Le président de la République a raté une très belle occasion de doper l’industrie locale. En effet, s’il avait injecté une bonne part des 66 milliards de frs dégagés pour acheter des denrées alimentaires au profit des ménages les plus vulnérables de notre pays, auprès de ces industriels locaux qui suffoquent faute de débouchés, il les aurait sauvés d’une faillite certaine ! Si pour le cas du riz où les besoins de 100.000 tonnes ne pouvaient pas être satisfaits par la production locale (pour cause d’échec total du programme d’autosuffisance alimentaire), le débat ne se pose pas trop, il n’en est pas de même pour les autres produits comme le sucre, l’huile et les pâtes alimentaires.
S’agissant du sucre, par exemple, la situation est ahurissante. L’Etat, sur une commande de 10.000 tonnes, a fourgué la moitié au président de l’Unacois Jappo, Idy Thiam, soit 5000 tonnes. Le bienheureux Idy Thiam qui a aussi bénéficié de la même quantité d’huile, le tout pour un montant total qui avoisine les 9 milliards de F CFA. Et pourtant, cet affairiste n’a jamais été connu sur le marché du sucre, ni sur celui de l’huile. D’ailleurs, nos confrères de Les ECHOS de ce mercredi 29 avril, informent que Idy Thiam, le président de l’Unacois Jappo, peine à satisfaire son quota de 5000 tonnes de sucre et 5000 tonnes d’huile. Malgré le démarrage effectif de la distribution de l’aide alimentaire, il n’aurait encore livré aucun gramme de sucre, ni un litre d’huile alors qu’il avait 48h pour s’exécuter.
Dans beaucoup de milieux, on estime que Idy Thiam n’a pas les moyens de satisfaire cette commande publique. Pourtant il avait bel et bien signé une attestation d’engagement sur l’honneur auprès des services de Mansour Faye. Une situation ubuesque car au même moment, une entreprise comme la puissante Compagnie sucrière sénégalaise (Css) qui a fini de faire ses preuves dans la fabrication du sucre n’a bénéficié que d’un quota de … 500 tonnes de sucre alors qu’elle pouvait prendre en charge la totalité du quota. En plus, elle a près de 8000 emplois à consolider ! Pour ce qui est de l’huile, la Sonacos, qui est une industrie, n’a bénéficié que d’un marché de près de 254 millions de frs. Les autres acteurs majeurs de l’huilerie comme Novasen, Copéol, West African Oil (WAO), une compagnie américaine, Complexe agro-industriel de Touba (CAIT), ont été totalement écartés. Ce alors que ce sont quand même des industries contrairement à Idy Thiam qui n’est qu’un commerçant !
Portion congrue pour la CSS et la Sonacos
S’agissant de l’huile, justement, à part la Sonacos, toutes les autres entités attributaires de marchés exercent dans le négoce et ne font pas dans la production locale. Le marché de l’huile a été attribué à 11 entreprises pour un montant global de 10 457 910 000 FCFA. Il s’agit de la Sonacos pour 254,250 millions, de la société S.A.I.T qui se tape 1,050 milliard, de Wagué Agrobusiness pour 1,050 milliard, de Cosedi pour 630 millions, de And Group pour 577,5 millions FCFA. La société Sardi a pris le gros morceau avec 5,25 milliards FCFA. Global Traders gagne 147 millions, Siegem SA rafle 174,240 millions, ABC Suarl obtient un marché de 525 millions de francs. AZ Challenge et Comses obtiennent respectivement 169,92 millions.
Concernant le marché du sucre, il a été attribué à 6 sociétés pour un montant total de 6 886 022 500 francs CFA. Ici, c’est la société SARDI qui se taille la part du lion avec 3 450 000 000 francs CFA là où la société SACI Distributeur Sarl a bénéficié de 1 380 000 000 de francs CFA. La CSS se contente de 331 022 500 de francs CFA. Dakar Distribution denrées et Adn Group ont empoché respectivement 414 000 000 et 690 000 000 de francs CFA. Abc Suarl a décroché 621 000 000 de francs CFA. Parmi tous ces attributaires de marchés pour le sucre, seule la Compagnie sucrière sénégalaise est une productrice locale.
Pâtes alimentaires : NMA, Grands Moulins zappés…
Les grandes minoteries comme NMA, Grands Moulins de Dakar… ont été zappées dans le marché des 10.000 tonnes de pâtes alimentaires au détriment des importateurs libanais. Inutile de dire qu’au sein du patronat sénégalais, on est remonté par rapport à la démarche du président de la République s’agissant de ces marchés de denrées alimentaires. « On ne comprend rien à une telle logique d’autant que le géant du sucre sénégalais pouvait à lui-seul prendre en charge totalement cette commande de 10.000 tonnes sans aucun impact sur la fourniture pour le marché d’une telle denrée essentielle. La CSS, c’est une production annuelle de 150.000 tonnes. Sur 10000 tonnes de sucre, les 5000 tonnes sont revenues à Idy Thiam alors que la CSS n’a reçu qu’une part de 500 tonnes, c’est injuste !» proteste un directeur d’une grande société de la place.
