C’est la guerre. Entre les anciens et les modernes, les taiseux et les tenants d’une certaine transparence, les chuchotis chers aux prélats ont cédé devant le tonitruant Sua Santita (Sa Sainteté), un livre choc publié depuis huit jours en Italie. Dans ce brûlot, des dizaines de fax adressés au pape Benoît XVI sous le sceau de la confidentialité le plus expresse, sont étalés au grand jour. Le journaliste Gianluigi Nuzzi qui signe l’ouvrage n’a eu qu’à se pencher pour recueillir les documents complaisamment fournis par une ou des taupes familières du premier cercle papal. Gianluigi Nuzzi a par ailleurs présenté ses sources comme « des héros animés du désir d’éradiquer la corruption du Vatican ».
Un pape attristé
Pour le vieux pontife âgé de 85 ans, le choc est rude. Une arrestation et un limogeage le même jour, le jeudi 24 mai 2012, le président de la banque du Vatican désavoué, puis l’interpellation de son majordome, un homme en qui Benoît XVI avait la plus grande confiance, l’ont laissé « attristé et choqué » par cette « douloureuse affaire » selon les termes d’un proche. On le serait à moins quand on sait que le majordome en question, Paolo Gabriele, un laïc de 46 ans, fait partie de l’entourage immédiat du pape depuis 2006 et qu’il le côtoie toute la journée étant affecté avec une poignée d’autres à ses appartements privés. Les férus de la geste papale le connaissent ; c’est lui qui, dans la papamobile, prend place devant le pape, aux côtés du chauffeur.
Ce Romain, à l’élégance recherchée, vit avec sa femme et ses deux enfants dans un immeuble du territoire du Vatican. « Paoletto » comme on l’appelle familièrement fait partie du paysage du micro-Etat et l’étonnement a été d’autant plus fort de le voir entre deux gendarmes ce jeudi 24 mai. Interrogé par la presse, le porte-parole du Saint-Siège s’est contenté d’évoquer une enquête de la gendarmerie vaticane sous la direction du promoteur de justice (procureur) du Vatican qui a « permis de localiser une personne en possession illégale de documents confidentiels ».
Le coup était rude mais moins cependant que le désaveu infligé à Ettore Gotti Tedeschi qui était jusque-là le patron de l’Institut des œuvres religieuses (IOR) autrement dit, la banque du pape. Spécialiste de l’éthique de la finance, ce fervent catholique de 67 ans, a été contraint à démissionner par le conseil d’administration unanime qui lui reproche une « gestion déficiente ». Ettore Gotti Tedeschi a été nommé à la tête de l’IOR en septembre 2009 pour remettre les finances en ordre et surtout permettre au Vatican d’être inscrit sur la liste des pays respectant les normes contre le blanchiment (white list). C’est en juillet prochain que les experts européens de Moneyval doivent justement dire si le Vatican peut figurer au nombre des pays de la fameuse liste.
Guerre de succession
Le licenciement brutal du banquier qui était de plus, particulièrement apprécié par Benoît XVI, ne serait selon les familiers des affaires du Vatican que l’écume de luttes souterraines qui se livrent sans merci dans l’entourage du pape vieillissant. La guerre de succession qui ne dit pas son nom bat pourtant son plein. Entre ceux qui dans le sillage du pape allemand ont fait de la transparence et de la rigueur une priorité et les autres qui pensent que la protection du Vatican va de pair avec le secret. Parmi ces derniers, figure notamment le cardinal Tarcisio Bertone, secrétaire d’Etat de la curie romaine, un poste équivalent à celui de Premier ministre.
Or, selon les spécialistes italiens des enjeux de pouvoir au Vatican, le banquier de l’IOR, Ettore Gotti Tedeschi aurait pu être remercié pour avoir voulu diffuser certains documents dans un souci de transparence. Un acte de trahison pour le cardinal Bertone qui à plusieurs reprises n’a pas fait mystères de divergences profondes avec le banquier. La publication de Sua Santita illustre par l’exemple les nombreuses tensions qui traversent l’Eglise depuis la situation fiscale du Vatican en passant par les scandales sexuels et les finances des instituts catholiques.
