Selon AIDC, les trois principaux producteurs de platine ont systématiquement vendu leurs métaux en dessous du prix du marché. Selon leur étude, Amplats, Implats et Lonmin se sont livrés à cette pratique sur les dix dernières années. Ce qui représenterait une perte de plusieurs millions d’euros de revenus.
Pour Bryan Ashley, directeur d’AIDC, cette pratique pose de sérieuses questions quant à l’honnêteté des producteurs dans leurs négociations avec le syndicat Amcu. Les producteurs de platine et le syndicat Amcu négocient sans succès depuis des mois.
Amcu réclame un salaire de base de 12 500 rands, soit environ 840 euros. Une demande jugée irréaliste par les compagnies minières.
« La perte de revenus engendrés par cette pratique de vente en dessous du prix du marché est d’une telle ampleur, sur les dernières années, qu’il ne devrait pas y avoir de problème pour satisfaire les demandes des syndicats», juge le directeur de l'AIDC. « Si les groupes miniers avaient vendu au prix du marché, nous estimons qu’ils auraient environ 50 milliards d’euros disponibles pour payer les travailleurs des salaires corrects», affirme-t-il, accusant les groupes miniers de manque de transparence et s'interrogeant sur le fait que « ces groupes ont des filiales dans les Iles Caïmans, les Iles Vierges, ou au Luxembourg, où il n’y a pas de mines ».
Fuite de capitaux : « 20% du PIB »
Dans son étude, AIDC soulève également le problème de capitaux qui sortent du pays. Pour Samantha Ashman, économiste à l’université de Johannesburg c'est un réel problème pour l’économie sud-africaine. «Pourquoi est-ce que la fuite des capitaux est importante ? A cause de son ampleur. Il ne s’agit pas d’une pratique nouvelle en Afrique du Sud. Mais d’après nos calculs, certaines années, cette fuite des capitaux a représenté environ 20 % du Produit intérieur brut », affirme-t-elle. « Quand on parle d’une économie, d’une société avec d’énormes problèmes de pauvreté, de chômage et d’inégalité, le fait que 20% des capitaux, qui pourraient être utiles ici, quittent le pays, c’est un problème ! »
Démenti
Les compagnies minières ont rejeté toutes ces allégations, ajoutant que leurs pratiques n’avaient rien d’illégal. Mais pour Mamokgethi Molopyane, une analyste du secteur minier, ces questions sont à prendre au sérieux. « Dire qu’il s’agit de fausses allégations serait prématurés. Nous savons qu’il y a eu ces dernières années, dans différentes industries, des cas d’entente sur les prix entre compagnies », souligne cet analyste. L'AIDC souhaite que le gouvernement aborde toutes ces questions pour mettre un terme à cette grève, mais, surtout, pour s’assurer de la plus viabilité future de l’industrie du platine.
Source : Rfi.fr
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