L’Adrar est le seul massif du nord du Mali qui porte le nom d’une tribu touarègue, l’Adrar des Ifoghas. Et c’est le chef incontesté de cette région qui vient de mourir à 87 ans - peut-être plus -, Intalla Ag Attaher.
Ambery Ag Rhissa, l'un des responsables du MNLA à Kidal, explique qu'il était une figure influente et respectée des Touaregs du nord du Mali. « Il fait partie de la grande famille des Achérif, une famille de prestige qui a des ramifications réparties dans plusieurs pays. Ensuite, son influence est particulièrement marquée par sa stature d’homme de pouvoir, d’homme politique, d’homme traditionnel, de grand chef, de coordinateur, de stabilisateur. »
Son aura s'étend au-delà de son action en tant que chef des rébellions touarègues : « Il a été rassembleur, c’est la principale référence de notre pays ici, particulièrement dans la région de Kidal. C’est à la fois une référence temporelle et une référence spirituelle parce qu’il avait une culture religieuse très vaste. »
D'ailleurs, dans sa maison située au quartier Aliou de Kidal, il recevait du monde politique, religieux, des délégations de passage à Kidal. Intalla Ag Attaher, est devenu un amenokal, chef traditionnel, à la mort de son père en 1962. D'après Ambery Ag Rhissa, « il est né en 1927 et a reçu une éducation à la fois religieuse avec une note d’aristocratie, c’est-à-dire une éducation qui interdit la bassesse dans la gestion des affaires. Il a évolué dans l’ombre de son père. »
Un artisan des rébellions touarègues
Au cours des 50 ans de règne, il a vu de près naître les différentes rébellions touarègues du nord du Mali. Lors des trois premiers soulèvements, il lance des appels au calme et apparaît même parfois comme un allié du pouvoir de Bamako.
Ambery Ag Rhissa rappelle les étapes marquantes de ses actions : « Il a joué un rôle positif dans la rébellion de 1963-1964. C’est lui qui a amené les maquisards à déposer les armes. Dans la rébellion de 1990, il a eu beaucoup de contacts avec le chef des bandes de l’époque. En 1990, il a fait renoncer à l’indépendance. C’était quand même un grand cadeau à l’Etat malien. Dans la rébellion de 2006, il a demandé aux maquisards de revenir à de meilleurs sentiments, cela a abouti à la signature de l’accord d’Algérie. »
Néanmoins, il reste un mauvais souvenir dans les années 90. Intalla Ag Attaher s’est fait enlever par un groupe rebelle rival. Puis, arrive la rébellion de 2012. Ouvertement, il opte pour le MNLA, mais très rapidement son cœur balance. Un de ses fils Alghabas représente le Haut conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA). Il le suivra.
Pour Ambery Ag Rhissa, cette décision a été motivée par des mésaventures avec les gouvernants maliens : « En 2012, il a été obligé de rappeler toutes les déceptions qu’il a eues avec le Mali et cette fois-ci, il a pris une position autre. Il m’a personnellement dit que l’une des choses qui l’a le plus choqué, de la part de l’Etat malien, c’est qu’il a dû arrêter des parents à lui, délinquants et il les a livrés aux autorités maliennes. Mais 48 heures après, il apprend que les gens ont été sommairement exécutés. Il disait qu’il allait mourir avec ces morts-là sur la conscience : c’est comme s’il avait envoyé ses propres parents vers leurs bourreaux. »
Ancien député, à Kidal il était aussi un chef religieux. Avec sa mort, le monde touareg est véritablement en deuil.
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