attachement à la démocratie, à la liberté et au pluralisme prônant justice sociale, développement, équilibre régional, mais aussi une économie concurrentielle et de grandes réformes bancaires et financières.
L’heure était aussi au bilan, après une expérience du pouvoir critiquée. La Tunisie fait figure de « modèle de réussite » dans la région, assure Ali Larayedh, secrétaire général. La prochaine étape sera celle de « garantir la stabilité sur tous les plans, grâce au consensus et au dialogue », dit-il. Sur notamment la stabilité sécuritaire, le leader du mouvement, Rached Ghannouchi s’est montré clair : « Ennahda est en guerre contre le terrorisme ».
Soixante-dix candidats à la présidentielle
Ces deux dernières semaines, 70 candidats ont déposé leurs dossiers auprès de l’ISIE, l’instance indépendante chargée d’organiser ces scrutins. Elle doit désormais les passer au peigne fin, pour vérifier leur conformité avec la loi. Elle vérifiera que les parrainages des candidats sont valides. Ils doivent avoir le soutien soit de dix députés soit de 10 000 Tunisiens. Elle veillera donc par exemple à ce qu’il n’y ait pas de doublons.
Ces 70 prétendants au palais de Carthage constituent un record. Mais tous ne sont pas vraiment sérieux. L’ISIE a déjà signalé des dossiers incomplets, irrecevables. Dans les urnes, c’est surtout l’expérience qui comptera. Businessmen, hommes de médias, magistrats, ils sont à peine une dizaine à avoir occupé des postes-clés par le passé. Il y a bien sûr l’actuel président Moncef Marzouki, mais aussi le chef de l’Assemblée, Mustapha Ben Jaafar.
Face à eux, Béji Caïd Essebsi, leader de Nida Tounes, principal parti d’opposition. Du haut de ses 88 ans, il a occupé des ministères régaliens sous Ben Ali avant de devenir chef du premier gouvernement de transition. On retrouve d’ailleurs plusieurs membres de l’ancien régime dans la course. À gauche, c’est Hamma Hammami qui représentera le Front populaire, vaste coalition. De son côté, le parti Ennahda, sans candidat, assure qu’il soutiendra une personnalité « consensuelle » et n’a jusqu’à présent désigné personne.