Le G7 a annoncé samedi sa décision de prendre une nouvelle bordée de sanctions contre la Russie dans la crise ukrainienne, avec un volet américain susceptible d'intervenir "dès lundi".
C'est à Séoul, où le président américain Barack Obama est en visite, que le communiqué du G7 des pays les plus industrialisés a été publié.
Selon un responsable américain sous couvert de l'anonymat, "chaque pays déterminera quelles sanctions ciblées il veut imposer. Ces sanctions seront coordonnées et complémentaires, mais pas nécessairement identiques". "Les sanctions américaines pourraient intervenir dès lundi", a-t-il précisé.
Côté européen, Angela Merkel a annoncé vendredi une rencontre des ministres des Affaires étrangères de l'UE "aussi rapidement que possible" pour étudier de nouvelles sanctions.
Le communiqué du G7 affirme que ses membres --Etats-Unis, Canada, France, Royaume-Uni, Allemagne, Italie et Japon--se sont "engagés à agir d'urgence pour intensifier les sanctions ciblées" contre Moscou.
Ce communiqué a été publié après la tenue vendredi d'une conférence téléphonique entre les dirigeants américain Barack Obama, français François Hollande, allemand Angela Merkel, britannique David Cameron et italien Matteo Renzi, au cours de laquelle avaient été "évoquées" de nouvelles sanctions.
Ce durcissement intervient alors qu'une intervention des forces régulières de l'armée russe dans l'est de l'Ukraine apparaît comme une hypothèse de plus en plus tangible. "Nous n'excluons plus une intervention militaire russe en Ukraine dans les prochains jours", a ainsi confié à des journalistes un diplomate occidental.
Dans ce contexte, le G7 accuse Moscou d'avoir ces derniers jours "continué à exacerber les tensions avec un discours toujours plus préoccupant et des manoeuvres militaires menaçantes à la frontière de l'Ukraine".
- Espace aérien violé -
"L'intégrité territoriale et la souveraineté de l'Ukraine doivent être pleinement respectées", ont martelé vendredi les dirigeants occidentaux, alors que selon le Pentagone des avions russes ont violé l'espace aérien ukrainien "à plusieurs reprises" au cours des dernières 24 heures. D'une manière générale, ils ont "souligné l?importance d?une mise en ?uvre effective de l'accord de Genève du 17 avril, afin de permettre une sortie de crise en Ukraine et prévenir la dégradation de la situation sur le terrain".
Ils sont également "convenus de demander le renforcement du rôle de la mission d'observation de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) en Ukraine", dont une douzaine d'observateurs déjà sur place sont retenus par des séparatistes, selon Kiev et Berlin. "Si cela est vrai, nous condamnons fermement cette action et appelons à leur libération immédiate", a réagi le département d'Etat américain.
- "Etat de siège" -
Sur le terrain, la ville de Slaviansk, bastion des séparatistes dans l'Est, est en état de siège depuis un assaut bref et meurtrier lancé par des blindés ukrainiens.
Le ministère de l'Intérieur a indiqué avoir mis en place "un blocus" de Slaviansk avec les forces de la Garde nationale afin d'empêcher les pro-russes "de recevoir des renforts". "Nous ne rendrons pas la ville", a rétorqué le leader des insurgés de Slaviansk, Viatcheslav Ponomarev. "Nous sommes prêts à la défendre".
Moscou a appelé Kiev à mettre fin sans délai à son offensive militaire dans l'Est, mais le pouvoir de Kiev a affirmé que son offensive, qu'il qualifie d'"opération anti-terroriste", allait continuer, tout en s'engageant à faire preuve de retenue.
"Notre préoccupation principale est d'éviter de faire des victimes", a ainsi déclaré le vice-ministre ukrainien des Affaires étrangères, Danylo Lubkivsky. "La Russie veut lancer une troisième guerre mondiale", a accusé pour sa part le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk. "Nous appelons la communauté internationale à s'unir contre l'agression russe".
Face à cette situation de plus en plus tendue, le chef de la diplomatie allemande Frank-Walter Steinmeier a souligné qu'il n'y avait "pas beaucoup de temps pour mettre fin à cette folie". La Maison Blanche a insisté sur la nécessité d'oeuvrer "de concert par l'intermédiaire du G7 et de l'UE (...) pour imposer des coûts à la Russie".
Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a répliqué en accusant les Occidentaux de "vouloir s'emparer de l'Ukraine" pour servir "leurs ambitions géopolitiques et non les intérêts du peuple ukrainien".
- Fuites de capitaux -
La Russie n'est visée pour l'instant que par des sanctions américaines et européennes visant de hauts responsable, mais la crainte de mesures de rétorsion contre son économie, déjà affaiblie, a entraîné de massives fuites de capitaux, poussant l'agence Standard & Poor's à abaisser vendredi la note de la Russie à "BBB-".
Les sanctions prises contre Moscou ont déjà "un impact", a estimé vendredi le secrétaire américain au Trésor Jacob Lew. "Le but est d'atteindre l'économie russe tout en faisant le moins de dommages possible à l'économie américaine et mondiale".
Confrontée à une chute du rouble et à une accélération de l'inflation, la banque centrale russe a augmenté à 7,5% son taux directeur, un resserrement du robinet du crédit qui risque de peser sur une économie au bord de la récession.
Face à la menace brandie par Moscou d'une intervention militaire pour défendre ses intérêts et ceux de la population d'origine russe, Washington a réagi en déployant 600 soldats en Pologne et dans les pays baltes, et 150 soldats supplémentaires doivent arriver samedi en Lituanie.
Selon les autorités ukrainiennes pro-occidentales, la Russie prépare une invasion ou veut du moins déstabiliser la situation politique avant la présidentielle anticipée du 25 mai.
Les séparatistes comptent de leur côté organiser un référendum le 11 mai pour couper les ponts avec Kiev, voire rejoindre la Russie.La perte de la Crimée, rattachée en mars à la Russie en quelques semaines, est dans tous les esprits.
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