Cette promesse faite entre les deux tours de la présidentielle n’agrée pas du tout, certains de ses partisans, dont son ministre des affaires étrangères Alioune Badara Cissé qui a déclaré1 : « Le mandat de sept ans du président Macky Sall est celui du peuple. Il a été bien élu pour sept ans » C’est une façon polie de dire au président de la République – de surcroit le chef de son parti- qu’il n’est pas d’accord avec lui sur la diminution de son mandat. Par contre, un de ses premiers alliés dans la coalition Macky 2012, le ministre de l’Education Ibrahima Sall, parlant lui d’un second mandat et de l’école sénégalaise déclare2 : « Je veux que le premier quinquennat de Macky Sall soit un quinquennat de l’Education. Je pense qu’un quinquennat renouvelable va pacifier l’espace politique. Ça va permettre d’arrêter la course effrénée vers le pouvoir (sic). Chacun pourra l’accompagner pour qu’il puisse avoir un deuxième mandat dans la paix et la prospérité »
Mettant fin à toute ambiguïté à ce niveau, le président Sall lors de son dernier voyage aux USA avait réitéré sa décision en déclarant devant ses militants3 : « Le septennat est révolu. C’est le temps des rois et des empereurs. Dans une démocratie le mandat doit être réduit ». Il ajouta cependant « j’espère qu’au terme de ce quinquennat les Sénégalais me feront à nouveau confiance pour présider aux destinées de notre pays ».
Cette obsession pour un second mandat qu’il vit déjà avec ses camarades et certains de ses alliés, n’est pas une singularité sénégalaise ni même africaine. Le second mandat est véritablement un casse-tête chinois pour tous les présidents des régimes présidentiels africains. Mais il en est ainsi aussi, dans toutes les autres démocraties modernes où le président de la République est élu au suffrage universel direct, avec la possibilité d’un second mandat. Dès son installation dans le fauteuil présidentiel, il commence à penser à un second mandat. C’est le cas en France, pour ne prendre que cet exemple récent et qui nous est familier. Le président François Hollande pense déjà, à un second mandat même s’il ne l’exprime pas aussi clairement que son homologue sénégalais. Il cherche à contrôler le parti socialiste, l’instrument qui lui a permis d’être candidat et d’accéder au pouvoir.
Pourtant avant son élection à la présidence de la République française le candidat Hollande avait juré, selon le journal satirique français4, qu’il serait « Indépendant. Et d’abord de son propre parti. Socialiste je suis, socialiste je serai. Mais je ne serai jamais le chef de mon parti » C’était le 3 mars en meeting à Dijon. Et pourtant, c’est par téléphone, toujours selon le canard, très informé de la vie politique française, que François Hollande a réglé la succession de Martine Aubry qui, en principe, devait proposer elle-même, selon la tradition de ce parti, son successeur. François Hollande a préféré Harlem Désir, ancien dirigeant de l’ONG, S O S Racisme, alors que son Premier ministre, Jean Marc Ayrault et Martine Aubry avaient opté pour Jean Christophe Combadélis, jugé cependant « incontrôlable » par le président Hollande. Il est convaincu que l’ancien député européen Harlem Désir plus « docile » et moins ambitieux peut lui garder la maison socialiste avec ses différents courants dont chaque responsable est un présidentiable, jusqu’à la prochaine désignation du candidat socialiste, pour l’élection présidentielle de 2017.
Si je fais cette petite incursion dans la vie politique française, c’est parce qu’il y a des ressemblances et même des complicités entre les acteurs politiques sénégalais et français. L’actualité de ces jours le montre, avec la première visite en Afrique du nouveau président français, entamée au Sénégal. C’est le poids de la longue histoire, quelque fois douloureuse, que nous avons partagée ensemble.
Revenant au cas du Sénégal, pourquoi le président Macky Sall ne laisserait-il pas son parti à un de ses hommes de confiance pour le diriger ? Cela lui permettrait de se consacrer entièrement à la tâche que le peuple sénégalais, qui a soif d’une gouvernance vertueuse, lui a confiée, pour une durée déterminée, avec des résultats attendus. Il est vrai que son parti est jeune, mais il doit, quand même, y exister des hommes suffisamment bien formés et politiquement aptes pour pouvoir le diriger. Car diriger un Etat et un parti, en même temps, est une entreprise très difficile, voire impossible. On risque de privilégier l’un au détriment de l’autre. Et le plus souvent, c’est l’Etat qui en souffre, comme il en a été toujours ainsi au Sénégal, depuis que le régime présidentiel y est instauré. Les différents présidents qui se sont succédé à la tête de l’Etat sénégalais ont dû s’en rendre compte à la fin de leur magistère.
Ma conviction est qu’il faut, à défaut d’un régime d’inspiration parlementaire qui aurait ma préférence, adopter le principe d’un mandat de six ans non renouvelable comme cela se fait au Mexique, un pays de l’Amérique centrale relativement stable, à côté de ses turbulents voisins. N’ayons pas le complexe de nous inspirer de ce qui se fait de positif ailleurs. Pendant six ans un président compétent et vertueux doit pouvoir apporter au Sénégal une contribution décisive pour la consolidation de nos acquis démocratiques et de la mise en place des conditions objectives de l’émergence de notre pays ; à l’instar de ce qu’a réussi l’ancien Premier ministre Mouhamed Mahattir pour la Malaisie5 qui était au même niveau de développement que le Sénégal il y a 50 ans.
