S’il est un dossier d’Etat qui bruit sourdement dans les méandres de l’administration sénégalaise, c’est bien celui concernant la ligne de crédit d’un montant de 11 millions de dollars soit 5,2 milliards de FCfa que le gouvernement indien à travers son bras financier Exim Bank India, avait, en 2007, accordé au gouvernement du Sénégal. Un prêt concessionnel qui était destiné alors à l’acquisition par le Sénégal de 70 presses à huile à usage multiple, 70 mini boulangeries, 70 unités de transformation de céréales et de fruits ainsi que 320 véhicules pick up et 80 « station wagon » pour « soutenir l’administration décentralisée ».
A cinq mois du terme de la période de grâce (cinq ans) du prêt consenti par l’Inde à un taux de 1,75% et une maturité de 20 ans et, ne sachant rien de son exécution, le gouvernement indien a jugé bon de se rappeler au bon souvenir du gouvernement sénégalais auquel il réclame un rapport d’achèvement, ainsi qu’un rapport global du projet relatif à l’exécution de ladite ligne de crédit. Par l’intermédiaire de son ambassade au Sénégal, le gouvernement indien, au mois de juin dernier, l’a signifié à son homologue sénégalais, par une lettre adressée au ministère des Affaires étrangères et des sénégalais de l’extérieur.
Opportunités vendangées
Il faut dire qu’à l’instar d’autres secteurs (chimie, transports, énergie, etc…) de l’économie sénégalaise, le dynamisme économique indien s’est fortement manifesté dans l’agriculture notamment dans le cadre du concept du Team 9 ((Techno-Economic Approach for Africa-India Movement), une initiative indienne (en 2004) qui regroupe huit pays francophones dont le Sénégal. Le concept s’articule autour de trois objectifs à savoir : la contribution au développement économique commun des pays membres ; l'accélération de la croissance économique, du progrès social ainsi que du développement culturel de la région et la possibilité d'offrir à tous les individus, de vivre dans la dignité et de faire pleinement usage de leur potentiel par une utilisation efficace de leurs ressources ; enfin, la promotion et le développement du progrès scientifique et technologique au sein des pays membres.
C’est donc dans ce cadre que l’Inde a mis en place au bénéfice du Sénégal, des lignes de crédit destinés à financer des projets structurants dans divers domaines notamment dans l’agriculture. Déjà en 2006 dans le cadre du plan Reva, du matériel agricole avait été « offert » à l'Etat du Sénégal par le Gouvernement indien sur la base d'une convention d'un montant de 11,8 milliards de FCfa. 300 conteneurs de matériel d'irrigation avaient ainsi été débarqués au port de Dakar, par les bons soins d’un certain … Cheikh Amar, le patron de TSE (Tracto services equipment) dans des conditions qui défient encore toutes les règles de transparence dans les marchés publics.
Un an plus tard, c’est le même entrepreneur sénégalais que l’on retrouve dans le contrat de 5,2 milliards de FCfa relatif à la ligne de crédit de 11 millions de dollars accordée par l’Inde au gouvernement sénégalais et destinée à l’acquisition par le Sénégal de 70 presses à huile à usage multiple, 70 mini boulangeries, 70 unités de transformation de céréales et de fruits ainsi que 320 véhicules pick up et 80 « station wagon » pour « soutenir l’administration décentralisée ». A l’époque, le gouvernement sénégalais avait estimé que ce projet était de nature à « transformer littéralement le secteur de l’Agro-industrie » avec l’irruption dans le monde rural des presses à huile et autres plateformes multifonctionnelles.
Une partie de ce matériel, notamment des presses, à huile d’une capacité de trituration de 300 Kg / heure, avait bien été installée dans certaines localités du pays au cours de l’année 2010. Mais pour le reste, personne ne sait… Quant aux 320 véhicules pick up et autres 80 « station wagon » visant à « soutenir l’administration décentralisée », ils ont roulé plutôt pour les chefs de village à qui, le président Wade en avait distribué, 17 février 2012, un lot de trente véhicules de type 4x4 double cabine. Ce qui n’est pas sans rappeler l’affaire des 4x4 Pick up Tata et L200 appartenant au Parti démocratique sénégalais et qui avaient été évoqués dans l’histoire de l’attaque d’une certaine mairie de Sicap Baobab.
