Après une dizaine d’années passées en Europe, la Sénégalaise Fabineta Lô est retournée à Dakar avec la rage de construire la « Maison de la femme migrante » afin d’accueillir les femmes émigrées victimes de mauvais traitements de la part de leurs conjoints, de violences de tout genre pour qu’elles réintègrent la société.
En 1999, bénéficiant d’un regroupement familial, Fabineta Lô s’est envolée pour l’Italie. Professeur d’espagnol, après avoir obtenu son diplôme de licence à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), elle n’a pu continuer ce métier étant donné que les autorités italiennes ne reconnaissaient pas son diplôme.
Ne pouvant plus rester les bras croisés, Fabineta Lô s’est trouvée une occupation. Médiatrice linguistique pour valoriser l’usage des us et coutumes africaines. Une expérience qui a fini par faire d’elle une sorte de « pont » entre les émigrés (hommes et femmes) et les services de santé ou d’assistance sociale. La condition de vie des couples émigrés, les rapports entre genre, des cas de dépression, de souffrances, de traumatismes, des violences physiques, psychiques, faites aux femmes. Voila des choses auxquelles Fabineta Lô faisait face pendant 14 longues années passées en Italie.
« Je faisais souvent l’interprète parce que les émigrés qui venaient du Sénégal, du Mali, du Burkina Faso…ne parlaient pas italien. Or, les agents des services de santé ont besoin de savoir ce dont ils souffrent pour pouvoir bien les traiter ou les prendre en charge. Ils souffraient de toute sorte de maladie », raconte-t-elle dans son récit à PressAfrik, à son domicile aux Parcelles assainies.
La dure réalité de la vie des couples émigrés en Italie
Les faits qui ont plus marqué cet ancien professeur d’espagnol, c’est le problème de ménage des émigrés. Les femmes émigrées souffrent énormément. Voila pourquoi elle a l’ambition de faire un documentaire pour exposer au grand public la dure réalité de leur vie en Europe, parfois cachée par leurs conjoints.
« Quand la femme débarque dans le pays d’accueil, elle découvre la dure réalité. Le premier problème, elle ne parle pas la langue et ne peut pas travailler. Son mari va au travail. Elle est obligée de rester enfermée à la maison à longueur de journée, parfois elle n’a même pas de télévision à suivre » explique Fabineta.
Et lorsque la femme commence se à plaindre de sa situation, une réalité différente de celle de son pays d’origine, bienvenue aux problèmes dans le couple. "Parfois, son mari l’a frappe, il l’a menace de déchirer ses papiers ou de la renvoyer au pays. Souvent c’est la déprime et ses femmes finissent par aller en psychiatrie et il faut que je sois là pour qu’on puisse les traiter".
Les faits marquants
L’un des cas qui a le plus marqué Fabineta Lô est celui d’une femme dont son mari l’a accusé d’être folle pour qu’elle soit admise à l’hôpital psychiatrique. « Fatou (nom d’emprunt) a été accusée de folie par son mari. Déjà quand je suis arrivée à l’hôpital, le médecin m’a dit que celle-là n’a pas les yeux d’une folle. En discutant, elle m’a dit qu’elle n’a rien. Son mari en a juste marre d’elle et l'a accusée de folie ». Fabineta Lô a dû utiliser ses techniques à l’africaine pour ramener la paix dans ce couple.
L’autre cas, est cette femme qui ne croyait pas aux médicaments des occidentaux. Purement traditionaliste, elle a provoqué la colère des médecins italiens, car elle disait que les médicaments qui peuvent la soigner doivent venir de son village. A l’origine de ces maux, le mensonge des hommes qui, une fois en Afrique, ne disent pas la vérité aux femmes.
« On leur fait miroiter le pays d’accueil comme l’eldorado. Il y a la déception de la part de la femme, les promesses non-tenues, la solitude, la frustration. Souvent quand la femme débarque, elle est dans un groupe d’hommes. Et elle se sent comme si on ne l’utilise que pour la cuisine. Il y a beaucoup de facteurs », affirme l’auteur du livre « Le Coq chante ».
Plaidoyer pour les femmes émigrées
Aux futures femmes qui vont émigrer, Fabineta qui est retournée au Sénégal en 2013, leur demande de comprendre que tout ce qu’on leur fait miroiter, est loin de la réalité. Aux hommes, elle leur demande de changer de comportement, de dire la vérité et de tenir leurs promesses.
Dans l'exercice de cette fonction, la femme d'une soixante d'années avait reçu des menaces. Des émigrés l'ont souvent accusé de comploter avec les blancs pour détruire leurs mariages. En un moment, elle a eu peur. Mais elle était toujours engagée à défendre les femmes. Aujourd'hui, son seul regret est de n'avoir pas pu garder le contact avec la plupart des femmes qu'elle a eu à assister.
Mais elle échange souvent avec certaines d’entre elles comme la Béninoise Marie et la Sénégalaise Ndeye (toujours des noms d’emprunts). Contactées par téléphone depuis l’Italie, les deux femmes disent ne jamais pouvoir oublier ce qu’elle a fait pour elles. « C’est une bonne médiatrice, moi je n’oublierai jamais ce qu’elle a fait pour moi, dira la Sénégalaise, alors que la Béninoise, qui ne parle pas bien la langue de Molière, soutient que c’est grâce à Fabineta qu’elle a été prise en charge lors de sa grossesse.
Dans l'exercice de cette fonction, la femme d'une soixante d'années avait reçu des menaces. Des émigrés l'ont souvent accusé de comploter avec les blancs pour détruire leurs mariages. En un moment, elle a eu peur. Mais elle était toujours engagée à défendre les femmes. Aujourd'hui, son seul regret est de n'avoir pas pu garder le contact avec la plupart des femmes qu'elle a eu à assister.
Mais elle échange souvent avec certaines d’entre elles comme la Béninoise Marie et la Sénégalaise Ndeye (toujours des noms d’emprunts). Contactées par téléphone depuis l’Italie, les deux femmes disent ne jamais pouvoir oublier ce qu’elle a fait pour elles. « C’est une bonne médiatrice, moi je n’oublierai jamais ce qu’elle a fait pour moi, dira la Sénégalaise, alors que la Béninoise, qui ne parle pas bien la langue de Molière, soutient que c’est grâce à Fabineta qu’elle a été prise en charge lors de sa grossesse.
Depuis son retour à Dakar, elle se bat pour réaliser ce documentaire afin de révéler au grand public les conditions de vie des couples émigrés, mais aussi la construction de la "Maison de la femme émigrée". Le projet déjà conçu a été déposé dans de nombreuses institutions étatiques et ONG, mais tarde à bénéficier d’un financement. Gardant toujours l’espoir, Fabineta Lô espère un jour voir son rêve, devenir une réalité.
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