Cette proposition de six ans non renouvelable devrait agréer tous les hommes politiques mais pas, certainement, des politiciens. Elle serait introduite dans la Constitution et ne serait susceptible d’être changée que par référendum. Le poste de Premier ministre serait alors supprimé. Quant au président de la République, seul habilité à définir la politique de la Nation et à conduire l’action gouvernementale, il continuerait à détenir la prérogative exclusive de nommer à tous les emplois publics. Mais dans ce cadre, les nominations aux plus hautes fonctions de l’Etat, exception faite de la Magistrature et des Forces armées, devront pour être définitives, être confirmées par l’Assemblée nationale.
Abdoul Aziz Diagne
Analyste politique Cité Amadou Cissé Dia (Assemblée nationale) Ouakam Dakar
Aadiagne262000@yahoo.fr
Mettant fin à toute ambiguïté à ce niveau, le président Sall lors de son dernier voyage aux USA avait réitéré sa décision en déclarant devant ses militants3 : « Le septennat est révolu. C’est le temps des rois et des empereurs. Dans une démocratie le mandat doit être réduit ». Il ajouta cependant « j’espère qu’au terme de ce quinquennat les Sénégalais me feront à nouveau confiance pour présider aux destinées de notre pays ».
Cette obsession pour un second mandat qu’il vit déjà avec ses camarades et certains de ses alliés, n’est pas une singularité sénégalaise ni même africaine. Le second mandat est véritablement un casse-tête chinois pour tous les présidents des régimes présidentiels africains. Mais il en est ainsi aussi, dans toutes les autres démocraties modernes où le président de la République est élu au suffrage universel direct, avec la possibilité d’un second mandat. Dès son installation dans le fauteuil présidentiel, il commence à penser à un second mandat. C’est le cas en France, pour ne prendre que cet exemple récent et qui nous est familier. Le président François Hollande pense déjà, à un second mandat même s’il ne l’exprime pas aussi clairement que son homologue sénégalais. Il cherche à contrôler le parti socialiste, l’instrument qui lui a permis d’être candidat et d’accéder au pouvoir.
Pourtant avant son élection à la présidence de la République française le candidat Hollande avait juré, selon le journal satirique français4, qu’il serait « Indépendant. Et d’abord de son propre parti. Socialiste je suis, socialiste je serai. Mais je ne serai jamais le chef de mon parti » C’était le 3 mars en meeting à Dijon. Et pourtant, c’est par téléphone, toujours selon le canard, très informé de la vie politique française, que François Hollande a réglé la succession de Martine Aubry qui, en principe, devait proposer elle-même, selon la tradition de ce parti, son successeur. François Hollande a préféré Harlem Désir, ancien dirigeant de l’ONG, S O S Racisme, alors que son Premier ministre, Jean Marc Ayrault et Martine Aubry avaient opté pour Jean Christophe Combadélis, jugé cependant « incontrôlable » par le président Hollande. Il est convaincu que l’ancien député européen Harlem Désir plus « docile » et moins ambitieux peut lui garder la maison socialiste avec ses différents courants dont chaque responsable est un présidentiable, jusqu’à la prochaine désignation du candidat socialiste, pour l’élection présidentielle de 2017.
Si je fais cette petite incursion dans la vie politique française, c’est parce qu’il y a des ressemblances et même des complicités entre les acteurs politiques sénégalais et français. L’actualité de ces jours le montre, avec la première visite en Afrique du nouveau président français, entamée au Sénégal. C’est le poids de la longue histoire, quelque fois douloureuse, que nous avons partagée ensemble.
Revenant au cas du Sénégal, pourquoi le président Macky Sall ne laisserait-il pas son parti à un de ses hommes de confiance pour le diriger ? Cela lui permettrait de se consacrer entièrement à la tâche que le peuple sénégalais, qui a soif d’une gouvernance vertueuse, lui a confiée, pour une durée déterminée, avec des résultats attendus. Il est vrai que son parti est jeune, mais il doit, quand même, y exister des hommes suffisamment bien formés et politiquement aptes pour pouvoir le diriger. Car diriger un Etat et un parti, en même temps, est une entreprise très difficile, voire impossible. On risque de privilégier l’un au détriment de l’autre. Et le plus souvent, c’est l’Etat qui en souffre, comme il en a été toujours ainsi au Sénégal, depuis que le régime présidentiel y est instauré. Les différents présidents qui se sont succédé à la tête de l’Etat sénégalais ont dû s’en rendre compte à la fin de leur magistère.
Ma conviction est qu’il faut, à défaut d’un régime d’inspiration parlementaire qui aurait ma préférence, adopter le principe d’un mandat de six ans non renouvelable comme cela se fait au Mexique, un pays de l’Amérique centrale relativement stable, à côté de ses turbulents voisins. N’ayons pas le complexe de nous inspirer de ce qui se fait de positif ailleurs. Pendant six ans un président compétent et vertueux doit pouvoir apporter au Sénégal une contribution décisive pour la consolidation de nos acquis démocratiques et de la mise en place des conditions objectives de l’émergence de notre pays ; à l’instar de ce qu’a réussi l’ancien Premier ministre Mouhamed Mahattir pour la Malaisie5 qui était au même niveau de développement que le Sénégal il y a 50 ans.
Cette proposition de six ans non renouvelable devrait agréer tous les hommes politiques mais pas, certainement, des politiciens. Elle serait introduite dans la Constitution et ne serait susceptible d’être changée que par référendum. Le poste de Premier ministre serait alors supprimé. Quant au président de la République, seul habilité à définir la politique de la Nation et à conduire l’action gouvernementale, il continuerait à détenir la prérogative exclusive de nommer à tous les emplois publics. Mais dans ce cadre, les nominations aux plus hautes fonctions de l’Etat, exception faite de la Magistrature et des Forces armées, devront pour être définitives, être confirmées par l’Assemblée nationale.
Abdoul Aziz Diagne
Analyste politique Cité Amadou Cissé Dia (Assemblée nationale) Ouakam Dakar
Aadiagne262000@yahoo.fr