La salle de spectacle du palais du 15 janvier, où la cour criminelle a aménagé pour la session criminelle était pleine. En plus des officiels, les parents de mis en cause et les victimes des prisons du régime Habré sont venus nombreux. Une salle d’audience placée sous très haute surveillance. On y accède qu’après une fouille méthodique.
Sur les 29 personnes annoncées, seules 21 ont répondu à l’appel du tribunal. Quatre mis en cause sont décédés pendant la procédure, deux sont malades et deux autres restent introuvables.
Après l’ouverture solennelle, chaque prévenu a été appelé à la barre pour décliner son identité. Le juge leur a ensuite indiqué qu’ils étaient poursuivis pour coups et blessures volontaires, assassinat... Des actes qu’ils auraient commis du temps où ils travaillaient à la direction de la documentation et de la sécurité. Tous les mis en cause ont plaidé non coupables.
« C’est le début du soulagement »
Il y avait beaucoup d’émotion dans les rangs des victimes venues nombreuses avec des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « non à l’impunité », « non à la vengeance » ou encore « 24 ans d’attente ».
« J’ai failli pleurer parce que ce sont des hommes qui étaient tout puissants et ils sont réduits maintenant à un niveau qui ne leur convient pas, explique cette femme. Moi sincèrement, quand je pense que ces hommes ont fait avaler des cartouches à mon mari comme si c’était des comprimés ça me soulage un peu. »
« Pour moi, c’est le début d’un soulagement. Ce matin, je suis venu de chez moi. Eux venaient de la maison d’arrêt même s’ils n’étaient pas enfermés dans les mêmes conditions que moi. Et c’est ca ma petite satisfaction en attendant leur condamnation », a déclaré un membre d’une association de victime.
Une journée sans avocats
« C’est une grande émotion. Avoir en fasse de soi quelqu’un qui vous a arrêté, qui vous a mis dans des conditions inhumaines, décrit cette autre victime. Ca me fait un peu penser à 2005 pendant que nous étions à Dakar. Pour la première fois, j’ai vu Hissène Habré pleurer comme un enfant. Ces gens qui étaient les plus forts, les dieux sur terre, sont devenus aujourd’hui plus petits, c’est nous qui sommes grands. »
Mais Clément Dokhot Abaïfouta, président d’une des associations des victimes, regrette l’absence des avocats à cette séance : « Nous aurions été contents si nos avocats avaient été présents. Malheureusement nos avocats ne sont pas là, les choses ont démarré et on ne sait pas la suite. Il va falloir que les avocats soient là parce que ce n’est pas un procès ordinaire. Si les avocats ne sont pas là je me dis "mais est-ce que nous avons vraiment commencé ?". »
Les avocats tchadiens en accord avec les notaires et huissiers ont suspendu leurs activités depuis lundi pour réclamer à l’Etat le paiement des condamnations et honoraires qui leur sont dus. Le procès suspendu vendredi en début d’après-midi reprendra lundi en matinée.
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