L’état des deux patients américains atteints par le virus Ebola semble s’améliorer sans que l’on sache, en réalité, si cela est dû à l’injection du sérum expérimental. La plus extrême prudence est de mise en ce qui concerne cet essai. La biologiste et journaliste américaine, Laurie Garrett - qui a publié plusieurs ouvrages sur la santé - explique qu’aucune théorie ne peut être bâtie sur un ou deux patient.
« Nous n’avons aucune preuve que les patients vont mieux grâce à ce sérum et certainement pas avec un test fait sur un patient pour deux cas. Ce n’est pas une statistique valable. Ce n’est certainement pas suffisant pour en tirer des conclusions et dépenser des millions de dollars pour fabriquer un remède spécifique », a-t-elle déclaré.
Laurie Garrett est pessimiste sur ce test et rappelle que de nombreux autres remèdes expérimentaux sont à l'étude. Si l'un d'entre eux était prêt à être utilisé, il faudrait, pour obtenir les certifications sanitaires nécessaires, attendre plusieurs années. De même pour la production à grande échelle et la diffusion.
Mais elle est surtout préoccupée par ce qu’elle estime être la faiblesse de la réponse internationale face à l’épidémie de fièvre Ebola. « Quelle serait la stratégie globale, si ce virus apparait à Dakar, à Nairobi, Londres ou Paris ? Nous n’avons aucun plan », s'interroge la biologiste américaine.
Selon Laurie Garrett, les pays occidentaux ne comprennent pas que le sujet est une urgence internationale et non un problème concentré en Guinée, au Libéria et en la Sierra Léone.
Comment fonctionne ce sérum
Le sérum testé sur ces deux Américains est élaboré à partir d’anticorps et répliqué en laboratoire. Ces recherches, suivies depuis quelques années déjà, montrent une meilleure efficacité lorsque le traitement est administré dans les 24 heures.
Sylvain Baize, directeur du Centre national de référence des fièvres hémorragiques virales, explique qu'il s'agit d'un principe de sérothérapie : « on injecte à ces personnes des anticorps qui vont être capables, en se fixant sur le récepteur du virus, de l'empêcher d'infitlrer et d'infecter de nouvelles cellules. C'est une façon de soigner qui est très ancienne et qu'on utilise pour d'autres infections, virus ou bien encore morsures de serpents. »
L'usage d'un traitement expérimental, pratique dite du « cobaye », fait polémique. Mais elle s’adresse essentiellement à des personnels de santé, donc avisés. « Ce sont des gens qui sont susceptibles d'être informés sur les bénéfices et les risques de ce traitement, note Sylvain Baize. Leur consentement est éclairé. Il est hors de question de l'essayer à l'échelle d'une population. Il y a des précédents : il y a quelques années, une chercheuse, dans un laboratoire, avait été exposée au virus Ebola et avait reçu à titre expérimental un vaccin potentiellement thérapeutique, qui n'avait alors été testé que sur des primates. »
Source : Rfi.fr
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