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Saint-Étienne-du-Rouvray : les enquêteurs sur la piste du second djihadiste

Il s'agirait d'Abdel Malik P., un jeune de 19 ans né dans les Vosges. Sa carte d'identité a été retrouvée lors d'une perquisition chez Adel K.



L'organisation djihadiste État islamique a diffusé la vidéo montrant la déclaration d'allégeance des deux assassins d'un prêtre dans son église de Saint-Étienne-du-Rouvray, alors que responsables religieux et politiques affichent leur unité face au risque de divisions en France. "Nous ne pouvons pas nous laisser entraîner dans le jeu politique de Daech (acronyme arabe de l'EI, NDLR) qui veut dresser les uns contre les autres les enfants d'une même famille", a déclaré mercredi le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris, après avoir été reçu à l'Élysée en compagnie des représentants des cultes.

À ses côtés, le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, a exprimé la "sidération" des musulmans et assuré : "Nous sommes tous solidaires." Une messe d'hommage a rassemblé mercredi en fin de journée environ 1 500 personnes sous haute sécurité à la cathédrale Notre-Dame de Paris, cœur du catholicisme français, en présence de François Hollande, de responsables politiques (Valls, Sarkozy), religieux et de nombreux anonymes.
Le second assaillant identifié ?
 
L'égorgement du père Jacques Hamel, 86 ans, dans une église de Saint-Étienne-du-Rouvray, près de Rouen, a traumatisé les Français et en particulier les catholiques. Un paroissien de 86 ans a également été grièvement blessé. Le pape François a estimé mercredi, en arrivant en Pologne, que le monde était "en guerre", mais, a-t-il souligné, pas en guerre de religions. À Saint-Étienne-du-Rouvray, après la levée du périmètre de sécurité, mercredi en début de soirée, fidèles et habitants portant des fleurs et des bougies se sont rendus sur le parvis de l'église pour rendre hommage au prêtre Hamel. Une marche blanche prévue jeudi a été remplacée, pour des raisons de sécurité, par un rassemblement au stade municipal.

Au niveau de l'enquête, après avoir identifié un premier assaillant, Adel K., un Français de 19 ans, les enquêteurs cherchaient toujours mercredi à identifier formellement le second. Ils privilégient une piste : celle d'Abdel Malik P., un autre jeune de 19 ans né dans les Vosges et vivant en Savoie, dont ils ont trouvé la carte d'identité lors d'une perquisition chez Adel K.
Nouvelle polémique
 
Selon une source proche de l'enquête, l'Unité de coordination de la lutte antiterroriste (Uclat) avait diffusé le 22 juillet une note dans laquelle elle disait avoir reçu une information sur un individu "qui serait prêt à participer à un attentat sur le territoire national", accompagnée de la photo d'un homme ressemblant "fortement" à Abdel Malik P. L'agence Amaq, l'organe de propagande de l'EI, a diffusé une vidéo des deux futurs preneurs d'otage prêtant allégeance au chef du groupe djihadiste Abou Bakr al-Baghdadi.

Le profil d'Adel K. a déclenché une nouvelle polémique sur la politique antiterroriste du gouvernement, dans un climat politique électrique depuis la tuerie de Nice. Le jeune homme avait tenté de rallier deux fois la Syrie en 2015. Mis en examen dès mars 2015 pour association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste, il avait été placé en détention provisoire à l'issue de sa seconde tentative, puis libéré en mars dernier et assigné à résidence sous bracelet électronique. Le parquet avait fait appel, en vain, de cette libération.

Des responsables de l'opposition ont soulevé la question de la libération conditionnelle de détenus dans les dossiers terroristes. Mais sur les 285 mis en examen dans des affaires de terrorisme, 264 sont en détention, soit 93 %, contre 20 % dans les affaires de droit commun, a rappelé le ministère de la Justice. Pour l'ex-président Nicolas Sarkozy, la gauche est "tétanisée" et "se refuse à vraiment faire bouger les lignes de droit pour l'adapter à l'ampleur de la menace". "Tout ce qui devait être fait dans le cadre de l'État de droit l'a été en grande partie", a répliqué Bernard Cazeneuve. Sans exclure "des évolutions", le ministre a martelé : "Nous ne pouvons pas sortir de l'État de droit pour protéger l'État de droit."

Source: AFP


Jeudi 28 Juillet 2016 - 07:23