Les manifestants sont descendus à nouveau dans les rues mardi 25 mars en Turquie, où plus de 1 400 personnes ont été arrêtées depuis le début d'une vaste fronde déclenchée par l'arrestation du maire d'Istanbul Ekrem Imamoğlu. Ce dernier est le principal rival du président Recep Tayyip Erdoğan.
Des dizaines de milliers de personnes ont pour le septième soir consécutif convergé devant l'hôtel de ville d'Istanbul à l'appel de l'opposition, poursuivant une contestation d'une ampleur inédite depuis le mouvement de Gezi, qui avait occupé la place Taksim d'Istanbul, en 2013.
Des milliers d'étudiants, la plupart le visage masqué de peur d'être identifiés par la police, ont également défilé mardi soir sous les applaudissements de riverains dans un arrondissement de la rive européenne de la ville dont le maire a, lui aussi, été incarcéré, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Il s’agit peut-être du dernier rassemblement à l’appel du principal parti d’opposition du CHP :
C’est peut-être le dernier jour de contestation à Saraçhane. Mais, je ne pense pas que ce soit le dernier jour de la contestation. La justice n’a toujours pas été rendue, nous n’avons vu aucun geste en face. Nous n’avons aucune intention d’arrêter.
« Serez-vous au grand rassemblement de samedi pour soutenir Ekrem Imamoğlu, pour vous opposer à (sa) détention (...) et dire que nous voulons des élections anticipées ? », a lancé le chef du CHP Özgür Özel, à une foule réunie devant la mairie d'Istanbul pour le septième soir consécutif.
Özgür Özel a précisé que ce rassemblement aurait lieu à la mi-journée sur un vaste terrain du quartier de Maltepe, sur la rive asiatique d'Istanbul, et non devant l'hôtel de ville. Le chef du CHP a ajouté qu'il n'appellerait pas mercredi les manifestants à converger devant le siège de la municipalité d'Istanbul, où il les conviait jusqu'ici chaque soir depuis l'arrestation la semaine passée de M. Imamoğlu.
Évolution de la contestation
La contestation en Turquie évolue : fini les grands meetings du soir devant la mairie d'Istanbul. Les cadres du CHP expliquent que les jours passant, si le nombre de manifestants devant la mairie diminue, les groupes « marginaux » – ceux qui viennent surtout pour affronter la police – prendraient de plus en plus de place, craignent-t-ils. Cela accentuerait la répression policière et servirait de prétexte au pouvoir, qui présente déjà les protestations comme « un mouvement de violence », explique notre correspondante à Ankara, Anne Andlauer.
Du côté du CHP, l'objectif est de tenir dans la durée, de maintenir le sort d'Ekrem Imamoğlu au premier rang de l'actualité. L'idée est de continuer à manifester, mais pas toujours au même endroit, pas toujours de la même façon.
Le problème pour l'opposition, c'est que le bras de fer se joue maintenant, mais que Recep Tayyip Erdoğan a tout son temps. Ekrem Imamoğlu pourrait rester des années en prison, les prochaines élections sont programmées dans plus de trois ans, et le pouvoir a certainement d'autres cartes dans son jeu pour affaiblir l'opposition, en particulier le CHP. Éviter l'usure et la division : c'est le double défi que l'opposition doit relever.
Boycott dans les universités d'Istanbul et Ankara
Dans de grandes universités, principalement à Istanbul et Ankara, des étudiants boycottent les cours. Ils ont été soutenus, mardi, par leurs enseignants affiliés au syndicat Egitim-Sen, marqué à gauche, qui a appelé ses membres à ne pas faire cours pendant un jour. Le parquet d'Istanbul a aussitôt ouvert une enquête contre les dirigeants du syndicat, accusés « d'exciter les événements survenus dans notre pays ».
« Nous pensons que cette enquête a pour but de créer un climat de peur pour faire cesser la mobilisation, pour faire taire toutes les organisations d'opposition », explique Zülküf Günes, secrétaire général d'Egitim-Sen. « C'est une violation de nos droits inscrits dans la Constitution et dans les accords internationaux. »
Malgré les pressions, le CHP prévoit de lancer d'autres appels à manifester, « dans d'autres endroits et d'autres manières », dans les prochains jours et semaines.
La France appelle la Turquie à se comporter comme un « grand partenaire démocratique »
La présidence française a appelé mardi à la libération d'Ekrem Imamoğlu, et appelé la Turquie à se comporter comme un « grand partenaire démocratique ». « Nous déplorons l'arrestation du maire d'Istanbul, nous souhaitons sa remise en liberté », a déclaré un conseiller du président Emmanuel Macron lors d'un briefing avec des journalistes.
« La Turquie est un grand partenaire, mais nous voulons un grand partenaire démocratique [...] qui agit dans le respect des valeurs qui sont celles de l'Union européenne et qui lient la Turquie à l'Union européenne », a-t-il ajouté.
« La Turquie bascule dans le totalitarisme », pour le dessinateur turc Ersin Karabulut
Parmi les voix qui s'élèvent contre la répression du gouvernement, le dessinateur turc Ersin Karabulut, qui vit en France depuis deux ans. Il a documenté dans deux tomes de son autobiographie Journal inquiet d'Istanbul (dont le tome 2 vient de paraître chez Dargaud) la dérive autoritaire du régime d'Erdogan. Il a confié, au micro de Sophie Torlotin du service Culture de RFI ne pas être surpris par ces récents développements.
