Tunisie, un homme s'immole par le feu à Gafsa, sur fond de crise sociale

Un homme s'est immolé par le feu, jeudi 5 janvier 2012 à Gafsa, la grande ville minière de Tunisie, là d'où est partie la contestation sociale qui a balayé le régime de Ben Ali il y a un an. Cet homme âgé de 48 ans et père de trois enfants faisait un sit-in devant le siège du gouvernorat, alors que trois ministres visitaient la ville. Des troubles ont éclaté entre les jeunes et la police à la suite de ce drame qui met en évidence la difficulté des nouvelles autorités à résoudre les problèmes chroniques du bassin minier. L'homme est dans un état très grave.



Il s'est aspergé d'essence et s'est immolé sans rien dire, selon un témoignage recueilli auprès des habitants de Gafsa par l'Agence France Presse. L'homme, qui s'est immolé devant le siège du gouvernorat, avait demandé à parler à la délégation ministérielle venue tenter de résoudre la crise qui frappe depuis des mois la Compagnie des Phosphates de Gafsa, la CPG. Brûlé au troisième degré, il a été transféré au service des grands brûlés de Ben Arous, près de Tunis.


Il y a un an, c'est l'immolation d'un jeune homme de Sidi Bouzid qui avait lancé la révolte ayant conduit à la chute du président Ben Ali. Comme à l'époque, c'est toujours la situation sociale et le chômage endémique qui provoquent l'agitation sociale en Tunisie. Depuis quelques semaines, les sit-in de protestation se multiplient à Gafsa. Une partie des employés des filiales de la CPG se plaignent de n'avoir qu'un emploi fictif et aucune possibilité de travailler décemment. D'autres habitants de la ville protestent contre la politique de recrutement jugée opaque, d'autres enfin manifestent contre le chômage.


Dans ce contexte troublé la délégation ministérielle qui s'est rendue à Gafsa, a été plutôt mal accueillie. Conspuée, huée, elle a n'a pas pu rencontrer les habitants de la ville. Mais si le nouveau pouvoir semble soucieux de s'impliquer dans la résolution de la crise sociale du bassin minier, les habitants de Gafsa semblent avoir perdu toute patience. Ils réclament des actes, c'est à dire des emplois.
 


source: RFI

Mamadou Sakhir Ndiaye

Vendredi 6 Janvier 2012 13:51


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