Depuis sa création 2006 par Mohamed «Mo» Ibrahim, dans le but d’améliorer l’image de l’Afrique et d’encourager ses leaders à lutter activement pour sortir leur pays de la corruption, ce prix n’a eu que quatre lauréats.
Il s’agit de l’ancien président du Mozambique Joaquim Chissano (2007) ; de l’ancien président du Botswana, Festus Mogae (2008) ; de Pedro Pires (2011). Le dernier lauréat (2014) est le Namibien Hifikepunye Pohamba qui a été récompensé pour son travail «de cohésion et de réconciliation nationales», précise-t-on dans le site de la Fondation.
Personnellement, je suis de ceux qui pensaient que l’actuel président de la République, Macky Sall aurait dû intégrer ce Panthéon des anciens Chefs d’Etat. Il lui suffisait juste d’appliquer à la lettre les différents slogans qu’il a su trouver depuis son accession à la magistrature suprême, tout en mettant en œuvre les différentes promesses électorales, avant, pendant et après l’élection présidentielle du 25 mars 2012.
Il n’y a pas plus beau que le slogan «la patrie avant le parti». A travers ses cinq mots, Macky Sall avait voulu faire comprendre à ses collaborateurs qu’il fallait rompre d’avec la politique consistant à se servir au lieu de servir le peuple.
De ce slogan, la politique retrouve toute sa noblesse étymologique. C’est-à-dire l’art de gérer la cité.
Pour combattre l’impunité, notre Président bien aimé avait également déclaré ceci : “Je ne protégerai personne, la traque des biens mal acquis se poursuivra jusqu’à son terme et sans aucune exception. Dorénavant, rien ne sera plus comme avant”.
Pour convaincre certains membres de la société civile, notamment ceux qui s’activent pour la transparence et la bonne gouvernance, le Chef de l’Etat promet : “une gouvernance vertueuse, sobre, transparente, efficiente, efficace”; avec une équipe de 25 membres. Pas plus.
Last but not least. Tout ceci sera adossé à “une réforme profonde et une refondation de nos institutions pour les conformer à l’avancée de notre démocratie et, aussi de réduire son mandat de 7 à 5 ans”. Qui peut dire mieux ou plus. Personne. La messe est dite. Macky Sall prend les commandes et déroule. Malheureusement celui que l’on croyait être un homme d’Etat, retrouve rapidement son manteau d’homme politique. La différence entre les deux, avait déclaré James Freeman Clarke, c’est que le premier pense à la prochaine génération et le second à la prochaine élection.
L’obsession du second mandat
De Senghor à Abdoulaye Wade, en passant par Abdou Diouf, jamais un Président n’a eu autant de coudées franches pour diriger le Sénégal. Macky Sall s’est retrouvé dans un pays sans opposition. Ou presque. Notre démocratie était devenue consensuelle, à la malienne, sous Amadou Toumani Touré. Contrairement à Wade qui avait la presse sur le dos, le président de l’APR avait fini par la vassaliser. Avec la CREI, il a su aussi tenir à carreau, ses anciens camarades Libéraux, condamnés, tous, dans une prison à ciel ouvert. Malgré tout, Macky Sall n’a jamais été vaincu de conserver son fauteuil.
Ce qui lui pousse alors à se dédire sous la couverture d’une décision ou d’avis d’un conseil constitutionnel. Exit alors le quinquennat qui avait poussé beaucoup de Sénégalais à rallier sa cause. Le septennat est imposé lors d’un référendum marqué par un fort taux d’abstention et surtout une division jamais connue des Sénégalais. Sans occulter la pluie des billets de banque déversés dans les villes, villages et autres hameaux pour le OUI.
Auparavant, c’est l’article 15 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale qui prend une raclée. Un vrai recul démocratique dans le seul but de ferrer les députés dans la coalition Benno Bokk Yakaar et d’éviter la naissance d’autres groupes parlementaires. Le peuple encaisse.
La 12ème législature se retrouve avec un seul groupe parlementaire. Puisque Modou Diagne «Fada» avec le soutien de l’APR garde son fauteuil. Tel un général sans troupes, il finira par rompre les marres. Quel acte déconsolidant !
Alliances contre-nature
Contraint à partager le pouvoir avec ses alliés, Macky Sall distribue les marocains. Niasse prend le Perchoir, mais juste pour un an renouvelable jusqu’à ce qu’il fasse acte d’allégeance. Là, le Progressiste en chef aura droit à son quinquennat, celui là, par lequel, l’idylle entre Macky Sall et le PDS a été rompue.
