Tous les jours, à Lagos, des centaines de milliers de piétons traversent des voies rapides. Comme sur cette autoroute à six voies où camions et voitures roulent à grande vitesse, le long de l'océan Atlantique.
« En fait, au lieu de patienter dans les arrêts de bus prévus pour ça, les gens préfèrent aller trouver les bus là où ils sont, commente Ore Disu, chercheuse en mobilité urbaine. L'Etat de Lagos a construit des ponts pour les piétons, mais même avec ça, les gens traversent les autoroutes directement. »
Moins d'un habitant sur cinq possède un véhicule. Et pourtant des embouteillages paralysent la mégapole nigériane au moins quatre heures par jour. Olamide Oduma dirige Futur Lagos 2060, un laboratoire de prospective globale. Pour elle, avant de penser infrastructure, il faudrait raisonner en mouvements de personne : « Vous pouvez affecter différents modes de transports publics. Cela ne sert à rien, si vous ne pensez pas par exemple à la femme qui a des difficultés de mobilité. Il faut réfléchir à comment lui permettre d'accéder plus facilement à un arrêt de bus principal. »
Faciliter les déplacements
Ore Disu se projette, elle, dans une autre Lagos : « Si vous pouviez traverser la lagune à partir d'Ikorodu, laisser votre véhicule dans un parking gratuit puis emprunter les transports en commun. Cela faciliterait les déplacements pour tout le monde. »
Une projection qui pourrait être réalité seulement si les Lagosians s'impliquent, selon Olamide Oduma : « Je ne pense que l'Etat de Lagos décide subitement que ce sujet est d'importance. A moins que les habitants se prennent en main et fassent de ce sujet en motif de discussion publique. Et le transforment un enjeu majeur. »
Haro sur la voiture
A Sandton, en Afrique du Sud, les autorités ont, elles, bien conscience du problème. Chaque matin, environ 96 000 véhicules entrent dans ce quartier des affaires de Johannesburg. Bouchons, pollution, les problèmes vont en s’aggravant, car le trafic augmente de plus de 3% chaque année. Pour le maire de la ville, Parks Tau, il est impératif de trouver des solutions pour réduire le trafic mais également pour améliorer la qualité de vie.
« Le niveau de CO2 est très élevé dans les capitales, estime l'édile, et Johannesburg est la ville qui émet le plus de CO2 de tout le continent. Et nous nous sommes engagés à essayer de faire baisser le niveau d’émission de gaz à effets de serre. Nous avons déjà lancé plusieurs initiatives dans ce sens, comme l’utilisation d’énergies alternatives, ainsi que des transports en commun alternatifs. Par exemple, nous avons récemment introduit des bus qui utilisent à la fois du gaz compressé et du diesel, avec à terme le projet d’éliminer entièrement le diesel. »
La mairie a donc décidé de limiter l’accès au quartier de Sandton aux voitures pendant un mois. Elaine Jack, responsable du projet à la mairie de Johannesburg explique la mesure : « Il y aura des changements sur la route. Certaines rues devront incorporer des pistes cyclables, laisser la place aux piétons ou être réservés aux transports en commun. Pour l’instant nous laissons le choix aux conducteurs, donc si vous choisissez de venir en voiture, ce n’est pas impossible, mais ce sera plus difficile. Oui il y aura des problèmes durant le mois d’octobre, mais c’est le moment pour nous, le public, d’évaluer ce que pourrait être Sandton à l’avenir. » Johannesburg se met donc au vert, une première en Afrique du Sud.
Source : Rfi.fr
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