De larges murs en béton noircis à ciel ouvert, à l’intérieur des bûchers, de grands incinérateurs en métal et des barils encore pleins d’os des squelettes d’Ebola. L’endroit est sinistre et terrorise toujours les riverains, comme l’explique le pasteur Jasper Kollie Junior : « Personne ne se sentait en sécurité, tout le monde avait peur. Cet endroit a contaminé l’environnement, il a tout pollué, l’odeur était épouvantable et il y avait de grandes explosions toutes les nuits. Beaucoup ont déménagé, les gens ont été traumatisés. Aujourd’hui encore, ils ont peur, on devrait le démanteler et en faire un mémorial pour que chacun puisse venir se recueillir en mémoire de ses proches disparus. »
La colère gronde aussi parmi les trente employés du crématorium, désormais au chômage technique. Ils n’ont pas été payés depuis sept semaines. C’est le cas de Dyron Dicks qui gagnait 200 dollars tous les quinze jours : « On ne peut pas nous traiter comme ça après tous les risques que l’on a pris. C’était vraiment dur… Surtout en saison des pluies, les corps étaient moisis, parfois on en brûlait plus de cent par jour, on avait tellement peur, certains n’ont pas supporté et ont démissionné. »
Comme une double peine, les salariés subissent également une stigmatisation au quotidien. Une situation difficile à supporter pour Sampson Samway, l’ancien superviseur : « Quand le site fonctionnait, on ne pouvait pas se promener dans le quartier, nos enfants étaient rejetés. Aujourd’hui encore, les habitants refusent qu’on s’approche d’eux. »
Les employés sont à bout. L’un d’eux lance que si ça continue, cette histoire tournera à l’émeute.
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