Dès la sortie du livre, le Saint-Siège a tempêté et menacé de poursuites son auteur et ses « fournisseurs ». Alors qu’une commission d’enquête composée de trois cardinaux est à l’œuvre depuis à peine un mois, les premières têtes sont déjà tombées. Ce que l’on a nommé le « VatiLeaks » en référence à WikiLeaks, depuis les premières fuites en début d’année, n’est probablement pas terminé.
RFI
Un pape attristé
Pour le vieux pontife âgé de 85 ans, le choc est rude. Une arrestation et un limogeage le même jour, le jeudi 24 mai 2012, le président de la banque du Vatican désavoué, puis l’interpellation de son majordome, un homme en qui Benoît XVI avait la plus grande confiance, l’ont laissé « attristé et choqué » par cette « douloureuse affaire » selon les termes d’un proche. On le serait à moins quand on sait que le majordome en question, Paolo Gabriele, un laïc de 46 ans, fait partie de l’entourage immédiat du pape depuis 2006 et qu’il le côtoie toute la journée étant affecté avec une poignée d’autres à ses appartements privés. Les férus de la geste papale le connaissent ; c’est lui qui, dans la papamobile, prend place devant le pape, aux côtés du chauffeur.
Ce Romain, à l’élégance recherchée, vit avec sa femme et ses deux enfants dans un immeuble du territoire du Vatican. « Paoletto » comme on l’appelle familièrement fait partie du paysage du micro-Etat et l’étonnement a été d’autant plus fort de le voir entre deux gendarmes ce jeudi 24 mai. Interrogé par la presse, le porte-parole du Saint-Siège s’est contenté d’évoquer une enquête de la gendarmerie vaticane sous la direction du promoteur de justice (procureur) du Vatican qui a « permis de localiser une personne en possession illégale de documents confidentiels ».
Le coup était rude mais moins cependant que le désaveu infligé à Ettore Gotti Tedeschi qui était jusque-là le patron de l’Institut des œuvres religieuses (IOR) autrement dit, la banque du pape. Spécialiste de l’éthique de la finance, ce fervent catholique de 67 ans, a été contraint à démissionner par le conseil d’administration unanime qui lui reproche une « gestion déficiente ». Ettore Gotti Tedeschi a été nommé à la tête de l’IOR en septembre 2009 pour remettre les finances en ordre et surtout permettre au Vatican d’être inscrit sur la liste des pays respectant les normes contre le blanchiment (white list). C’est en juillet prochain que les experts européens de Moneyval doivent justement dire si le Vatican peut figurer au nombre des pays de la fameuse liste.
Guerre de succession
Le licenciement brutal du banquier qui était de plus, particulièrement apprécié par Benoît XVI, ne serait selon les familiers des affaires du Vatican que l’écume de luttes souterraines qui se livrent sans merci dans l’entourage du pape vieillissant. La guerre de succession qui ne dit pas son nom bat pourtant son plein. Entre ceux qui dans le sillage du pape allemand ont fait de la transparence et de la rigueur une priorité et les autres qui pensent que la protection du Vatican va de pair avec le secret. Parmi ces derniers, figure notamment le cardinal Tarcisio Bertone, secrétaire d’Etat de la curie romaine, un poste équivalent à celui de Premier ministre.
Or, selon les spécialistes italiens des enjeux de pouvoir au Vatican, le banquier de l’IOR, Ettore Gotti Tedeschi aurait pu être remercié pour avoir voulu diffuser certains documents dans un souci de transparence. Un acte de trahison pour le cardinal Bertone qui à plusieurs reprises n’a pas fait mystères de divergences profondes avec le banquier. La publication de Sua Santita illustre par l’exemple les nombreuses tensions qui traversent l’Eglise depuis la situation fiscale du Vatican en passant par les scandales sexuels et les finances des instituts catholiques.
Dès la sortie du livre, le Saint-Siège a tempêté et menacé de poursuites son auteur et ses « fournisseurs ». Alors qu’une commission d’enquête composée de trois cardinaux est à l’œuvre depuis à peine un mois, les premières têtes sont déjà tombées. Ce que l’on a nommé le « VatiLeaks » en référence à WikiLeaks, depuis les premières fuites en début d’année, n’est probablement pas terminé.
RFI
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