Dans le prolongement de notre échange initié la semaine dernière sur ma page d’opinion, c’est avec un enthousiasme renouvelé que je me permets de revenir vers vous. Notre plateforme se veut un creuset d’idées novatrices, un lieu d’échange d’expertises et un espace propice au dialogue sur les enjeux actuels qui interpellent notre nation. Nous nous trouvons à l’aube d’une ère politique nouvelle, une occasion inédite de nous unir pour enrichir le débat public par des contributions réfléchies et constructives.
Le paysage politique et administratif actuel, marqué par une quête accrue d’efficacité et de résultats tangibles, nous oriente vers des stratégies innovantes capables de transformer en profondeur la gestion des politiques publiques à l’échelle mondiale. Parmi ces stratégies, le concept de « Delivery Unit - Unité de Livraison » se distingue par son potentiel révolutionnaire. Ancré dans une théorie du changement, cette approche a été mise en œuvre avec succès pour la première fois au Royaume-Uni sous l’égide de Tony Blair. Son efficacité à générer des résultats concrets et à encourager un changement positif a été saluée bien au-delà des frontières britanniques, trouvant écho dans des pays aussi variés que la Malaisie, le Rwanda, la Côte d’Ivoire, et même le Sénégal, malgré les défis spécifiques rencontrés.
L’Unité de Livraison constitue une innovation majeure au sein de l’appareil exécutif gouvernemental. Il s’agit d’une structure spécialisée chargée de suivre de près la mise en œuvre des plans d’action gouvernementaux en évaluant les progrès réalisés et les changements induits. Cette approche, fondée sur une théorie du changement, privilégie non seulement l’achèvement des activités planifiées mais surtout la réalisation des résultats escomptés et, idéalement, la concrétisation des changements positifs anticipés. Elle se caractérise par une culture de la performance et de la responsabilité, soutenue par la définition d’objectifs clairs, l’établissement de délais spécifiques et la mise en œuvre d’indicateurs de succès et de changement mesurables.
L’avantage distinctif de cette méthode réside dans sa capacité exceptionnelle à transformer les ambitions en réalisations concrètes et en changements significatifs. La mise en place de Delivery Units dans ces pays a marqué des initiatives phares, signifiant un tournant décisif dans l’amélioration de la gestion et de la mise en œuvre des politiques publiques.
Prenons l’exemple de la Malaisie, où le Delivery Unit a agi comme un catalyseur dans le développement économique et social du pays, assurant la mise en œuvre efficace des politiques publiques. La création de PEMANDU (Performance Management and Delivery Unit) a servi d’agent significatif de changement, permettant au pays d’atteindre un taux de croissance annuel moyen du PIB de 5,4% entre 2010 et 2016. Plus impressionnant encore, PEMANDU a joué un rôle dans la réduction du déficit budgétaire de la Malaisie de 6,7% du PIB en 2009 à moins de 3% en 2015, démontrant l’efficacité d’une gouvernance orientée vers les résultats et le changement.
Au Rwanda, l’adoption de cette méthodologie a conduit à des avancées remarquables dans les secteurs de la santé et de l’éducation, garantissant que les initiatives gouvernementales bénéficient effectivement à leurs destinataires. L’établissement du Delivery Unit sous l’égide du Rwanda Governance Board a aidé à positionner le pays comme un modèle de développement rapide sur la scène internationale. En se concentrant sur des secteurs clés tels que la santé, l’éducation et l’agriculture, le Rwanda a réussi à réduire la mortalité infantile de 50% entre 2008 et 2015 et à atteindre un taux d’inscription à l’école primaire de près de 98% en 2016.
En Côte d’Ivoire, l’introduction de cette approche a facilité la reconstruction post-conflit en assurant une coordination efficace des projets de développement. Le Centre de Promotion des Investissements en Côte d’Ivoire (CEPICI) a joué un rôle crucial dans l’attraction des investissements étrangers, contribuant ainsi à une croissance économique soutenue. Depuis sa création, le CEPICI a facilité la mise en œuvre de projets d’investissement valant plusieurs milliards de dollars, avec un taux de croissance annuel du PIB d’environ 8%.
