Au-delà du « Ndiguël » qu’il peine à décrocher depuis le premier tour, Wade a dû faire une analyse froide de ses résultats électoraux dans ledit bastion entre 2007 et 2012. Et le résultat est implacable : ses scores ont baissé à Touba et environs (département de Mbacké) comparé à la présidentielle de 2007. Lors de cette élection qui l’avait consacré vainqueur dès le premier tour, le président sortant était loin devant les candidats Idrissa Seck, Ousmane Tanor Dieng et Moustapha Niasse, dans ce bastion du mouridisme. Il avait raflé près de 190 000 voix sur un peu plus de 200 000 inscrits. Soit 90 % des voix. Autant dire un raz-de-marée pour le candidat de la coalition Sopi de l’époque et des miettes pour ses adversaires.
En 2012, la donne est tout autre. Au scrutin du 26 février dernier, en effet, le candidat des « Fal 2012 » a fait moins qu’en 2007 dans le même département. Ce, bien qu’étant sorti premier devant Macky Sall et compagnie. En effet sur les 282 321 inscrits, pour 114 183 suffrages exprimés, Wade n’a rallié à sa cause que 63 342 voix. Quelque 37 345 voix son allées à son suivant immédiat, Macky Sall. D’où cette obsession à, non seulement conserver son avantage, mais, mieux, à devancer son adversaire du second tour pour faire le plein dans cette zone qui, avec Ziguinchor, lui est restée fidèle. Ce, d’autant que la presque totalité des candidats malheureux à l’élection présidentielle du 26 février lui ont tourné le dos. Les Assises nationales, le Mouvement du 23 juin (M23) etc., ont aussi appelé à voter contre lui au second tour.
Abdoulaye Wade, qui se trouve ainsi dans cette position inconfortable du « seul contre tous », continue à nourrir l’espoir de décrocher un « ndiguël » pour pouvoir inverser la tendance au second tour. Mais la tâche ne sera pas facile pour lui. A Tawfekh où il a rendu visite, jeudi au khalife général des mourides - officiellement pour solliciter des prières - aucune consigne de vote en sa faveur n’a été prononcée. Il n’empêche, le chef de l’Etat a « dragué », à sa manière, l’électorat mouride, au sortir de ce huis clos avec Serigne Sidy Mokhtar Mbacké.
Le pape du Sopi a déclaré, à sa sortie, que « c’est par la grâce de Serigne Touba » qu’il est parvenu à diriger le Sénégal. « Je sollicite, poursuit-il, les prières du khalife pour terminer, d’ici trois ans, mes projets. Les chantiers que j’ai ouverts ont été possibles grâce à des prêts dont il faut honorer les engagements ». Cela va-t-il suffire à améliorer son score dans le bastion du mouridisme ? Rien n’est moins sûr ! Yakhya MASSALY & Ibrahima ANNE (Walfadjri quotidien)