Vienne a motivé cette réunion par l'incapacité de Bruxelles à réduire le flux de migrants et à les répartir entre les différents pays membres. Les dix-huit ministres et secrétaires d'Etat des pays limitrophes de ce que l'on appelle la « route des Balkans » ont donc décidé d'agir.
Ainsi des critères communs vont être établis pour enregistrer les migrants et pour définir ceux qui ont réellement besoin d'aide, ils sont nombreux, en effet, à venir en Europe pour des raisons économiques. Ceux qui auraient de faux documents seront refoulés et il y aura l'envoi de forces de police des différents pays dans les zones particulièrement sensibles.
Le but avoué est de réduire le nombre de migrants, a souligné la ministre autrichienne de l'Intérieur Johanna Mikl-Leitner. « Nous voulons que ce soit le bon sens qui l'emporte et qu'il ait un effet d'entrainement. C'est pourquoi nous avons pris des mesures en espérant obtenir un effet de dominos. » Les neuf pays veulent ainsi faire pression sur Bruxelles.
Enfin, pour éviter que les passeurs contournent la « route des Balkans » pour arriver en Europe centrale, un centre opérationnel commun sera installé dès le 1er avril à Vienne, pour permettre de lutter plus efficacement contre les passeurs, en coopération avec Interpol et Europol.
De son côté, la Hongrie a décidé d'organiser un référendum sur les quotas de migrants à accueillir imposés par l'Union européenne aux Etats membres de l'UE, a annoncé mercredi le Premier ministre Viktor Orban. Pour le chef du gouvernement hongrois, l'imposition de ces quotas ne peut que bouleverser les équilibres ethniques, culturels et religieux de l'Europe.
■ La Grèce n'est « pas un hangar »
Ce huis-clos balkanique n'est pas sans susciter l'ire de la Grèce. La décision prise par des pays des Balkans et d'Europe centrale de limiter le flot de migrants transitant par la région provoque une « mini-crise humanitaire » en Grèce, a déclaré mercredi le ministre grec de l'Immigration, Yannis Mouzalas. « Il est scandaleux (...) que cinq chefs de la police puissent invalider une décision des ministres de l'Union européenne en la matière », a-t-il dit à l'agence Reuters.
Les chefs de la police de l'Autriche, de la Slovénie, de la Croatie, de la Serbie et de la Macédoine s'étaient en effet retrouvés la semaine dernière à Skopje, la capitale macédonienne, pour examiner les moyens de renforcer les contrôles aux frontières et limiter ainsi l'afflux de migrants, ce qui provoque un engorgement en Grèce, pays où arrivent les réfugiés par la mer.
Ainsi, uniquement 3200 migrants par jour sont autorisés à franchir la frontière autrichienne, et les demandes d'asile ne sont plus acceptées au-delà 80 par jour. Athènes craint donc que, par effet de domino, lorsque les pays des Balkans auront pris des mesures similaires, la plupart des migrants se retrouveront coincés en Grèce, qui n'a pas la capacité de les prendre en charge et surtout de les héberger.
Ce scénario est en train de devenir réalité. Depuis quelques jours de nombreux migrants s'agglutinent à la frontière entre la Grèce et la Macédoine. En effet, les autorités de Skopje ont bloqué le passage des Afghans arrivés en Europe par la Grèce et qui veulent poursuivre leur route, notamment vers l'Allemagne ou la Suède, voire même vers la France, dans l'espoir, malgré tout, de passer en Grande-Bretagne. La Macédoine exige aussi des Syriens et des Irakiens qu'ils présentent de papiers d'identité en plus du laissez-passer délivré en Grèce.
C'est pourquoi le Premier ministre grec Alexis Tsipras a parlé d'« initiative unilatérale et inamicale » de la part de Vienne. Il a appelé les pays européens à appliquer les décisions communautaires pour faire face à la crise des migrants et à prendre chacun leur part de responsabilités. « Nous n'accepterons pas que le pays soit transformé en hangar » pour êtres humains, a déclaré le chef du gouvernement grec devant le Parlement. « La Grèce n'acceptera pas d'accord si la répartition des responsabilités entre les pays membres n'est pas assurée ».
■ L'UE compte sur la Turquie
L’initiative de l’Autriche a été critiquée non seulement par la Grèce, mais aussi par l’Allemagne, qui ne veut surtout pas de décisions non-coordonnées sur les migrants.
Tous les pays de l'Union veulent que le flux de migrants ralentisse fortement. Beaucoup de pays ont critiqué la Grèce, qui a pris du retard notamment dans la mise en place des hotspots, ces centres d'accueil et de tri des réfugiés. Mais ils reconnaissent toutefois, comme ils l'ont fait au sommet européen de la semaine dernière, qu'Athènes a fait des progrès et que, de toute façon, l'ampleur de la tâche est énorme.
En fait, l'Union européenne, mise beaucoup sur la coopération avec la Turquie : à elle d'empêcher les passeurs d'amener de nouveaux migrants, à elle de fixer ces derniers sur son sol. Pour cela, Bruxelles a promis trois milliards d'euros à Ankara, qui fait valoir tout de même qu'elle a déjà dépensé près de neuf milliards pour les réfugiés. En tout cas un sommet de l'Union, avec la Turquie, est prévu le 7 mars.
■ Le HCR préoccupé par les décisions des Balkans
Au-delà des chiffres et des politiques voulues par les uns et des autres, la situation humanitaire des migrants est extrêmement difficile. Beaucoup de femmes et d'enfants continuent à risquer leurs vies pour arriver en Europe. Ils souffrent de privations, parfois des exactions, on parle de viols, de différents types d'exploitation et aussi de 10 000 enfants qui auraient disparu lors de cette vague de migration...
Lors d’une conférence de presse à Athènes, le Haut Commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, s’est élevé contre les mesures de fermeture de frontières annoncées par des pays voisins de la Grèce. Il a estimé que les restrictions au déplacement des migrants introduites par certains pays des Balkans étaient contraires aux droits fondamentaux et imposaient une charge énorme à la Grèce.
« Je n’ai jamais sous-entendu que la Grèce ne subissait pas de charges. En ce moment, la Grèce porte la plus grande charge de toute l’Europe. Nous ne voulons pas la rendre encore plus lourde en fermant les frontières, ce qui aurait concentré encore plus de gens ici, avec plus de ressources investies ici dans le soutien aux réfugiés. Si cela arrive, nous essaierons de nous nous en sortir le mieux possible, mais nous devons essayer d’éviter que cela arrive. Premièrement, je trouve que les restrictions (aux frontières des autres Etats) doivent être levées. Deuxièmement, je pense qu’il faut procéder aux relocations. Les personnes qui sont déjà en Grèce doivent être relocalisées vers l’Europe, selon les quotas qui ont déjà été établis. Nous ne demandons pas de nouvelles décisions, nous demandons de mettre en œuvre les décisions qui ont déjà été prises. »
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