Alors que la guerre civile soudanaise entrait dans sa troisième année le 15 avril 2025, Londres organisait une conférence internationale pour exhorter la communauté internationale à s’unir pour mettre fin à ce conflit dévastateur. De nombreux pays ont participé à la conférence, y compris les Émirats arabes unis, qui sont confrontés à de graves accusations d’avoir alimenté le conflit en fournissant un soutien militaire et logistique aux Forces de soutien rapide.
Parmi les pays participants figurait le gouvernement du Tchad, représenté par son ministre des Affaires étrangères, Abdoulaye Sabre Fadoul, qui a qualifié la situation au Soudan de tragédie inacceptable et a exhorté les parties concernées à donner la priorité à la paix lors de son intervention à la conférence. De son côté, le président Déby, depuis N'Djamena, a exprimé ses regrets face à la situation au Soudan au cours des deux dernières années, appelant la communauté internationale à poursuivre ses efforts pour parvenir à une paix durable au Soudan. Il a indiqué également que son pays est prêt à travailler avec toutes les parties concernées pour atteindre ce noble objectif.
Cependant, ce qui était inhabituel dans cette conférence n’est qu’aucune des deux parties au conflit soudanais n'y avait été invitée, ce qui a incité le gouvernement d'Al-Burhan à critiquer le Royaume-Uni pour avoir organisé les discussions sans inviter ses représentants officiels. Au lieu de cela, la conférence a inclus des pays comme les Émirats arabes unis et le Kenya, que Khartoum a accusé de soutenir les Forces de soutien rapide.
D'après les déclarations du gouvernement soudanais, qui n'a pas mentionné le Tchad parmi les pays complices de l'alimentation du conflit, il semble qu'il tente à apaiser les tensions avec son voisin, le Tchad et à améliorer les relations entre les deux pays.
Certains experts comme Omarou Fofana (Expert en relations internationales), estiment que cela est dû peut-être aux récentes mesures prises par le président tchadien Déby pour normaliser les relations avec le gouvernement soudanais, ainsi qu’au rôle important joué par la Turquie dans la médiation entre les deux voisins pour rétablir les ponts d’amitié.
Il convient de noter qu'au début du mois de mars dernier, les représentants des deux gouvernements ont discuté de la question de la normalisation des relations entre les deux pays, ce qui a abouti à la fixation par le gouvernement d'Al-Burhan de deux conditions fondamentales pour l'ouverture d'une nouvelle page dans les relations avec le Tchad : la fermeture de la frontière terrestre entre les deux pays et le démantèlement de la base d'Amdjarass.
En effet, en quelques semaines, les demandes d'Al-Burhan ont été prises en considération et mises en œuvre.
Sur le terrain, la Turquie a contribué à la surveillance des frontières entre les deux pays grâce à un accord signé avec le gouvernement tchadien à la mi-janvier dernier. En vertu de l'accord, la Turquie a obtenu le droit d'utiliser la base d'Abéché, près de la frontière entre les deux voisins, pour déployer des drones de reconnaissance et d'attaque.
Effectivement, Ankara a commencé ses opérations de reconnaissance dans les villes frontalières le 24 mars, des témoins oculaires dans la zone frontalière Al-Tineh signalant des drones survolant au-dessus de la ville.
Par cette démarche, la Turquie cherche à poursuivre son soutien à son allié au Soudan, Al-Burhan, tout en sapant les ambitions régionales des Émirats arabes unis et en consolidant sa position d'acteur clé dans l'avenir du Soudan.
Depuis fin 2023, la Turquie fournait un soutien militaire et technique à l’armée soudanaise, ce qui a été prouvé par de documents secrets obtenus par le ''Washington Post'', confirmant que la société turque 'Baykar'' avait livré une cargaison secrète d'armes avancées à l'armée soudanaise en septembre dernier, dont huit drones ''TB2'' et des centaines d'ogives.
Concernant le démantèlement de la base d'Amdjarass, 12 avions Iliouchine Il-76, utilisés auparavant pour transporter des armes et des munitions pour les Forces de soutien rapide, ont été récemment transférés de cette base vers la capitale, N'Djamena, selon un rapport publié par le journal français ‘’Le Monde’’ le 14 mars.
Cependant, malgré cela, Abou Dhabi a continué à soutenir militairement les Forces de soutien rapide depuis l'aéroport de N'Djamena en secret, en utilisant l'aide humanitaire comme couverture, ce qui a poussé le gouvernement d'Al-Burhan à intenter une action en justice contre Abou Dhabi devant la Cour internationale de justice début avril 2025.
Outre les efforts du Tchad pour améliorer ses relations avec le Soudan, la Turquie a personnellement invité Al-Burhan à assister à la quatrième édition du Forum diplomatique d'Antalya (ADF2025), qui s'est tenue du 11 au 13 avril, où une rencontre a été organisée réunissant Al-Burhan avec le président turc Recep Tayyip Erdoğan, qui a à son tour souligné la nécessité de normaliser les relations avec le Tchad pour accélérer le processus d'élimination des Forces de soutien rapide.
