Des tirs à l’arme lourde et des tirs à l’arme légère retentissaient encore, selon des témoins, mardi soir, dans la zone autour de l’aéroport de Donetsk. Depuis lundi, de très violents combats s’y déroulent. La route qui mène à l’aéroport en porte les stigmates, des flaques de sang, des camions criblés de balles. Les combats auraient aussi fait deux victimes civiles, dont une femme tuée par un éclat d’obus. Au total, on dénombrerait près de 40 morts.
Pour reprendre l’aéroport aux insurgés pro-russes, l’armée a déployé les grands moyens en envoyant dès lundi des avions de guerre et des hélicoptères qui ont largué des parachutistes. A peine élu président, Petro Porochenko a donné le ton : il n'a pas l'intention de négocier avec les séparatistes pro-russes armés, qu'il qualifie de « terroristes ».
Le maire de la ville a redit à la population d'éviter la zone de l'aéroport. Deux hôpitaux et neuf écoles ont été fermés. Des abris contre les bombardements ont été mis à la disposition de la population, qui s’apprête à vivre une nouvelle nuit agitée, avec des tirs qui sont susceptibles de retentir à nouveau.
Mais il apparaît d’ores et déjà que l’armée ne sera pas en mesure de reprendre si facilement la dizaine de villes aux mains des séparatistes dans les régions de Donetsk et Lougansk. C'est d'abord une question de moyens - cette armée n’est pas dans la meilleure des formes - et de motivation des troupes, qui pourraient ne pas accepter de prendre part à une guerre qui fera inévitablement - et qui a déjà fait - des victimes au sein de la population civile.
Dans ce contexte très tendu, l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) annonce avoir perdu le contact avec quatre de ses observateurs internationaux qui étaient en patrouille de routine à l'est de Donetsk. Selon le ministre ukrainien des Affaires étrangères, ils seraient aux mains des séparatistes pro-russes. Lundi soir, deux journalistes ukrainiens et leur chauffeur étaient toujours retenus par les séparatistes à Lougansk. Ils sont accusés d'espionnage.
Sur le plan diplomatique, le président russe Vladimir Poutine a appelé à l'arrêt immédiat des opérations militaires, taxées de « punitives ». Le ministère ukrainien des Affaires étrangères a convoqué le chargé d'affaires russe pour protester contre l'incursion de combattants étrangers depuis la Russie en Ukraine dans la nuit de lundi à mardi. Quant au Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk, il a rejeté ce mardi des pourparlers directs avec la Russie.
Bruxelles, de son côté, plaide aussi pour « un dialogue franc et ouvert » avec le Kremlin. Barack Obama a lui assuré le président ukrainien élu de son soutien tout en soulignant l’importance de mettre en œuvre rapidement les réformes nécessaires qui « répondent aux attentes et aux inquiétudes de tous les Ukrainiens. »
Source : Rfi.fr