« Un succès total » : c’est l’expression enthousiaste et triomphante employée par Artur Mas, le leader nationaliste au pouvoir à Barcelone qui est à l’origine de cette consultation inédite, officieuse, sans effets juridiques et organisée par des bénévoles. Artur Mas a en effet de quoi être satisfait : c’est lui qui, au sortir des législatives de décembre 2012, avait lié son sort personnel à l’organisation d’un référendum d’autodétermination. Or, le score du « oui » dépasse toutes ses espérances. A l'adresse de Madrid, il déclare : « Vous devez nous organiser désormais un vrai référendum d'auto-détermination pleinement légal. Jusqu'ici, vous avez été intolérants. »
Un tel référendum, pleinement légal et suivi d’effets, n’a en effet pas eu lieu ; il avait été interdit par la justice espagnole. Mais l’objectif originel de la consultation a été atteint : il s'agissait de montrer qu’une bonne partie du peuple catalan veut s’exprimer en bonne et due forme, comme ont pu le faire par le passé les Ecossais ou les Québécois. Le président du gouvernement autonome catalan a martelé : « Que personne ne l'oublie, en particulier le gouvernement espagnol : la Catalogne a démontré une fois de plus qu'elle veut se gouverner seule et que nous sommes suffisamment grands et adultes pour le faire. »
Pari réussi
Le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy n'a pas voulu accorder d'importance à ce vote, car il est sans effet, dit-il. Mais il sera difficile de tenir ce discours bien longtemps. Pour bon nombre d'observateurs, la réussite de la consultation pourrait l'obliger à négocier avec les séparatistes catalans. Quelque 80,7% des participants ont en effet voté pour l'indépendance, selon des résultats provisoires. On peut d’ores et déjà parler d’un pari réussi, d’autant que cette consultation s’est déroulée contre vents et marées : déclarée illégale par les juges du Tribunal constitutionnel, et sans que les nationalistes au pouvoir à Barcelone ne puissent intervenir, tout ou presque a été organisé par 40 000 volontaires dans 938 municipalités.
Seules cinq bourgades n’ont pas joué le jeu, et tout s’est déroulé dans la normalité, la sérénité, et sous une pluie fine qui n’invitait pas à sortir de chez soi. Les incidents sont très peu nombreux. À noter, surtout : l’irruption de cinq ultras aux cris de « Vive l’Espagne », dans une école transformée en collège électoral, à Gérone. Cinq jeunes, qui ont été interpellés par la police régionale. A Madrid, on se moque d'une « farce démocratique ». Même symbolique, un référendum a pourtant bel et bien eu lieu. Et quoi qu’en dise le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy, il y a du souci à se faire.
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