L’Allemagne a procédé au rétablissement provisoire des contrôles aux frontières, notamment avec l'Autriche, alors que le trafic ferroviaire entre les deux pays est suspendu, rapporte notre correspondante à Berlin, Blandine Milcent. Selon divers médias allemands, des policiers seront aussi envoyés en renfort en Bavière pour aider à surveiller les frontières, ils recevront l'aide logistique de la Bundeswehr.
L'Allemagne suspend donc temporairement les accords de Schengen sur la libre circulation parce qu'elle arrive à saturation. Pour la seule journée de samedi, 13 000 réfugiés sont en effet arrivés à Munich, 63 000 depuis le début du mois de septembre. « Ce n'est plus tenable sur le plan logistique », « Munich est à l'extrême limite de ses capacités d'accueil », disent les autorités.
« Limiter l'afflux actuel vers l'Allemagne »
Le ministre allemand de l'Intérieur, Thomas de Maizière, a donc expliqué qu'il fallait donner du temps aux Länder pour souffler, le temps de reprendre le contrôle de la situation. « L'objectif de cette mesure est de limiter l'afflux actuel vers l'Allemagne et d'en revenir à des procédures ordonnées pour l'entrée des personnes dans le pays », a-t-il précisé.
Il a par ailleurs expliqué que les réfugiés ne pouvaient décider eux même de leur pays d'accueil. Berlin envoie enfin un signal notamment aux pays d'Europe de l'Est, sur le thème : il y a urgence à trouver solution commune.
Les réactions européennes n’ont d’ailleurs pas tardé. Il s’agit d’une décision « nécessaire », a aussitôt déclaré le Premier ministre hongrois Viktor Orban, tenant d’une position de fermeté vis-à-vis des réfugiés. Elle souligne en tout cas « l'urgence » d'un plan européen, a pour sa part déclaré la Commission européenne dans un communiqué.
En France, Bernard Cazeneuve, a quant à lui appellé « au respect scrupuleux par chacun » des règles de Schengen. Le ministre de l'Intérieur a déclaré dans un communiqué à l'issue d'un entretien avec son homologue allemand Thomas de Maiziere, que « c'est faute » du respect de ces règles par certains pays « que l'Allemagne a décidé d'établir temporairement des contrôles à ses frontières, sans procéder à leur fermeture ». Pour le ministre français, l'entretien de ce dimanche « a permis de conforter la position commune franco-allemande ».
► UN SIGNAL AUX PARTENAIRES EUROPÉENS
La décision de l'Allemagne est une façon d'interpeler les autres pays de l'Union européenne, alors que les 28 ministres de l'Intérieur et de la Justice se réunissent lundi à Bruxelles.
Avec notre correspondante à Berlin, Blandine Milcent
Pour le ministre allemand de l'Intérieur, Thomas de Maizière, il s'agit d'abord de donner du temps aux autorités pour reprendre le contrôle de la situation. Ce week-end, Munich a encore été submergé par des milliers de réfugiés, la capitale de la Bavière est à « l'extrême limite de ses capacités d'accueil », selon la police munichoise.
Mais bien entendu, la fermeture de la frontière avec l'Autriche et la mobilisation de plusieurs centaines de policiers, sans parler de la suspension du trafic ferroviaire, tout cela constitue aussi un signal aux partenaires européens. Le ministre allemand de l'Intérieur ne s'en est pas caché.
« Ces mesures sont aussi un signal à l'Europe : l'Allemagne prend ses responsabilités humanitaires mais la charge due au nombre important des réfugiés doit être répartie solidairement au sein de l'Europe. L'instauration temporaire de contrôles aux frontières ne va pas résoudre tous les problèmes, mais nous avons tout simplement besoin de plus de temps, et un certain retour à l'ordre à nos frontières ».
Thomas de Maizière a également appelé dimanche les réfugiés eux-mêmes à respecter les accords de Dublin. « Ils doivent comprendre, a-t-il dit, qu'ils ne peuvent choisir leur pays d'accueil ».
► REPORTAGE
Conséquence immédiate de la suspension du trafic ferroviaire entre l’Autriche et l’Allemagne et du rétablissement des contrôles aux frontières germano-autrichiennes, des milliers de migrants sont désormais coincés en transit dans les gares de la capitale autrichienne, où la situation devient précaire et où l’inquiétude monte.
Avec notre correspondant à Vienne, Blaise Gauquelin
Assise par terre au milieu de milliers d’autres Syriens, Ouala Ghanam a peur de ne plus pouvoir passer en Allemagne.
Elle a quitté Damas avec toute sa famille, dont trois jeunes enfants et elle veut continuer par tous les moyens son voyage vers Munich : « Ils nous ont pris nos empreintes en Hongrie donc on doit passer en Allemagne ! C’est le seul pays qui a promis de ne pas renvoyer les Syriens qui sont enregistrés en Hongrie ! On n’a pas d’autre choix ! »
Les bénévoles tentent de rassurer les migrants, mais ils semblent désormais débordés. Falo Saleh est l’un d’entre eux. Il craint que la situation ne dégénère rapidement, car d’autres migrants en provenance de Hongrie arrivent toujours par milliers : « Les gens sont venus parce que les frontières étaient ouvertes, donc si elles se referment, c’est une catastrophe ! Personne ne veut rester en Autriche. Beaucoup de réfugiés ne savent même pas ce que c’est que l’Autriche ! »
Les Syriens qui ont dû donner leurs papiers aux autorités en Macédoine ont aussi peur d’être refoulés lors des contrôles à la frontière allemande.
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