Des dizaines de milliers de personnes ont pour le septième soir consécutif convergé devant l'hôtel de ville d'Istanbul à l'appel de l'opposition, poursuivant une contestation d'une ampleur inédite depuis le mouvement de Gezi, qui avait occupé la place Taksim d'Istanbul, en 2013.
Des milliers d'étudiants, la plupart le visage masqué de peur d'être identifiés par la police, ont également défilé mardi soir sous les applaudissements de riverains dans un arrondissement de la rive européenne de la ville dont le maire a, lui aussi, été incarcéré, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Il s’agit peut-être du dernier rassemblement à l’appel du principal parti d’opposition du CHP :
C’est peut-être le dernier jour de contestation à Saraçhane. Mais, je ne pense pas que ce soit le dernier jour de la contestation. La justice n’a toujours pas été rendue, nous n’avons vu aucun geste en face. Nous n’avons aucune intention d’arrêter.
« Serez-vous au grand rassemblement de samedi pour soutenir Ekrem Imamoğlu, pour vous opposer à (sa) détention (...) et dire que nous voulons des élections anticipées ? », a lancé le chef du CHP Özgür Özel, à une foule réunie devant la mairie d'Istanbul pour le septième soir consécutif.
Özgür Özel a précisé que ce rassemblement aurait lieu à la mi-journée sur un vaste terrain du quartier de Maltepe, sur la rive asiatique d'Istanbul, et non devant l'hôtel de ville. Le chef du CHP a ajouté qu'il n'appellerait pas mercredi les manifestants à converger devant le siège de la municipalité d'Istanbul, où il les conviait jusqu'ici chaque soir depuis l'arrestation la semaine passée de M. Imamoğlu.
Évolution de la contestation
La contestation en Turquie évolue : fini les grands meetings du soir devant la mairie d'Istanbul. Les cadres du CHP expliquent que les jours passant, si le nombre de manifestants devant la mairie diminue, les groupes « marginaux » – ceux qui viennent surtout pour affronter la police – prendraient de plus en plus de place, craignent-t-ils. Cela accentuerait la répression policière et servirait de prétexte au pouvoir, qui présente déjà les protestations comme « un mouvement de violence », explique notre correspondante à Ankara, Anne Andlauer.
Du côté du CHP, l'objectif est de tenir dans la durée, de maintenir le sort d'Ekrem Imamoğlu au premier rang de l'actualité. L'idée est de continuer à manifester, mais pas toujours au même endroit, pas toujours de la même façon.
Le problème pour l'opposition, c'est que le bras de fer se joue maintenant, mais que Recep Tayyip Erdoğan a tout son temps. Ekrem Imamoğlu pourrait rester des années en prison, les prochaines élections sont programmées dans plus de trois ans, et le pouvoir a certainement d'autres cartes dans son jeu pour affaiblir l'opposition, en particulier le CHP. Éviter l'usure et la division : c'est le double défi que l'opposition doit relever.
Boycott dans les universités d'Istanbul et Ankara
Dans de grandes universités, principalement à Istanbul et Ankara, des étudiants boycottent les cours. Ils ont été soutenus, mardi, par leurs enseignants affiliés au syndicat Egitim-Sen, marqué à gauche, qui a appelé ses membres à ne pas faire cours pendant un jour. Le parquet d'Istanbul a aussitôt ouvert une enquête contre les dirigeants du syndicat, accusés « d'exciter les événements survenus dans notre pays ».
« Nous pensons que cette enquête a pour but de créer un climat de peur pour faire cesser la mobilisation, pour faire taire toutes les organisations d'opposition », explique Zülküf Günes, secrétaire général d'Egitim-Sen. « C'est une violation de nos droits inscrits dans la Constitution et dans les accords internationaux. »
Malgré les pressions, le CHP prévoit de lancer d'autres appels à manifester, « dans d'autres endroits et d'autres manières », dans les prochains jours et semaines.
La France appelle la Turquie à se comporter comme un « grand partenaire démocratique »
La présidence française a appelé mardi à la libération d'Ekrem Imamoğlu, et appelé la Turquie à se comporter comme un « grand partenaire démocratique ». « Nous déplorons l'arrestation du maire d'Istanbul, nous souhaitons sa remise en liberté », a déclaré un conseiller du président Emmanuel Macron lors d'un briefing avec des journalistes.
« La Turquie est un grand partenaire, mais nous voulons un grand partenaire démocratique [...] qui agit dans le respect des valeurs qui sont celles de l'Union européenne et qui lient la Turquie à l'Union européenne », a-t-il ajouté.
« La Turquie bascule dans le totalitarisme », pour le dessinateur turc Ersin Karabulut
Parmi les voix qui s'élèvent contre la répression du gouvernement, le dessinateur turc Ersin Karabulut, qui vit en France depuis deux ans. Il a documenté dans deux tomes de son autobiographie Journal inquiet d'Istanbul (dont le tome 2 vient de paraître chez Dargaud) la dérive autoritaire du régime d'Erdogan. Il a confié, au micro de Sophie Torlotin du service Culture de RFI ne pas être surpris par ces récents développements.
Autres articles
-
Financements humanitaires en baisse: des conséquences dévastatrices en vue
-
Liban: le gouvernement dénonce avec prudence la rupture du cessez-le-feu par Israël
-
Madagascar: l'insurrection du 29 mars 1947, mémoire collective de la Grande Île
-
Est de la RDC: accord entre le M23 et la SADC sur l'évacuation de la force régionale des pays d'Afrique australe
-
Tchad: suspension de la délivrance de visas américains pour 90 jours