Selon lui, « cela montre que sur le marché du sucre, l’Etat a préféré la production extérieure à l’industrie locale incarnée par la Compagnie sucrière sénégalaise qui a largement les moyens de satisfaire ce marché. Face à la problématique du Covid19, la vraie question à se poser est celle de savoir ce qu’on serait devenu si on ne faisait pas certaines productions dans notre pays ? Sous peu de temps, avec toutes les perspectives sombres qui se dessinent, on pourrait arriver à ce qu’il soit impossible de faire aucune importation. Dans ce cas, la situation serait ingérable. Le président de la République a dit dans son discours, sa volonté de fouetter la production locale. Il a souvent évoqué le programme Riz, mais ce qui est bizarre, c’est que plus on monte en production, plus les importations augmentent ! On a indexé le prix de vente du riz local sur celui du riz importé, alors que ce dernier est de piètre qualité. Par conséquent, la production locale de riz ne peut jamais se développer ».
Un autre patron d’une industrie de la place est en phase avec notre premier interlocuteur. « L’on vante l’utilité de la production locale, mais est-ce qu’on a appliqué cela à ce marché de l’aide alimentaire ? Est-ce qu’on a donné à la Sonacos, à Copéol… à toutes ces huileries qui existent, qui sont structurées des parts consistantes sur ce marché ? Rien du tout. Des broutilles. On a préféré aller chercher des affairistes. La même approche a été faite sur le riz et sur le sucre. Cette façon de faire n’encourage pas la production locale. Elle n’est pas un bon signal ».
Ce dernier interlocuteur ironise en pointant qu’ « Idy Thiam de l’Unacois n’a pas jamais acheté un kg de sucre local, on lui donne 5000 tonnes, super bénéfices, il n’a donné que 10 millions pour la solidarité nationale alors que la CSS a donné 2 milliards de frs pour se retrouver avec 500 tonnes ». « En outre, le paradoxe, c’est que c’est uniquement des businessmen qui ont raflé le marché des 66 milliards alors que les entreprises faisant dans la production locale et qui paient des impôts sont laissées en rade. Et demain si ces entreprises s’adonnaient à des licenciements massifs, on dirait que ce n’est pas normal. On pouvait nous aider à maintenir nos emplois avec de tels marchés. Les businessmen ne prennent aucun risque, ils n’ont pas plus de 5 employés et ne s’acquittent pas correctement de la fiscalité. C’est une aberration, une grosse farce !» tonne en conclusion cet industriel.
Le Témoin
S’agissant du sucre, par exemple, la situation est ahurissante. L’Etat, sur une commande de 10.000 tonnes, a fourgué la moitié au président de l’Unacois Jappo, Idy Thiam, soit 5000 tonnes. Le bienheureux Idy Thiam qui a aussi bénéficié de la même quantité d’huile, le tout pour un montant total qui avoisine les 9 milliards de F CFA. Et pourtant, cet affairiste n’a jamais été connu sur le marché du sucre, ni sur celui de l’huile. D’ailleurs, nos confrères de Les ECHOS de ce mercredi 29 avril, informent que Idy Thiam, le président de l’Unacois Jappo, peine à satisfaire son quota de 5000 tonnes de sucre et 5000 tonnes d’huile. Malgré le démarrage effectif de la distribution de l’aide alimentaire, il n’aurait encore livré aucun gramme de sucre, ni un litre d’huile alors qu’il avait 48h pour s’exécuter.
Dans beaucoup de milieux, on estime que Idy Thiam n’a pas les moyens de satisfaire cette commande publique. Pourtant il avait bel et bien signé une attestation d’engagement sur l’honneur auprès des services de Mansour Faye. Une situation ubuesque car au même moment, une entreprise comme la puissante Compagnie sucrière sénégalaise (Css) qui a fini de faire ses preuves dans la fabrication du sucre n’a bénéficié que d’un quota de … 500 tonnes de sucre alors qu’elle pouvait prendre en charge la totalité du quota. En plus, elle a près de 8000 emplois à consolider ! Pour ce qui est de l’huile, la Sonacos, qui est une industrie, n’a bénéficié que d’un marché de près de 254 millions de frs. Les autres acteurs majeurs de l’huilerie comme Novasen, Copéol, West African Oil (WAO), une compagnie américaine, Complexe agro-industriel de Touba (CAIT), ont été totalement écartés. Ce alors que ce sont quand même des industries contrairement à Idy Thiam qui n’est qu’un commerçant !
