US Open: et Naomi Osaka craqua

Des larmes de détresse et une pause qui s'impose: Naomi Osaka, en proie à des problèmes d'anxiété récurrents, a craqué en conférence de presse à l'US Open, après son élimination dès le 3e tour, annonçant faire un break pendant un certain temps.



 

"Je pense que je vais faire une pause pendant un certain temps", a dit la Japonaise, qui était tenante du titre, après sa défaite surprise contre une Canadienne de 18 ans, Laylah Fernandez 7-5, 6-7 (2/7), 6-4.

"Comment puis-je dire ça ? J'ai l'impression que ces derniers temps, quand je gagne, je ne me sens pas heureuse. Je ressens plus comme un soulagement. Et puis quand je perds, je me sens très triste. Je ne pense pas que ce soit normal. Je n'avais pas vraiment envie de pleurer, mais en fait, je me sens comme...", venait-elle de confier auparavant après une question d'un journaliste japonais.

Sur quoi des larmes sont montées, qu'elle a essuyées et tenté de réprimer. En vain.

Le modérateur a alors annoncé la fin de la conférence de presse, mais Osaka l'a interrompu: "je voudrais finir, pardon". Peinant à articuler, elle a poursuivi: "Je me sens comme... Hmm, c'est très difficile à exprimer. En fait, j'ai l'impression d'en être à ce point où j'essaie de comprendre ce que je veux faire, et honnêtement, je ne sais pas quand je vais jouer mon prochain match de tennis".

- Colère d'"enfant" -

S'excusant une nouvelle fois, elle a tenté de cacher qu'elle fondait en larmes, remis son masque anti-Covid et s'est levée, mettant fin à une séquence extrêmement difficile, qui a rappelé celle d'il y a deux semaines au tournoi de Cincinnati où elle avait également craqué de la sorte.

 

La joueuse japonaise Naomi Osaka reprend sa raquette jetée au sol, pendant son match contre la Canadienne Leylah Fernandez à l'US Open, le 3 septembre 2021 à New York

Ed JONES - AFP

Une heure plus tôt, sur le court Arthur Ashe, celle qui visait un troisième sacre new-yorkais en quatre ans tenait pourtant son match en mains. Menant 7-5, 6-5 service à suivre, elle s'est fait débreaker en commettant de grosses fautes directes. Et elle s'est effondrée, réitérant des erreurs grossières, jetant sa raquette de dépit au sol à deux reprises.

"Je suis vraiment désolée pour cela. Je me disais de rester calme, mais j'ai l'impression que je bouillonnais. Récemment, je me suis sentie très anxieuse quand les choses ne vont pas comme je le veux", a-t-elle expliqué. Etait-ce une crise de colère? "Vous pouvez le voir. J'étais un peu comme une enfant."

A un set partout, la N.3 mondiale, prostrée sur sa chaise entre les changements de côté, serviette sur la tête lui recouvrant son visage, n'a jamais su se remettre dans son match. Et elle s'est inclinée 7-5, 6-7 (2/7), 6-4.

- "Plusieurs épisodes dépressifs" -

Osaka, qui avait fait l'impasse sur Wimbledon en juillet, était arrivée sans grand repères à New York, après un été sur dur qui s'était jusqu'ici résumé à deux 8es de finale perdus: aux Jeux de Tokyo, où elle avait allumé la vasque olympique et reconnu avoir craqué sous la pression, étant grande favorite à domicile, et à Cincinnati.

 

La joueuse japonaise Naomi Osaka, lors d'une pause sur le court Arthur Ashe, lors de l'US Open de tennis à New York le 3 septembre 2021

Ed JONES - AFP

Osaka a ainsi semblé à côté de son tennis et cela s'est encore vérifié à Flushing Meadows, trois mois après son retentissant forfait avant le 2e tour de Roland-Garros, où elle avait créé la polémique en refusant de répondre aux questions des médias. Ce qui lui a valu d'être sanctionnée financièrement.

La jeune femme de 23 ans avait alors révélé avoir des problèmes d'anxiété, marqués par "plusieurs épisodes dépressifs", dans un message sur Twitter, réseau social où elle est très présente.

Un nouvel "épisode", en mondovision celui-ci, en plein coeur d'un tournoi Majeur, s'est produit vendredi.

"Je ne sais pas vraiment pourquoi ça se passe comme ça, maintenant", s'est à un moment interrogée Osaka, hagarde. "Nous sommes tous confrontés à certaines choses, et je sais que je suis confrontée à certaines choses."

Le tennis étant bien loin de la rendre heureuse, la perspective de la voir défendre son titre à l'Open d'Australie en début d'année prochaine semble à ce stade improbable.


AFP

Samedi 4 Septembre 2021 12:26


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