Mieux en 2009, dans le cadre de la passation des marchés, le rapport final de l’instance de régulation ARMP avait mis le doigt sur un appel d’offres N° 002/MUHHA/DEM/09 fractionné en deux lots et relatif à la fourniture de camions-grue et… de véhicules pick up. Ledit rapport concluait « Un DAO confus et très épais » et se demandait si « ce condensé ne cacherait pas autre chose : IC 33.3 :c) ii). Non seulement le rapport notait que le DAO était établi pour la fourniture de camions-grues et véhicules pick-up (celui-ci faisant l’objet d’un autre marché), mais les rapporteurs constataient surtout que dans le contrat de base, « il n’était pas stipulé la fourniture des véhicules pick-up et donc celle-ci n’était pas comprise dans le prix inscrit sur le contrat (fait l’objet d’un marché à part N°F1143 –document commun ; et d’autre part on nous parle de l’éclatement en deux marchés de cette AO chacun faisant l’objet de deux lots? ».
En somme, voila une opportunité pour équiper le monde rural, créer des zones de développement économique (boulangeries, mobilité des paysans par l'octroi de moyens de transports, équipements de transformation des produits agricoles etc...), mais qu’une certaine forme de gestion prédatrice a fini de vendanger au profit d’affairistes sans aucune fibre patriotique. En fait, c’est une grande arnaque opérée sur le secteur agricole par l'utilisation de ressources publiques longues qui sont allées non pas dans les activités des agriculteurs mais à d'autres destinations sans que jamais des professionnels aguerris n’ont été associés dans de tels montages financiers.
A quoi a servi la SERPM, un outil formidable pour la régénération des sols pauvres ? A quoi ont servi les nombreux tracteurs annoncés à cors et à cris? Ou sont-ils ? A qui ont-ils bénéficié ? En lieu et place, Abdoulaye Wade a manipulé des jeunes gens ou autres délinquants qui n'ont cure des procédures ou de l'avenir de nos enfants qui, rembourseront des dettes qui n'ont servi à rien d'autres qu'à alimenter les coffres forts achetés à tour de bras par les anciens dignitaires de son régime.
Le partage du butin étant effectué avec des lobbys féodaux, il faut faire preuve de courage pour, à l’image de la demande indienne, faire l'état des lieux et expliquer pourquoi ces emprunts importants ont-ils été contractés.
Malick Ndao (sud quotidienp)
A cinq mois du terme de la période de grâce (cinq ans) du prêt consenti par l’Inde à un taux de 1,75% et une maturité de 20 ans et, ne sachant rien de son exécution, le gouvernement indien a jugé bon de se rappeler au bon souvenir du gouvernement sénégalais auquel il réclame un rapport d’achèvement, ainsi qu’un rapport global du projet relatif à l’exécution de ladite ligne de crédit. Par l’intermédiaire de son ambassade au Sénégal, le gouvernement indien, au mois de juin dernier, l’a signifié à son homologue sénégalais, par une lettre adressée au ministère des Affaires étrangères et des sénégalais de l’extérieur.
Opportunités vendangées
Il faut dire qu’à l’instar d’autres secteurs (chimie, transports, énergie, etc…) de l’économie sénégalaise, le dynamisme économique indien s’est fortement manifesté dans l’agriculture notamment dans le cadre du concept du Team 9 ((Techno-Economic Approach for Africa-India Movement), une initiative indienne (en 2004) qui regroupe huit pays francophones dont le Sénégal. Le concept s’articule autour de trois objectifs à savoir : la contribution au développement économique commun des pays membres ; l'accélération de la croissance économique, du progrès social ainsi que du développement culturel de la région et la possibilité d'offrir à tous les individus, de vivre dans la dignité et de faire pleinement usage de leur potentiel par une utilisation efficace de leurs ressources ; enfin, la promotion et le développement du progrès scientifique et technologique au sein des pays membres.
