Ce sera aussi l’occasion pour lui de réaffirmer son engagement en faveur de la paix.
« Notre priorité est la résolution définitive de la crise en Casamance par un dialogue inclusif », avait lancé Macky Sall pendant la campagne électorale de 2012. Sitôt élu à la magistrature suprême, le nouveau président sénégalais a fait naître beaucoup d’espoirs. Il s’est déclaré prêt à dialoguer avec toutes les branches de la rébellion et pas uniquement avec les modérés, pas uniquement avec ceux qui avaient déjà déposé les armes. Un discours de rupture par rapport à de ses prédécesseurs.
Macky Sall a également accepté une relative internationalisation. Il a mandaté Sant’Egidio, une ONG basée à Rome, pour servir d’intermédiaire avec le plus irrédentiste des chefs de guerre, Salif Sadio. Trois rounds de négociations ont déjà eu lieu. Le père Angelo Romano de Sant’Egidio considère que « les 2 parties sont dans un bon état d’esprit, dans l’état d’esprit de la recherche de solution et d’un certain respect mutuel, ce qui est très important ». Pour le négociateur, « les 2 parties sont en train de faire un grand effort, l’un envers l’autre, pour trouver une solution négociée à la crise casamançaise ».Le processus semble piétiner
Pourtant, de l’avis de plusieurs observateurs, le processus semble piétiner. La paix ne se fera pas en un jour et il est difficile d’y voir clair. Le secret est de mise et le dossier casamançais est d’une rare complexité. Quatre maquis : chacun ses chefs, ses intérêts. Des rivalités. Des haines. Il y a plusieurs ailes politiques qui n’ont plus d’emprise sur les groupes armés. Personne ne parle le même langage, sans compter l’implication des voisins que sont la Gambie et la Guinée Bissau.
Et puis Sant’Egidio n’est pas seule à agir. D’autres intermédiaires de bonnes volontés interviennent, nombreux, qui se tirent parfois dans les pattes, selon certaines sources. Parmi eux, les religieux, le groupe de réflexion de l’ancien maire de Ziguinchor Robert Sagna, une ONG suisse, le Centre de dialogue humanitaire, ou encore Aminata Sow Sidibé, ministre conseiller de Macky Sall.
Désenclavement
Jean-Claude Marut, chercheur français spécialiste de la crise casamançaise, s’interroge : le processus de paix va-t-il vraiment dans le bon sens ? Pour lui, le risque existe que ce qui est négocié se résume à ce qui est proposé actuellement, à savoir des questions de développement économique, de désenclavement, mais, souligne-t-il, « à aucun moment, il n’est question de la dimension politique qui est posée par le MFDC, celle du statut ».« Cela ne veut pas dire qu’il faut leur donner l’indépendance, cela est exclu, explique le chercheur, mais, on imagine mal que ceux qui se battent depuis 30 ans vont déposer les armes sans obtenir quelque chose, donc le risque existe, à ce moment-là, que certains reprennent les armes ».
Sur le plan militaire, le MFDC continue d'exister
Le chercheur reconnaît que sur le plan politique, le mouvement indépendantiste a perdu beaucoup de son influence, incontestablement. Par ses exactions contre les populations civiles qu’il était censé défendre, par ses rivalités internes, ses règlements de compte, ou par son discours largement discrédité. Mais sur le plan militaire, souligne Jean-Claude Marut, le MFDC continue d’exister, d’où l’importance du règlement politique, à commencer par la question du statut, seule à même de mettre durablement un terme au conflit.
Aujourd’hui, plusieurs stratégies coexistent : les uns militent pour des assises inter-MFDC afin réunifier les différents maquis et ouvrir la voie à de vraies négociations. D’autres, en revanche, estiment que toute réunification est impossible, et qu’il vaut mieux aller à des négociations séparées.
Source : Rfi.fr
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