Récemment, l'armée soudanaise a remporté d'importantes victoires sur les Forces de soutien rapide, grâce aux drones turcs Bayraktar ''TB2'' d'une part, et à l'interruption du soutien émirati aux forces d'Hemedti, suite aux mesures prises par le gouvernement tchadien d'autre part.
Par Abdourahmane Diarra, expert en relations internationales
Parmi les pays participants figurait le gouvernement du Tchad, représenté par son ministre des Affaires étrangères, Abdoulaye Sabre Fadoul, qui a qualifié la situation au Soudan de tragédie inacceptable et a exhorté les parties concernées à donner la priorité à la paix lors de son intervention à la conférence. De son côté, le président Déby, depuis N'Djamena, a exprimé ses regrets face à la situation au Soudan au cours des deux dernières années, appelant la communauté internationale à poursuivre ses efforts pour parvenir à une paix durable au Soudan. Il a indiqué également que son pays est prêt à travailler avec toutes les parties concernées pour atteindre ce noble objectif.
Cependant, ce qui était inhabituel dans cette conférence n’est qu’aucune des deux parties au conflit soudanais n'y avait été invitée, ce qui a incité le gouvernement d'Al-Burhan à critiquer le Royaume-Uni pour avoir organisé les discussions sans inviter ses représentants officiels. Au lieu de cela, la conférence a inclus des pays comme les Émirats arabes unis et le Kenya, que Khartoum a accusé de soutenir les Forces de soutien rapide.
D'après les déclarations du gouvernement soudanais, qui n'a pas mentionné le Tchad parmi les pays complices de l'alimentation du conflit, il semble qu'il tente à apaiser les tensions avec son voisin, le Tchad et à améliorer les relations entre les deux pays.
Certains experts comme Omarou Fofana (Expert en relations internationales), estiment que cela est dû peut-être aux récentes mesures prises par le président tchadien Déby pour normaliser les relations avec le gouvernement soudanais, ainsi qu’au rôle important joué par la Turquie dans la médiation entre les deux voisins pour rétablir les ponts d’amitié.
Il convient de noter qu'au début du mois de mars dernier, les représentants des deux gouvernements ont discuté de la question de la normalisation des relations entre les deux pays, ce qui a abouti à la fixation par le gouvernement d'Al-Burhan de deux conditions fondamentales pour l'ouverture d'une nouvelle page dans les relations avec le Tchad : la fermeture de la frontière terrestre entre les deux pays et le démantèlement de la base d'Amdjarass.
En effet, en quelques semaines, les demandes d'Al-Burhan ont été prises en considération et mises en œuvre.
Sur le terrain, la Turquie a contribué à la surveillance des frontières entre les deux pays grâce à un accord signé avec le gouvernement tchadien à la mi-janvier dernier. En vertu de l'accord, la Turquie a obtenu le droit d'utiliser la base d'Abéché, près de la frontière entre les deux voisins, pour déployer des drones de reconnaissance et d'attaque.
Effectivement, Ankara a commencé ses opérations de reconnaissance dans les villes frontalières le 24 mars, des témoins oculaires dans la zone frontalière Al-Tineh signalant des drones survolant au-dessus de la ville.
Par cette démarche, la Turquie cherche à poursuivre son soutien à son allié au Soudan, Al-Burhan, tout en sapant les ambitions régionales des Émirats arabes unis et en consolidant sa position d'acteur clé dans l'avenir du Soudan.
Depuis fin 2023, la Turquie fournait un soutien militaire et technique à l’armée soudanaise, ce qui a été prouvé par de documents secrets obtenus par le ''Washington Post'', confirmant que la société turque 'Baykar'' avait livré une cargaison secrète d'armes avancées à l'armée soudanaise en septembre dernier, dont huit drones ''TB2'' et des centaines d'ogives.
Concernant le démantèlement de la base d'Amdjarass, 12 avions Iliouchine Il-76, utilisés auparavant pour transporter des armes et des munitions pour les Forces de soutien rapide, ont été récemment transférés de cette base vers la capitale, N'Djamena, selon un rapport publié par le journal français ‘’Le Monde’’ le 14 mars.
Cependant, malgré cela, Abou Dhabi a continué à soutenir militairement les Forces de soutien rapide depuis l'aéroport de N'Djamena en secret, en utilisant l'aide humanitaire comme couverture, ce qui a poussé le gouvernement d'Al-Burhan à intenter une action en justice contre Abou Dhabi devant la Cour internationale de justice début avril 2025.
Outre les efforts du Tchad pour améliorer ses relations avec le Soudan, la Turquie a personnellement invité Al-Burhan à assister à la quatrième édition du Forum diplomatique d'Antalya (ADF2025), qui s'est tenue du 11 au 13 avril, où une rencontre a été organisée réunissant Al-Burhan avec le président turc Recep Tayyip Erdoğan, qui a à son tour souligné la nécessité de normaliser les relations avec le Tchad pour accélérer le processus d'élimination des Forces de soutien rapide.
Récemment, l'armée soudanaise a remporté d'importantes victoires sur les Forces de soutien rapide, grâce aux drones turcs Bayraktar ''TB2'' d'une part, et à l'interruption du soutien émirati aux forces d'Hemedti, suite aux mesures prises par le gouvernement tchadien d'autre part.
Par Abdourahmane Diarra, expert en relations internationales
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