Ces exemples soulignent l’efficacité des Delivery Units comme moteurs de transformation économique et sociale. Leur capacité à définir des priorités pertinentes, à suivre les progrès et à ajuster les stratégies en fonction des résultats est un modèle que le Sénégal, dans le contexte de l’élaboration de son PLAN D’ACTION GOUVERNEMENTAL, devrait envisager d’adopter pour réaliser les changements attendus du PROJET.
Il est essentiel de reconnaître l’importance cruciale de cette structure dans l’amélioration de la gouvernance et la réalisation d’impacts socio-économiques tangibles. Le succès des changements systémiques anticipés repose sur une approche pragmatique, orientée vers les résultats, qui mérite un soutien et un développement complets.
Cependant, en revisitant l’expérience sénégalaise, des premières années de l’indépendance à nos jours, nous rencontrons des défis similaires, initialement centrés autour du Bureau d’Organisation et de Méthodes (BOM) et du Bureau de Suivi Opérationnel (BOS). Il est crucial de se rappeler que le BOM, tel que conçu et mis en œuvre sous les présidences de Léopold Sédar Senghor et Abdou Diouf, a été confronté à un défi majeur : adapter ses méthodes, souvent importées de l’Ouest, aux réalités spécifiques des différentes administrations publiques sénégalaises. En effet, l’approche parfois trop standardisée et inflexible du BOM n’a pas réussi à répondre efficacement aux besoins diversifiés des secteurs d’intervention, limitant ainsi son impact sur l’amélioration de l’efficacité de l’administration publique.
De plus, une résistance notable au changement au sein de l’administration a souvent été observée. Malgré les efforts de réforme, le BOM était perçu comme un instrument exogène, voire imposé, ce qui a généré une certaine réticence parmi les fonctionnaires. Cette situation a entravé la mise en œuvre de nouvelles méthodes de travail et limité la transformation profonde et durable des pratiques administratives. Il est également important de souligner les limitations liées aux ressources. Les contraintes budgétaires et le manque de formation spécifique pour les agents du BOM ont entravé la pleine réalisation de ses ambitions. En outre, le modèle de Delivery Unit introduit au Sénégal en lien avec le BOS, avec l’arrivée de Macky Sall, a montré que l’importation de cette théorie du changement ne garantissait pas automatiquement les succès escomptés. Les défis rencontrés au Sénégal soulignent l’importance d’adapter le modèle de Delivery Unit au contexte local, en tenant compte des spécificités institutionnelles, culturelles et politiques. Un aspect crucial est la pertinence ou la cohérence du plan ou programme par rapport aux besoins et défis réels du pays. La difficulté à établir une culture de la mesure et du suivi, couplée à une résistance au changement tant au sein de l’administration publique que dans certains segments de la société, a entravé l’efficacité de cette approche.
À la lumière de ces leçons, il est crucial pour les nouvelles autorités du pays d’envisager d’adopter le modèle de Delivery Unit du PROJET, spécifiquement adapté aux réalités sénégalaises. Un tel mécanisme pourrait jouer un rôle décisif dans la réalisation des ambitions du nouveau gouvernement, garantissant la mise en œuvre efficace et mesurable des politiques publiques. Cela représente une occasion unique de réaffirmer l’engagement envers le désir de changement exprimé par le peuple sénégalais, en adoptant une approche éprouvée adaptée aux défis spécifiques du pays.
En conclusion, les expériences internationales et nationales, accumulées sur des décennies, nous montrent que le succès d’une politique publique ne réside pas uniquement dans la qualité de sa conception, mais surtout dans l’efficacité de sa mise en œuvre, où non seulement les résultats mais aussi les changements positifs sont périodiquement mesurés et suivis. Le modèle de Delivery Unit préconisé offre un chemin prometteur pour une transformation systémique des aspirations en réalités tangibles, à condition qu’il soit adapté et adopté avec conviction, persévérance, adaptabilité, agilité, transparence et soutenue par un plan de communication efficace, qui transforme les retours en véritables opportunités de croissance.
