"la junte est une milice, une armée de répression", selon l’écrivain guinéen, Thierno Monénembo

Présent à Ouagadougou dans le cadre de son parrainage de la Foire internationale du livre de Ouagadougou, l’écrivain guinéen nous a accordé un entretien sur de la situation politique préoccupante deson pays, la Guinée qu’il a quitté depuis la dictature de Sékou Touré en 1969.



l’écrivain guinéen, Thierno Monénembo
Les intellectuels guinéens ne pifent pas la junte militaire au pouvoir. Ils sont nombreux à la décrier et à demander son départ du pouvoir. Ils le caractérisent et dénoncent ces agissements. L’écrivain Tierno Monémembo est de cette frange de sommités intellectuelles guinéennes. «C’est très inquiétant, la présence de militaires au pouvoir en Afrique. L’expérience de la gestion du pouvoir en Guinée depuis l’arrivée de Dadis Camara est terriblement inquiétante, pas seulement pour la Guinée mais toute la région», a d’emblée soutenu Tierno Monénembo. Il a qualifié la gestion de cette junte «sans projet et très surréaliste» car, selon lui, c’est un «capitaine qui dirige des colonels, des généraux. Ce sont des gens analphabètes. C’est une milice, une armée de répression qui n’ont jamais montré leur talents militaires en témoignent les coup d’Etat sur des morts».

Réagissant sur la médiation du président Blaise Compaoré, l’écrivain n’y voit pas d’issue véritablement probante, puisque celle-ci a déjà mal commencé «à partir du moment où le médiateur a tout donné à la junte au pouvoir, il a radicalisé les Forces vives ; une raison de rejeter toutes les propositions dans leur ensemble». Il est d’avis que «maintenir Dadis Camara au pouvoir et lui permettre de se présenter en candidat à la présence de la République constitue le vrai blocus».

Tierno Monénembo a cependant une lueur d’espoir avec le changement de la donne, que Sékou Ba Konaté pourrait effectivement discipliner l’armée et organiser des élections présidentielles démocratiques, transparentes et entièrement civiles, ce qui lui vaudra les applaudissements du peuple. Sinon, il n’est pas exclu qu’un 28-Septembre ou un 3-Décembre se reproduise, «tout est possible en Guinée». La population guinéenne est terrorisée par une armée désunie, a-t-il soutenu.

«La situation est tellement dangereuse que Mohamed Ibn Chambas a prononcé un discours extrêmement ferme dans l’histoire de la diplomatie», a dit l’Homme de lettres qui n’exclut pas la situation du Libéria en Guinée car les choses s’empirent président après président. Depuis 1958, la Guinée vit une situation de crise politique de plus en plus difficile. Le pays a connu le camp Buaro de Sékou Touré, la corruption et le trafic de la drogue avec Lansana Conté et le massacre du 28 septembre avec Dadis Camara.

«Il faudrait que nos dirigeants politiques fassent un peu plus d’efforts, de clairvoyance, de détermination et de courage».

L’indignation étant le premier devoir d’un écrivain, son rôle est de tirer la sonnette d’alarme par sa plume et combattre la dictature en Afrique. «En amont de mon existence, j’ai eu besoin d’écrire de la même manière que des asphyxiés ont besoin d’air. C’est le recours à la littérature qui m’a permis de survivre psychologiquement et mais aussi physiquement».

Le retour en Afrique à des occasions du genre de la FILO, permet à l’écrivain indigné par la gestion du pouvoir politique, de se régénérer sur le plan moral et culturel. De la France où il réside, Tierno Monénembo fustige certains dirigeants africains qui mettent le continent à la dérive. Les nouvelles générations doivent changer cette situation urgente !


Boureima LANKOANDE (Correspondant)

Dimanche 20 Décembre 2009 01:48


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