Il arrive que le jeu politique sénégalais roule à des vitesses impressionnantes. Des débats s’installent entre mouvance présidentielle et opposition, la société civile y met son grain de sel sous le regard intéressé de la presse réceptacle de toutes les agitations. Il en était ainsi la semaine passée avec les festivités marquant le cinquantenaire de notre indépendance et l’inauguration du monument de la renaissance africaine. Au décompte final, chaque camp politique dit tirer son épingle du jeu. L’opposition a montré une fois encore sa capacité de mobilisation, de l’autre côté, le Chef de l’Etat, ses souteneurs et partisans ont réussi une belle fête autour du monument. Faisons ici abstraction du débat sur les moyens déployés par le gouvernement pour la réussite de cet événement.
Mais qui mène la danse ? A y voir de prés, c’est le Président qui mène le jeu et l’opposition suit. C’est compréhensible, parce que c’est lui qui dirige, qui pose des actes et les autres apprécient. Voilà ce qui donne l’impression aux partisans du Président de la République, que tous les discours en contradiction avec ceux des tenants du pouvoir sont contre le régime. C’est un tir groupé et une amplification de tout ce qui ne va pas, une manière de faire qui empêche de voir les succès et les bons points. Quand la presse internationale s’y mêle les souteneurs du chef sont juste dépassés. La Cap 21 a accusé RFI de couvrir les événements de manière déséquilibrée. La question est discutable, comme beaucoup le pensent, RFI reste encore la voix de la France à l'extérieur surtout dans ses anciennes colonies. A un moment où l’affaire des bases françaises est au devant de l’actualité, beaucoup d’actes peuvent être interprétés maladroitement. C’est le lot de la presse, les uns et les autres apprécient son travail relativement à leur position et leur combat. Il est difficile dans ces conditions d’être toujours objectif par rapport aux médias. Et dans tout cela le Président de la République est au cœur du système. Il mène le débat dans le landerneau et dans son entourage politiques. Son ancien Premier Ministre, Macky Sall vient encore d’en donner la preuve relativement à la loi Ezzan. « L’ancien Président de l’Assemblée Nationale révèle que tout le monde n’était pas d’accord au PDS mais il faut assumer ses responsabilités et rester quand il n’y a pas de contradictions majeures sources de rupture, au cas contraire, on quitte pour aller faire autre chose ». Mais connaissez-vous des partisans du pape du Sopi qui sont partis parce qu’ils n’étaient pas d’accord avec Me Wade ? C’est à compter avec les doigts de la main. A un niveau primaire, on peut penser que cela est lié juste à une politique du ventre et des intérêts personnels en dehors de toute conviction et de perspectives d’intérêt général. Mais peut-être que non, en politique, il faut savoir défendre ses intérêts, ses positions, à l’intérieur comme en dehors de son camp.
Le maître du jeu est donc maître du « je », car, tous les libéraux sont d’accord qu’il est le seul constant au PDS. Mais jusqu’à quand et jusqu’où, les partisans du Président vont continuer de jouer son jeu ? La démarche est politiquement dangereuse et le réveil sans le chef ou avec l’ultime volonté du chef risque d’être brutal. Le PS semble donner la leçon. Sur des éventuelles contradictions internes, Ousmane Tanor Dieng répond : « «Le Ps est un parti de débat, c’est la tradition chez nous. On peut donner son point de vue et, en un moment donné, on fait la synthèse. Il faut retenir que le débat est loin de la division. Mais, le débat reste dans le cadre du parti. Et ce qui est sûr c’est que les choses vont finalement se régler ». Mais là aussi peut-être y’a un fossé entre le discours et la réalité au moment des enjeux électoraux. Dans l’opposition ou au pouvoir, le jeu, le « je », les enjeux n’ont pas les mêmes envergures, peut-être ?
NDIAGA DIOUF. Journaliste
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