Un Sénégalais accusé de meurtre à Djibouti, en prison



Arrivé à Djibouti le 15 janvier 2010 pour une mission de sept mois pour le compte de la société environnement-déchets-eaux (Ede), le photographe Mor Diarra Ndiaye était loin de se douter de ce qui lui arriverait au cours de ces cinq premiers mois. Après quatre mois passés dans ce pays, Mor, comme l’appellent ses proches, fait la connaissance d’une belle Djiboutienne. Les présentations faites, intervient une échange de numéros entre les deux. La jeune dame, très entreprenante, a commencé à appeler le photographe et n’arrêtait pas de poser des questions sur la nature des activités de ce dernier. Le missionnaire se livre à sa nouvelle connaissance et lui dit travailler dans le domaine de l’assainissement et qu’il est à Djibouti dans le cadre d’une mission financée par la banque africaine de développement.

La Bad, c’est de l’argent. « Dans ce pays les gens donnent beaucoup de valeurs à l’argent et quand la femme a su que mon mari habitait un quartier huppé et que le projet dans lequel il travaillait est financé par la Bad, elle a décidé de passer le voir », témoigne Ndèye Fatou Ndao, la femme de Ndiaye qui faisait face à la presse ce matin dans les locaux de la Raddho. Malheur au photographe qui a accepté de recevoir la fille chez -elle. « Mon mari était enclin à la recevoir, mais ce jour là, la fille n’est pas venue. C’était le 29 avril. A 14h, mon mari lui a envoyé un message pour lui demander pourquoi elle n’est pas venue. Et c’est ce même jour, le soir même que la femme a été tuée », informe toujours Mme. Ndiaye.

Après le listing des appels reçus et messages par la défunte et une déclaration d’un gardien d’immeuble, la police a, dans un premier temps, arrêté le chef de mission de l’équipe sénégalaise. Ayant trouvé un alibi, Amadou Gueye, est relâché. Le gardien fait une autre déclaration, toute différente de la première. Cette fois ci, il accuse le technicien de l’équipe, Mor Diarra Ndiaye. La police procède à son arrestation le 4 mai. Depuis, Mor Diarra croule derrière les barreaux.

Ses proches sont convaincus de son innocence. D’ailleurs sa femme affirme, « j’ai fait trois ans de mariage, et je peux vous assurer que Mor Diarra Ndiaye est incapable de faire du mal à une mouche ».

Par ailleurs, du point de vue juridique, la police Djiboutienne ne détient pas des preuves de la culpabilité "du fervent talibé mouride". Le chargé d’assistance juridique,de l’alerte, d’urgence de la Raddho, Oumar Diallo, a indiqué en marge de cette conférence de presse que « seule la déclaration du gardien que nous jugeons mensongère est détenue comme preuve ». Pis, « dans l’article 10 de la loi djiboutienne il est stipulé qu’après deux jours passés en prison si le prévenu demande à avoir un avocat, la procédure doit être annulée et ceci n’a pas été faite ». La police bafoue ainsi une des lois qui régissent ce pays. Les autorités djiboutiennes sont même allées plus loin selon Fatou Ndao qui informe qu’elles ont eu à leur réclamer « deux millions cinq cent mille en francs djiboutiens qui équivalent à sept millions cinq cent mille de Fcfa contre la libération de mon mari ».

La famille du prévenu et la Raddho demandent aujourd’hui à l’Etat sénégalais de réagir et d’intervenir dans cette arrestation qui leur paraît plus qu’injuste. Quatre meurtres du même genre ont eu lieu dans ce pays au cours du même mois. Deux étrangers, dont Mor Diarra Ndiaye ont été pris responsables des deux. Ils constituent ainsi des boucs émissaires.

Bigué BOB

Mardi 19 Octobre 2010 17:07


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