Sans surprise, l'annonce de Petro Porochenko est passée dans l'indifférence totale dans l'Est du pays. Selon le président, l’armée ukrainienne ne mènera plus aucune opération militaire dans l’Est du pays durant les sept prochains jours. Les responsables de la République autoproclamée de Lougansk ont aussitôt rejeté le cessez-le-feu. « Personne ne déposera les armes tant qu'il n'y aura pas de retrait total des troupes dans l'Est », a commenté l'un d'entre eux. Même son de cloche à Donetsk où les rebelles armés disent ne pas faire confiance à Porochenko.
Dans le détail, le plan de Porochenko décliné en 14 points garantit une amnistie, notamment aux rebelles pro-russes qui déposent les armes et mettent fin à l’occupation illégale des bâtiments publics dans l’Est de l’Ukraine. Tout cela bien sûr sous condition : seuls sont concernés les insurgés n’ayant pas commis de crime grave.
Ultimatum
Au cours de la semaine, les combats se sont intensifiés entre forces gouvernementales et insurgés pro-russes, notamment aux alentours de Slaviansk, contrôlé par les séparatistes. Ces derniers appellent Vladimir Poutine à l'aide. A l'instar des insurgés dans l'Est de l'Ukraine, la Russie a sévèrement critiqué l'annonce du cessez-le-feu, considéré comme un ultimatum et non une invitation à la paix. Le Kremlin s'est également dit surpris des accusations de l'Otan selon lesquelles la Russie renforcerait ses troupes à la frontière avec l'Ukraine, sans pour autant les démentir. Du côté occidental, la France et les Etats-Unis ont menacé la Russie, vendredi 20 juin, de « nouvelles mesures » si des progrès ne sont pas réalisés en faveur de la « désescalade » des violences sur le terrain et d'une reprise des négociations en Ukraine.
A l’heure où les nouvelles autorités ukrainiennes s’apprêtent à signer un accord d’association historique avec l’Union européenne le 27 juin prochain, les séparatistes de l’Est continuent de se tourner vers la Russie et réclament le retrait des troupes gouvernementales de ce qu’ils considèrent comme leurs territoires.
Moscou. Le président ukrainien Petro Porochenko a fait l'annonce du cesez-le-feu dans une localité située à une trentaine de kilomètres des foyers de combats, dans la région de Slaviansk, au cours de sa première visite dans l'Est depuis son investiture le 7 juin. Mais cette initiative a été dénoncée par Moscou et par les séparatistes.
A peine le cessez-le-feu ukrainien était il entré en vigueur que le Kremlin faisait déjà savoir qu’il n’y croyait pas. « Une première analyse montre malheureusement que ce n’est pas une invitation à la paix et à des négociations, mais un ultimatum adressé aux insurgés pour qu’ils déposent les armes », a réagi la présidence russe. Cela alors que le président Porochenko avait pris soin d’informer personnellement Vladimir Poutine de son plan de paix avant qu’il ne soit présenté au parlement ukrainien.
Dans le même temps, la Russie fait état d’un incident à la frontière. Un tir effectué depuis le territoire ukrainien a blessé un douanier russe. Moscou exige des excuses pour ce qu’elle qualifie de « provocation ». Kiev de son côté nie que les militaires ukrainiens ait utilisé de l’artillerie ou des mortiers dans la zone en question, en raison précisément de la proximité de la frontière. Une frontière ou le président ukrainien voudrait tout d’abord établir une zone tampon de dix kilomètres, sans doute pour éviter les infiltrations d’armes russes, alors même que l’Otan affirme que la Russie a à nouveau amassé des troupes à proximité.
A Kiev. Un espoir prudent domine dans la capitale ukrainienne après l'annonce du plan de paix de Petro Porochenko. Mais l'on sait déjà que son application, si elle peut avoir lieu, ne sera pas facile.
Les 14 points proposés par le plan de Petro Porochenko semblent bien aborder toutes les composantes essentielles du problème, estime-t-on à Kiev : que ce soit la décentralisation du pouvoir, une relance économique ou une amnistie partielle. Le président ukrainien a discuté de ses plans avec les représentants politiques, sociaux et économiques de l'est de l'Ukraine. Iourim Zvialicki est député du Parti des régions, l'ancienne majorité présidentielle de l'autoritaire Viktor Ianoukovitch. Même lui soutient les propositions du président : « Bien sûr que je soutiens le plan. Il n'y a pas d'autre possibilité. Il faut stopper les opérations militaires là-bas. Le camp adverse ne cherche que des troubles, il ne veut pas arrêter. »
Mais de l'autre côté, les groupes séparatistes ne sont pas invités à la table des négociations. L'exécutif ukrainien ne veut pas négocier avec ceux qu'il considère comme des « terroristes », et attend juste d'eux qu'ils déposent les armes, respectent un cessez-le-feu et, pour ceux qui sont venus de Russie, qu'ils rentrent chez eux.
Mais ils ne semblent pas prêts à vouloir déposer les armes. Selon un communiqué militaire, sept soldats ont été tués dans des affrontements dans les dernières 24 heures, ainsi qu'au moins 300 séparatistes, ce dernier chiffre étant néanmoins impossible à vérifier. Sans avoir aucune emprise sur le terrain et en refusant de parler à ses ennemis, Petro Porochenko prend donc un pari risqué, dont dépendra l'application de son plan de paix.
Source : Rfi.fr
-
La Turquie encourage le retour au pays des réfugiés syriens après la chute de Bachar el-Assad
-
Urgent / France : Le gouvernement de Michel Barnier tombe après le vote d'une motion de censure à l'Assemblée
-
Les États-Unis ont achevé le retrait militaire de leur dernière base au Niger
-
Urgent : le Premier ministre Gabriel Attal remettra « demain sa démission au président »
-
Présidentielle en Indonésie: le ministre de la Défense Prabowo Subianto largement en tête (projections)