Quid du PS ? Contrairement à Niasse, Ousmane Tanor Dieng lui, tarde à se décider. Pendant ce temps, Khalifa Ababacar Sall affiche ses ambitions pour la Présidentielle. Ce qui ne rassure pas Macky Sall. Il faut alors chercher un nouvel allié pour parer toute éventualité. Retour à la case départ. Sa famille naturelle. Celle-là qui lui a tout donné avant de le traiteren paria.
Le Chef de l’Etat qui avait jusque-là tenu bon, face aux pressions maraboutiques, les injonctions de la CEDEAO, mais aussi de l’ONU, tourne casaque et décide d’élargir Karim Wade qui, selon notre justice, s’est enrichi illicitement à hauteur de 138 milliards.
Permis de voler
Désormais, les Sénégalais peuvent piller, voler, spolier, arnaquer. Ils sont sûrs et certains qu’ils ne purgeront pas l’intégralité de leur peine en prison. Raisons humanitaires obligent ! Mieux, quand on est criminel à col blanc, on vous accorde la grâce. Et à une «heure de crime», comme disent les grands bandits, vous aurez droit à une voiture 4X4 direction l’aéroport pour les pays du golfe.
Le ridicule ne tuant point dans ce pays, notre Garde des Sceaux nous signale que 50 milliards ont été recouvrés depuis le début de la traque. Diantre ! Rien que pour Karim Wade, on nous avait fait savoir qu’il aurait soustrait à notre trésor public 1 milliard d’euro. Soit plus de 656 milliards de F Cfa. On ne sait d’ailleurs combien de millions, voire de milliards l’Etat a investi pour seulement le procès de l’ancien ministre d’Etat. Entre billets d’avions des avocats, des procureurs, les honoraires des avocats, les conférences de presse dans les hôtels, etc.
Quid des 24 autres caciques du PDS ? Les Sénégalais se souviennent surtout que le procureur Alioune Ndao avait dit qu’il ne poursuivra que les «voleurs de milliards». Ceux qui ont volé les millions ne l’intéressaient point. Entre temps, la plupart d’entre eux, sont allés gonfler les rangs de l’APR. Pis, même l’espoir qui était permis avec l’OFNAC s’est dégonflé. Voilà comment, les lobbies, les affairistes, les flagorneurs et autres thuriféraires ont eu Macky Sall à l’usure en jouant sur son obsession pour le second mandat. Mais rien n’est encore joué. 2019, c’est pour bientôt. Le peuple souverain décidera !
Abdoulaye THIAM
*Titre inspiré du film Steven Spielberg avec Tom Hanks, Tom Sizemore, «Sauver le soldat Ryan»
Il s’agit de l’ancien président du Mozambique Joaquim Chissano (2007) ; de l’ancien président du Botswana, Festus Mogae (2008) ; de Pedro Pires (2011). Le dernier lauréat (2014) est le Namibien Hifikepunye Pohamba qui a été récompensé pour son travail «de cohésion et de réconciliation nationales», précise-t-on dans le site de la Fondation.
Personnellement, je suis de ceux qui pensaient que l’actuel président de la République, Macky Sall aurait dû intégrer ce Panthéon des anciens Chefs d’Etat. Il lui suffisait juste d’appliquer à la lettre les différents slogans qu’il a su trouver depuis son accession à la magistrature suprême, tout en mettant en œuvre les différentes promesses électorales, avant, pendant et après l’élection présidentielle du 25 mars 2012.
Il n’y a pas plus beau que le slogan «la patrie avant le parti». A travers ses cinq mots, Macky Sall avait voulu faire comprendre à ses collaborateurs qu’il fallait rompre d’avec la politique consistant à se servir au lieu de servir le peuple.
De ce slogan, la politique retrouve toute sa noblesse étymologique. C’est-à-dire l’art de gérer la cité.
Pour combattre l’impunité, notre Président bien aimé avait également déclaré ceci : “Je ne protégerai personne, la traque des biens mal acquis se poursuivra jusqu’à son terme et sans aucune exception. Dorénavant, rien ne sera plus comme avant”.
Pour convaincre certains membres de la société civile, notamment ceux qui s’activent pour la transparence et la bonne gouvernance, le Chef de l’Etat promet : “une gouvernance vertueuse, sobre, transparente, efficiente, efficace”; avec une équipe de 25 membres. Pas plus.
Last but not least. Tout ceci sera adossé à “une réforme profonde et une refondation de nos institutions pour les conformer à l’avancée de notre démocratie et, aussi de réduire son mandat de 7 à 5 ans”. Qui peut dire mieux ou plus. Personne. La messe est dite. Macky Sall prend les commandes et déroule. Malheureusement celui que l’on croyait être un homme d’Etat, retrouve rapidement son manteau d’homme politique. La différence entre les deux, avait déclaré James Freeman Clarke, c’est que le premier pense à la prochaine génération et le second à la prochaine élection.
