Après avoir constaté durant des mois que la bande passante, c'est-à-dire le débit de données échangées sur son réseau, avait fortement augmenté, Comores Télécom a tout simplement décidé de le réduire drastiquement. Drastiquement, car depuis jeudi dernier, il est impossible d’utiliser les logiciels Skype, Viber ou Tango.
Cela provoque la colère des utilisateurs comme l'explique Hamidou Mhoma, président de l’association des consommateurs des technologies de l’information et de la communication. «Pour nous, il y a rupture de contrat, martèle t-il. Ce qui nous a conduits à déposer une plainte auprès de l'autorité nationale de régulation des télécommunications. Pour violation des droits des consommateurs, à savoir le droit d'accès et le droit à l'information. Et surtout pour censure aux voix IP. Voilà pourquoi nous sommes en colère contre Comores Télécom, qui nous prive d'une liberté fondamentale qui est la liberté de communiquer.»
« Nous devons rentabiliser »
Du côté de Comores Télécom, la réponse est claire. Puisque les usagers n'ont demandé aucune autorisation pour utiliser ces logiciels, pour Ibrahim Abdourazak Razida, directeur des Nouvelles technologies de l’information et de la communication chez Comores Télécom, il était donc normal de mettre fin à tout cela, sans préavis. « Quand ils ont utilisé Viber, Skipe ou Tango, ils ne nous ont pas avertis, réagit-il. Donc, nous, nous faisons notre travail sans les avertir. Comores Télécom a besoin de gagner quelque chose. Que gagnons-nous sur Skype ? Les gens se branchent sur nos équipements, ils utilisent le site de Skype, ils téléphonent n'importe où, sur les fixes, sur les mobiles, etc... Avant tout, c'est une société de télécommunication. Donc, nous sommes obligés, avec l'investissement que nous faisons de jour en jour, de rentabiliser tout ça. »
Médiation ou d’arbitrage
L’ANRTIC, l’Autorité nationale de régulation des technologies de l’information et de la communication, a été choisie pour régler le conflit. Mais depuis quelques jours, cet organe est la cible d’attaques. Une partie de la presse locale reproche à ses dirigeants d’avoir, sous la pression, apporté leur soutien à Comores Télécom. Comores Télécom qui aurait menacé dans le cas contraire de ne plus payer à cet organisme la redevance qu’elle lui doit.
Des faits démentis par Mohamed Alfeine, directeur de l’ANRTIC : « ce genre d'allégations, je les ai entendues de bouche à oreille par des gens mal intentionnés, mais c'est faux. Parce que nous ne dépendons pas de Comores Télécom, car c'est une autorité privée qui relève du ministre des Télécoms et directement de la présidence. Donc c'est faux. »
Faux ou pas, l’ANRTIC devrait prochainement rencontrer les différentes parties. En attendant, la mobilisation des internautes ne s’essouffle pas. En moins de 5 jours, la page Facebook « Non aux censures de Comores Télécom » a enregistré pas moins de 35.000 visites.
Source : Rfi.fr
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