L'élection de Beji Caïd Essebsi à la magistrature suprême a laissé un vide abyssal à la tête du parti. Car c'était lui, le ciment de Nida Tounes, cette coalition hétéroclite rassemblant aussi bien des personnalités de gauche que des hommes de droites, des proches de l'ancien régime que d’anciens opposants à Ben Ali. Un parti, surtout, qui a grandi très vite, mais n’a jamais tenu son premier congrès. Résultat, trois ans après sa création, Nida Tounes ne dispose d'aucune instance de direction claire, reconnue par tous.
« Les ambitions personnelles se révèlent. C'est une véritable guerre des chefs », confie un membre du parti qui préfère rester anonyme. Dimanche dernier, le parti devait justement élire son bureau politique mais le vote a été reporté en raison de dissensions internes. Et depuis, les ténors du parti s'invectivent par médias interposés.
A la tête des frondeurs, il y a Hafedh Caid Essebsi, le fils du chef de l’Etat, accusé par ses détracteurs de vouloir faire main basse sur le parti. Autre ligne de fracture qui alimente la bataille en cours : la stratégie vis-à-vis des islamistes d'Ennahda. Faut-il se réjouir de leur entrée au sein de la coalition au pouvoir ou bien s'opposer coûte que coûte à ce parti longtemps présenté comme l'ennemi à abattre ? Sur ce point aussi, Nida Tounes est divisé. Au point, selon certains, de menacer l'existence même du parti.
Mardi soir, le comité fondateur du parti a fixé une nouvelle date pour l'élection du bureau politique, le 22 mars, et promis l'organisation d'un congrès avant la fin du mois de juin. Plus tôt dans la journée, le chef de l'Etat avait reçu le directeur exécutif du parti pour lui demander de rechercher au plus vite un « consensus ».