Dr. Idrissa Doucouré
Président du Conseil Mondial des Investissements et des Affaires, Londres
PhD en Vulnérabilité Climatique
Executive MBA
Ingénieur en Génie Hydro-Agricole
Le paysage politique et administratif actuel, marqué par une quête accrue d’efficacité et de résultats tangibles, nous oriente vers des stratégies innovantes capables de transformer en profondeur la gestion des politiques publiques à l’échelle mondiale. Parmi ces stratégies, le concept de « Delivery Unit - Unité de Livraison » se distingue par son potentiel révolutionnaire. Ancré dans une théorie du changement, cette approche a été mise en œuvre avec succès pour la première fois au Royaume-Uni sous l’égide de Tony Blair. Son efficacité à générer des résultats concrets et à encourager un changement positif a été saluée bien au-delà des frontières britanniques, trouvant écho dans des pays aussi variés que la Malaisie, le Rwanda, la Côte d’Ivoire, et même le Sénégal, malgré les défis spécifiques rencontrés.
L’Unité de Livraison constitue une innovation majeure au sein de l’appareil exécutif gouvernemental. Il s’agit d’une structure spécialisée chargée de suivre de près la mise en œuvre des plans d’action gouvernementaux en évaluant les progrès réalisés et les changements induits. Cette approche, fondée sur une théorie du changement, privilégie non seulement l’achèvement des activités planifiées mais surtout la réalisation des résultats escomptés et, idéalement, la concrétisation des changements positifs anticipés. Elle se caractérise par une culture de la performance et de la responsabilité, soutenue par la définition d’objectifs clairs, l’établissement de délais spécifiques et la mise en œuvre d’indicateurs de succès et de changement mesurables.
L’avantage distinctif de cette méthode réside dans sa capacité exceptionnelle à transformer les ambitions en réalisations concrètes et en changements significatifs. La mise en place de Delivery Units dans ces pays a marqué des initiatives phares, signifiant un tournant décisif dans l’amélioration de la gestion et de la mise en œuvre des politiques publiques.
Prenons l’exemple de la Malaisie, où le Delivery Unit a agi comme un catalyseur dans le développement économique et social du pays, assurant la mise en œuvre efficace des politiques publiques. La création de PEMANDU (Performance Management and Delivery Unit) a servi d’agent significatif de changement, permettant au pays d’atteindre un taux de croissance annuel moyen du PIB de 5,4% entre 2010 et 2016. Plus impressionnant encore, PEMANDU a joué un rôle dans la réduction du déficit budgétaire de la Malaisie de 6,7% du PIB en 2009 à moins de 3% en 2015, démontrant l’efficacité d’une gouvernance orientée vers les résultats et le changement.
Au Rwanda, l’adoption de cette méthodologie a conduit à des avancées remarquables dans les secteurs de la santé et de l’éducation, garantissant que les initiatives gouvernementales bénéficient effectivement à leurs destinataires. L’établissement du Delivery Unit sous l’égide du Rwanda Governance Board a aidé à positionner le pays comme un modèle de développement rapide sur la scène internationale. En se concentrant sur des secteurs clés tels que la santé, l’éducation et l’agriculture, le Rwanda a réussi à réduire la mortalité infantile de 50% entre 2008 et 2015 et à atteindre un taux d’inscription à l’école primaire de près de 98% en 2016.
En Côte d’Ivoire, l’introduction de cette approche a facilité la reconstruction post-conflit en assurant une coordination efficace des projets de développement. Le Centre de Promotion des Investissements en Côte d’Ivoire (CEPICI) a joué un rôle crucial dans l’attraction des investissements étrangers, contribuant ainsi à une croissance économique soutenue. Depuis sa création, le CEPICI a facilité la mise en œuvre de projets d’investissement valant plusieurs milliards de dollars, avec un taux de croissance annuel du PIB d’environ 8%.