L’obsession du second mandat
De Senghor à Abdoulaye Wade, en passant par Abdou Diouf, jamais un Président n’a eu autant de coudées franches pour diriger le Sénégal. Macky Sall s’est retrouvé dans un pays sans opposition. Ou presque. Notre démocratie était devenue consensuelle, à la malienne, sous Amadou Toumani Touré. Contrairement à Wade qui avait la presse sur le dos, le président de l’APR avait fini par la vassaliser. Avec la CREI, il a su aussi tenir à carreau, ses anciens camarades Libéraux, condamnés, tous, dans une prison à ciel ouvert. Malgré tout, Macky Sall n’a jamais été vaincu de conserver son fauteuil.
Ce qui lui pousse alors à se dédire sous la couverture d’une décision ou d’avis d’un conseil constitutionnel. Exit alors le quinquennat qui avait poussé beaucoup de Sénégalais à rallier sa cause. Le septennat est imposé lors d’un référendum marqué par un fort taux d’abstention et surtout une division jamais connue des Sénégalais. Sans occulter la pluie des billets de banque déversés dans les villes, villages et autres hameaux pour le OUI.
Auparavant, c’est l’article 15 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale qui prend une raclée. Un vrai recul démocratique dans le seul but de ferrer les députés dans la coalition Benno Bokk Yakaar et d’éviter la naissance d’autres groupes parlementaires. Le peuple encaisse.
La 12ème législature se retrouve avec un seul groupe parlementaire. Puisque Modou Diagne «Fada» avec le soutien de l’APR garde son fauteuil. Tel un général sans troupes, il finira par rompre les marres. Quel acte déconsolidant !
Alliances contre-nature
Contraint à partager le pouvoir avec ses alliés, Macky Sall distribue les marocains. Niasse prend le Perchoir, mais juste pour un an renouvelable jusqu’à ce qu’il fasse acte d’allégeance. Là, le Progressiste en chef aura droit à son quinquennat, celui là, par lequel, l’idylle entre Macky Sall et le PDS a été rompue.
Quid du PS ? Contrairement à Niasse, Ousmane Tanor Dieng lui, tarde à se décider. Pendant ce temps, Khalifa Ababacar Sall affiche ses ambitions pour la Présidentielle. Ce qui ne rassure pas Macky Sall. Il faut alors chercher un nouvel allié pour parer toute éventualité. Retour à la case départ. Sa famille naturelle. Celle-là qui lui a tout donné avant de le traiteren paria.
Le Chef de l’Etat qui avait jusque-là tenu bon, face aux pressions maraboutiques, les injonctions de la CEDEAO, mais aussi de l’ONU, tourne casaque et décide d’élargir Karim Wade qui, selon notre justice, s’est enrichi illicitement à hauteur de 138 milliards.
Permis de voler
Désormais, les Sénégalais peuvent piller, voler, spolier, arnaquer. Ils sont sûrs et certains qu’ils ne purgeront pas l’intégralité de leur peine en prison. Raisons humanitaires obligent ! Mieux, quand on est criminel à col blanc, on vous accorde la grâce. Et à une «heure de crime», comme disent les grands bandits, vous aurez droit à une voiture 4X4 direction l’aéroport pour les pays du golfe.
Le ridicule ne tuant point dans ce pays, notre Garde des Sceaux nous signale que 50 milliards ont été recouvrés depuis le début de la traque. Diantre ! Rien que pour Karim Wade, on nous avait fait savoir qu’il aurait soustrait à notre trésor public 1 milliard d’euro. Soit plus de 656 milliards de F Cfa. On ne sait d’ailleurs combien de millions, voire de milliards l’Etat a investi pour seulement le procès de l’ancien ministre d’Etat. Entre billets d’avions des avocats, des procureurs, les honoraires des avocats, les conférences de presse dans les hôtels, etc.
Quid des 24 autres caciques du PDS ? Les Sénégalais se souviennent surtout que le procureur Alioune Ndao avait dit qu’il ne poursuivra que les «voleurs de milliards». Ceux qui ont volé les millions ne l’intéressaient point. Entre temps, la plupart d’entre eux, sont allés gonfler les rangs de l’APR. Pis, même l’espoir qui était permis avec l’OFNAC s’est dégonflé. Voilà comment, les lobbies, les affairistes, les flagorneurs et autres thuriféraires ont eu Macky Sall à l’usure en jouant sur son obsession pour le second mandat. Mais rien n’est encore joué. 2019, c’est pour bientôt. Le peuple souverain décidera !
Abdoulaye THIAM
*Titre inspiré du film Steven Spielberg avec Tom Hanks, Tom Sizemore, «Sauver le soldat Ryan»