Portion congrue pour la CSS et la Sonacos
S’agissant de l’huile, justement, à part la Sonacos, toutes les autres entités attributaires de marchés exercent dans le négoce et ne font pas dans la production locale. Le marché de l’huile a été attribué à 11 entreprises pour un montant global de 10 457 910 000 FCFA. Il s’agit de la Sonacos pour 254,250 millions, de la société S.A.I.T qui se tape 1,050 milliard, de Wagué Agrobusiness pour 1,050 milliard, de Cosedi pour 630 millions, de And Group pour 577,5 millions FCFA. La société Sardi a pris le gros morceau avec 5,25 milliards FCFA. Global Traders gagne 147 millions, Siegem SA rafle 174,240 millions, ABC Suarl obtient un marché de 525 millions de francs. AZ Challenge et Comses obtiennent respectivement 169,92 millions.
Concernant le marché du sucre, il a été attribué à 6 sociétés pour un montant total de 6 886 022 500 francs CFA. Ici, c’est la société SARDI qui se taille la part du lion avec 3 450 000 000 francs CFA là où la société SACI Distributeur Sarl a bénéficié de 1 380 000 000 de francs CFA. La CSS se contente de 331 022 500 de francs CFA. Dakar Distribution denrées et Adn Group ont empoché respectivement 414 000 000 et 690 000 000 de francs CFA. Abc Suarl a décroché 621 000 000 de francs CFA. Parmi tous ces attributaires de marchés pour le sucre, seule la Compagnie sucrière sénégalaise est une productrice locale.
Pâtes alimentaires : NMA, Grands Moulins zappés…
Les grandes minoteries comme NMA, Grands Moulins de Dakar… ont été zappées dans le marché des 10.000 tonnes de pâtes alimentaires au détriment des importateurs libanais. Inutile de dire qu’au sein du patronat sénégalais, on est remonté par rapport à la démarche du président de la République s’agissant de ces marchés de denrées alimentaires. « On ne comprend rien à une telle logique d’autant que le géant du sucre sénégalais pouvait à lui-seul prendre en charge totalement cette commande de 10.000 tonnes sans aucun impact sur la fourniture pour le marché d’une telle denrée essentielle. La CSS, c’est une production annuelle de 150.000 tonnes. Sur 10000 tonnes de sucre, les 5000 tonnes sont revenues à Idy Thiam alors que la CSS n’a reçu qu’une part de 500 tonnes, c’est injuste !» proteste un directeur d’une grande société de la place.
Selon lui, « cela montre que sur le marché du sucre, l’Etat a préféré la production extérieure à l’industrie locale incarnée par la Compagnie sucrière sénégalaise qui a largement les moyens de satisfaire ce marché. Face à la problématique du Covid19, la vraie question à se poser est celle de savoir ce qu’on serait devenu si on ne faisait pas certaines productions dans notre pays ? Sous peu de temps, avec toutes les perspectives sombres qui se dessinent, on pourrait arriver à ce qu’il soit impossible de faire aucune importation. Dans ce cas, la situation serait ingérable. Le président de la République a dit dans son discours, sa volonté de fouetter la production locale. Il a souvent évoqué le programme Riz, mais ce qui est bizarre, c’est que plus on monte en production, plus les importations augmentent ! On a indexé le prix de vente du riz local sur celui du riz importé, alors que ce dernier est de piètre qualité. Par conséquent, la production locale de riz ne peut jamais se développer ».
Un autre patron d’une industrie de la place est en phase avec notre premier interlocuteur. « L’on vante l’utilité de la production locale, mais est-ce qu’on a appliqué cela à ce marché de l’aide alimentaire ? Est-ce qu’on a donné à la Sonacos, à Copéol… à toutes ces huileries qui existent, qui sont structurées des parts consistantes sur ce marché ? Rien du tout. Des broutilles. On a préféré aller chercher des affairistes. La même approche a été faite sur le riz et sur le sucre. Cette façon de faire n’encourage pas la production locale. Elle n’est pas un bon signal ».
Ce dernier interlocuteur ironise en pointant qu’ « Idy Thiam de l’Unacois n’a pas jamais acheté un kg de sucre local, on lui donne 5000 tonnes, super bénéfices, il n’a donné que 10 millions pour la solidarité nationale alors que la CSS a donné 2 milliards de frs pour se retrouver avec 500 tonnes ». « En outre, le paradoxe, c’est que c’est uniquement des businessmen qui ont raflé le marché des 66 milliards alors que les entreprises faisant dans la production locale et qui paient des impôts sont laissées en rade. Et demain si ces entreprises s’adonnaient à des licenciements massifs, on dirait que ce n’est pas normal. On pouvait nous aider à maintenir nos emplois avec de tels marchés. Les businessmen ne prennent aucun risque, ils n’ont pas plus de 5 employés et ne s’acquittent pas correctement de la fiscalité. C’est une aberration, une grosse farce !» tonne en conclusion cet industriel.
Le Témoin
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