Ces exemples soulignent l’efficacité des Delivery Units comme moteurs de transformation économique et sociale. Leur capacité à définir des priorités pertinentes, à suivre les progrès et à ajuster les stratégies en fonction des résultats est un modèle que le Sénégal, dans le contexte de l’élaboration de son PLAN D’ACTION GOUVERNEMENTAL, devrait envisager d’adopter pour réaliser les changements attendus du PROJET.
Il est essentiel de reconnaître l’importance cruciale de cette structure dans l’amélioration de la gouvernance et la réalisation d’impacts socio-économiques tangibles. Le succès des changements systémiques anticipés repose sur une approche pragmatique, orientée vers les résultats, qui mérite un soutien et un développement complets.
Cependant, en revisitant l’expérience sénégalaise, des premières années de l’indépendance à nos jours, nous rencontrons des défis similaires, initialement centrés autour du Bureau d’Organisation et de Méthodes (BOM) et du Bureau de Suivi Opérationnel (BOS). Il est crucial de se rappeler que le BOM, tel que conçu et mis en œuvre sous les présidences de Léopold Sédar Senghor et Abdou Diouf, a été confronté à un défi majeur : adapter ses méthodes, souvent importées de l’Ouest, aux réalités spécifiques des différentes administrations publiques sénégalaises. En effet, l’approche parfois trop standardisée et inflexible du BOM n’a pas réussi à répondre efficacement aux besoins diversifiés des secteurs d’intervention, limitant ainsi son impact sur l’amélioration de l’efficacité de l’administration publique.
De plus, une résistance notable au changement au sein de l’administration a souvent été observée. Malgré les efforts de réforme, le BOM était perçu comme un instrument exogène, voire imposé, ce qui a généré une certaine réticence parmi les fonctionnaires. Cette situation a entravé la mise en œuvre de nouvelles méthodes de travail et limité la transformation profonde et durable des pratiques administratives. Il est également important de souligner les limitations liées aux ressources. Les contraintes budgétaires et le manque de formation spécifique pour les agents du BOM ont entravé la pleine réalisation de ses ambitions. En outre, le modèle de Delivery Unit introduit au Sénégal en lien avec le BOS, avec l’arrivée de Macky Sall, a montré que l’importation de cette théorie du changement ne garantissait pas automatiquement les succès escomptés. Les défis rencontrés au Sénégal soulignent l’importance d’adapter le modèle de Delivery Unit au contexte local, en tenant compte des spécificités institutionnelles, culturelles et politiques. Un aspect crucial est la pertinence ou la cohérence du plan ou programme par rapport aux besoins et défis réels du pays. La difficulté à établir une culture de la mesure et du suivi, couplée à une résistance au changement tant au sein de l’administration publique que dans certains segments de la société, a entravé l’efficacité de cette approche.
À la lumière de ces leçons, il est crucial pour les nouvelles autorités du pays d’envisager d’adopter le modèle de Delivery Unit du PROJET, spécifiquement adapté aux réalités sénégalaises. Un tel mécanisme pourrait jouer un rôle décisif dans la réalisation des ambitions du nouveau gouvernement, garantissant la mise en œuvre efficace et mesurable des politiques publiques. Cela représente une occasion unique de réaffirmer l’engagement envers le désir de changement exprimé par le peuple sénégalais, en adoptant une approche éprouvée adaptée aux défis spécifiques du pays.
En conclusion, les expériences internationales et nationales, accumulées sur des décennies, nous montrent que le succès d’une politique publique ne réside pas uniquement dans la qualité de sa conception, mais surtout dans l’efficacité de sa mise en œuvre, où non seulement les résultats mais aussi les changements positifs sont périodiquement mesurés et suivis. Le modèle de Delivery Unit préconisé offre un chemin prometteur pour une transformation systémique des aspirations en réalités tangibles, à condition qu’il soit adapté et adopté avec conviction, persévérance, adaptabilité, agilité, transparence et soutenue par un plan de communication efficace, qui transforme les retours en véritables opportunités de croissance.
Dr. Idrissa Doucouré
Président du Conseil Mondial des Investissements et des Affaires, Londres
PhD en Vulnérabilité Climatique
Executive MBA
Ingénieur en Génie Hydro-Agricole