À Abbottabad, au Pakistan, là où a eu lieu le raid américain, les habitants dénoncent « une mise en scène ». Ils doutent non seulement de la mort d’Oussama Ben Laden, mais aussi de la présence, à deux pas de chez eux et dans une maison-bunker, du dirigeant d’Al-Qaïda.
Depuis Islamabad, l'analyste politique Imtiaz Gul prévient : « Tant que les Américains ne présenteront pas de preuves […], tout cela restera sujet à caution », notamment au Pakistan.
La dignité du leader d'Al-Qaïda en cause
En début de journée lundi, le sénateur américain Carl Levin, président de la commission de la Défense à la Chambre haute du Congrès, avait estimé qu'il serait nécessaire à terme de publier de telles photos. Faisant ensuite allusion aux éventuelles représailles qui pourraient être entreprises contre les États-Unis, il avait ajouté que la diffusion de ces photos « doit être retardée jusqu'à ce que les réactions se calment ».
Le député américain indépendant Joe Lieberman, qui préside la commission de la Sécurité intérieure, a de son côté déclaré que cela « pourrait être nécessaire de publier les photos - si épouvantables soient-elles, puisqu'il [Ben Laden] a été atteint à la tête par balles - pour écarter toute idée selon laquelle il s'agirait d'une ruse de l'administration américaine ».
Le président de la commission du Renseignement de la Chambre des représentants, le républicain Mike Rogers, a lui affirmé : « Nous voulons nous assurer que nous préservons la dignité - s'il en avait une - d’Oussama Ben Laden, afin de ne pas exacerber des problèmes dans d'autres endroits du monde. » Il a lui aussi encouragé l’administration américaine à publier des images du corps abattu dimanche dans un raid meurtrier contre celui qu’Interpol recherche depuis dix ans.