C’est donc dans ce cadre que l’Inde a mis en place au bénéfice du Sénégal, des lignes de crédit destinés à financer des projets structurants dans divers domaines notamment dans l’agriculture. Déjà en 2006 dans le cadre du plan Reva, du matériel agricole avait été « offert » à l'Etat du Sénégal par le Gouvernement indien sur la base d'une convention d'un montant de 11,8 milliards de FCfa. 300 conteneurs de matériel d'irrigation avaient ainsi été débarqués au port de Dakar, par les bons soins d’un certain … Cheikh Amar, le patron de TSE (Tracto services equipment) dans des conditions qui défient encore toutes les règles de transparence dans les marchés publics.
Un an plus tard, c’est le même entrepreneur sénégalais que l’on retrouve dans le contrat de 5,2 milliards de FCfa relatif à la ligne de crédit de 11 millions de dollars accordée par l’Inde au gouvernement sénégalais et destinée à l’acquisition par le Sénégal de 70 presses à huile à usage multiple, 70 mini boulangeries, 70 unités de transformation de céréales et de fruits ainsi que 320 véhicules pick up et 80 « station wagon » pour « soutenir l’administration décentralisée ». A l’époque, le gouvernement sénégalais avait estimé que ce projet était de nature à « transformer littéralement le secteur de l’Agro-industrie » avec l’irruption dans le monde rural des presses à huile et autres plateformes multifonctionnelles.
Une partie de ce matériel, notamment des presses, à huile d’une capacité de trituration de 300 Kg / heure, avait bien été installée dans certaines localités du pays au cours de l’année 2010. Mais pour le reste, personne ne sait… Quant aux 320 véhicules pick up et autres 80 « station wagon » visant à « soutenir l’administration décentralisée », ils ont roulé plutôt pour les chefs de village à qui, le président Wade en avait distribué, 17 février 2012, un lot de trente véhicules de type 4x4 double cabine. Ce qui n’est pas sans rappeler l’affaire des 4x4 Pick up Tata et L200 appartenant au Parti démocratique sénégalais et qui avaient été évoqués dans l’histoire de l’attaque d’une certaine mairie de Sicap Baobab.
Mieux en 2009, dans le cadre de la passation des marchés, le rapport final de l’instance de régulation ARMP avait mis le doigt sur un appel d’offres N° 002/MUHHA/DEM/09 fractionné en deux lots et relatif à la fourniture de camions-grue et… de véhicules pick up. Ledit rapport concluait « Un DAO confus et très épais » et se demandait si « ce condensé ne cacherait pas autre chose : IC 33.3 :c) ii). Non seulement le rapport notait que le DAO était établi pour la fourniture de camions-grues et véhicules pick-up (celui-ci faisant l’objet d’un autre marché), mais les rapporteurs constataient surtout que dans le contrat de base, « il n’était pas stipulé la fourniture des véhicules pick-up et donc celle-ci n’était pas comprise dans le prix inscrit sur le contrat (fait l’objet d’un marché à part N°F1143 –document commun ; et d’autre part on nous parle de l’éclatement en deux marchés de cette AO chacun faisant l’objet de deux lots? ».
En somme, voila une opportunité pour équiper le monde rural, créer des zones de développement économique (boulangeries, mobilité des paysans par l'octroi de moyens de transports, équipements de transformation des produits agricoles etc...), mais qu’une certaine forme de gestion prédatrice a fini de vendanger au profit d’affairistes sans aucune fibre patriotique. En fait, c’est une grande arnaque opérée sur le secteur agricole par l'utilisation de ressources publiques longues qui sont allées non pas dans les activités des agriculteurs mais à d'autres destinations sans que jamais des professionnels aguerris n’ont été associés dans de tels montages financiers.
A quoi a servi la SERPM, un outil formidable pour la régénération des sols pauvres ? A quoi ont servi les nombreux tracteurs annoncés à cors et à cris? Ou sont-ils ? A qui ont-ils bénéficié ? En lieu et place, Abdoulaye Wade a manipulé des jeunes gens ou autres délinquants qui n'ont cure des procédures ou de l'avenir de nos enfants qui, rembourseront des dettes qui n'ont servi à rien d'autres qu'à alimenter les coffres forts achetés à tour de bras par les anciens dignitaires de son régime.
Le partage du butin étant effectué avec des lobbys féodaux, il faut faire preuve de courage pour, à l’image de la demande indienne, faire l'état des lieux et expliquer pourquoi ces emprunts importants ont-ils été contractés.
Malick Ndao (sud quotidienp)
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