Depuis son bureau, un témoin camerounais dit apercevoir le drapeau noir de Boko Haram flotter sur l'antenne téléphonique de Gamboru Ngala. La ville se situe à peine à quelques minutes à pied de la frontière camerounaise. Depuis deux jours, il assiste à l'arrivée massive de familles et soldats de l'armée nigériane venus chercher refuge à Fotokol.
Déjà, il constate les premières difficultés : « La ville est dépassée. Il n’y a pas de quoi manger. Avant, un sac de riz coûtait 20 000 francs CFA, actuellement il coûte 31 000 francs. Il y a des gens qui dorment sous les arbres, d’autres sur la route. Il y a beaucoup de monde, tout est en désordre. »
« Ils tiraient sur tout le monde »
Un Nigérian qui a pris la fuite au Cameroun avec sa famille raconte l'arrivée de Boko Haram à Gamboru Ngala : « Ils étaient environ mille, ils tiraient, ils tiraient sur tout le monde : dans les maisons, sur les hommes, dans les magasins et les postes de police. Ma ville est très dangereuse, très dangereuse. Il n'y a aucun poste de l'armée nigériane et il n'y a personne pour la défendre. » À Fotokol en revanche, toutes les dispositions sont prises: huit chars et 1 200 soldats de l’armée camerounaise sont postés à la frontière, assurent les autorités locales.
Ce ne sera sûrement pas le dernier afflux de population nigériane au Cameroun, la secte islamique commettant de plus en plus d'exactions dans l'extrême-nord du Nigeria. Le groupe islamiste contrôle désormais trois districts de l'Etat de Borno, ainsi qu'au moins un district dans deux Etats voisins, Yobe et Adamawa. Dans une vidéo diffusée dimanche 24 août, le chef de Boko Haram Abubakar Shekau avait déclaré placer sous le règne du «califat islamique » la ville de Gwoza, située dans la même région.
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