Ainsi, s’exclamait le très respectable et respecté procureur général près la Cour d’appel de Bamako, Daniel A. Tessougué, sur le plateau de l’émission « Sur la ligne de front » de notre confrère l’ORTM animée par Abbas F. Traoré. C’était le lundi 18 courant après la grande édition du JT de 20 h.
Le récit est poignant et les faits révélés sont très graves en raison du contexte exceptionnel dans lequel ils surviennent. L’air sidéré, M. Téssougué semblait encore sous le coup du choc du constat qui se dégageait de sa mission effectuée sur le terrain à Gao, Mopti et Sévaré.
En effet, la mission visait, entre autres objectifs, de consolider auprès des juridictions compétentes le dossier concernant les crimes et autres violations graves des droits humains commis par les terroristes et leurs complices pendant l’occupation ; s’imprégner de la réalité sur les allégations d’exaction proférées par une certaine presse et des ONG de défense des droits de l’Homme à l’encontre des forces armées intervenant dans le cadre de cette guerre et enfin rendre une visite de courtoisie aux troupes engagées dans ce combat pour la libération des régions occupées et le rétablissement de l’intégrité totale du territoire national.
Selon le PG, les enquêtes en cours n’ont jusqu’à présent pas permis d’établir l’effectivité d’exactions délibérément commises sur des populations civiles par les forces armées impliquées dans les opérations. Par contre, il a dénoncé vertement « les conditions exécrables de vie et de travail des soldats maliens déployés sur le terrain, notamment à Gao ».
En effet, selon Daniel A. Tessougué, « les soldats maliens déployés sur le terrain sont dans un état de dénuement total et honteux ». Il a estimé qu’une telle situation est inadmissible dans la mesure où chaque jour ce sont des millions, voire des milliards de francs de dons que les autorités annoncent avoir reçu pour servir à améliorer les conditions de vie et d’équipements des troupes sur le front.
Toujours selon le procureur général près la Cour d’appel « partout où il est passé, nos soldats semblent vivre dans des conditions misérables à la limite humiliantes aux côtés de leurs frères d’armes d’autres pays de la Misma ». De tels propos émanant de l’homme que tous les Maliens sont unanimes à reconnaitre la probité morale et la rigueur dans le travail, de surcroit procureur général près la Cour d’appel, suscitent étonnement et indignation.
En effet, comment imaginer un seul instant que malgré le tapage médiatique fait autour de « l’amélioration sensible » des conditions de vie et sa supposée dotation en matériels et équipements adéquats, que notre armée nationale soit encore dans un état aussi révoltant ?
Si l’information ne provenait pas d’une telle personnalité, le citoyen lambda aurait sûrement du mal à y croire, surtout que le ministre de l’Economie, des Finances et du Budget, Tiéna Coulibaly, ne rate aucune occasion pour rassurer les populations sur les dispositions prises pour mettre nos soldats dans toutes les conditions idoines.
Ainsi, selon le ministre Coulibaly, le budget d’Etat 2013 aurait pris en compte toutes les charges relatives à la reconquête du territoire occupé, le redéploiement de l’administration et le retour des compatriotes déplacés et ou exilés sans compter l’extraordinaire élan de solidarité que l’ensemble des Maliens ont immédiatement manifesté dès l’appel lancé par le président de la République par intérim en faveur du soutien aux Forces armées de défense et de sécurité.
Tout ce tintamarre n’est-il que simple profession de foi pour narguer davantage un peuple déjà suffisamment meurtri ? C’est difficile d’y croire. Ou bien sommes-nous des êtres à part sur une autre planète que la terre ? En tous les cas, l’opinion doit savoir ce qui se passe.
Car, si ces informations sont exactes (le doute à ce sujet ne peut être permis vue la crédibilité de la source) alors, le gouvernement, notamment le Premier ministre, Diango Cissoko, le ministre de l’Economie, des Finances et du Budget, Tiéna Coulibaly, son collègue de la Défense et des Anciens combattants, le général Yamoussa Camara, ainsi que celui de la Sécurité intérieure et de la Protection civile, le général Tiefing Konaté, doivent tous répondre devant la nation. Au demeurant, le président de la République par intérim, chef suprême des armées est interpelé.
Sur la base de ces déclarations du procureur général, des enquêtes doivent être menées pour situer les responsabilités et toutes les responsabilités sur les tenants et les aboutissants d’une telle forfaiture et expliquer au peuple à quoi sont destinés les colossaux fonds amassés jusqu’ici à ce sujet.
Le Mali ne peut plus se permettre les mêmes travers qui sont à l’origine de la profonde crise que le pays connaît présentement. Pour ce faire, chacun doit être irréprochable dans l’accomplissement de la mission de service public à lui confié. Aucune défaillance, aucune inconduite ne doit être tolérée.
C’est ainsi et ainsi seulement que la crise aura servi à quelque chose d’utile pour notre pays !
Source : L’indicateur du Renouveau