Vaste réforme de l'enseignement islamique au Maroc

Une vaste réforme de l’enseignement islamique est entrée en vigueur au Maroc. Cette matière fait partie intégrante du programme de l’enseignement public dans le pays. Plus d'un mois après la rentrée scolaire, les nouveaux manuels d’éducation religieuse ont finalement été distribués il y a quelques semaines aux élèves et aux professeurs. Des manuels dont le contenu a été expurgé de plusieurs passages jugés trop extrémistes.



Cette réforme a été commandée en haut lieu, il y a neuf mois, sur instruction directe de Mohammed VI. Le roi considéré au Maroc comme le commandeur des croyants et descendant du prophète Mahomet, mène au pas de charge depuis plus de dix ans – et les attentats de Casablanca en 2003 – une vaste refonte du champ religieux au Maroc.
 
L’objectif est simple : faire du fait religieux le vecteur de transmission de l’islam dit du « juste milieu » et l’arme principale de lutte contre l’intégrisme. Le dernier volet de cette vaste réforme de l'enseignement islamique – enseigné du CP jusqu’à la terminale dans le système public marocain – est l’éducation à l’école.
 
Quels changements ?
 
Pour la forme, la matière a été rebaptisée « enseignement religieux » et non « islamique ». Cela peut paraître symbolique mais l’appellation implique qu’il existe d’autres religions. Cette pluralité est lourde de sens, dans un pays où l’islam est religion d’Etat et où la liberté de culte n’est pas en vigueur.
 
Sur le fond, l'idée est de mettre fin à l’enseignement d’un islam rigoriste, inspiré de celui des Frères musulmans remontant au début des années 1980. Il avait pour but de guider les comportements du « bon » ou du « mauvais » musulman. Un programme dans lequel on mettait en avant la suprématie des musulmans sur le reste des communautés. Une sourate particulièrement décriée appelant au jihad contre les non-musulmans, enseignée en 3e année de collège a d'ailleurs été supprimée.
 
Tolérance et respect d'autrui
 
Dans les nouveaux manuels, l’enseignement a été thématisé. De plus, l’apprentissage a été adapté à l’âge de l’enfant. Y figurent désormais les notions de tolérance et de respect d’autrui, plus que les injonctions : certains passages du Coran pouvant paraître plus péremptoire.
 
Les textes s’appuient sur des passages du Coran et les hadiths, les actes et les paroles du prophète Mahomet. Ceux qui prônent la tolérance, le respect du prochain et de l’environnement. Les nouveaux manuels entendent aussi développer l’esprit critique et invitent les élèves à ne pas colporter de rumeurs.
 
Système éducatif en grande difficulté
 
Même si nombreux sont les islamologues « progressistes » et autres défenseurs des droits de l’homme à saluer ces réformes, le système éducatif marocain est encore largement sinistré. Classes surchargées, enseignants peu rémunérés… La réforme de cette matière hautement stratégique doit ouvrir la voie aux autres disciplines.
 
Au cours de cette rentrée scolaire, toutes les mentions discriminatoires des autres manuels relayant des préjugés – comme associant l’aveugle au mendiant ou la femme à un rôle exclusivement domestique – ont été supprimées des manuels des autres disciplines. Sachant que le Maroc doit encore faire beaucoup pour remporter une bataille contre l’analphabétisme qui concerne aujourd’hui un Marocain sur deux.
 


Mercredi 16 Novembre 2016 10:09


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