Soupçonnée jusqu’à présent de ne pas s'engager suffisamment contre l'organisation Etat islamique, entre autres pour ne pas renforcer les kurdes de Syrie, la Turquie semble avoir franchi le pas. Une réunion des ambassadeurs des pays membres de l’Otan doit se tenir à Bruxelles à la demande d’Ankara.
Après avoir autorisé l'armée américaine à utiliser sa base aérienne d'Incirlik, pour frapper l'EI en Syrie et en Irak, l'armée turque a mené elle même, depuis vendredi dernier, des frappes contre des objectifs de l'organisation terroriste en Syrie. Le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu a néanmoins précisé que son pays n'enverrait pas de troupes au sol en Syrie.
Lutte contre le terrorisme
Les alliés occidentaux de la Turquie ne peuvent que se réjouir de sa décisiond’intervenir davantage contre l'EI, même si la position ambiguë d’Ankara au sujet des kurdes soulève nombre de questions.
Ainsi, le président français François Hollande a salué, dans un entretien téléphonique avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan « le renforcement de l’engagement de la Turquie » et les deux chefs d’Etat ont évoqué la lutte « contre toutes les formes de terrorisme ». C’est ce que les autorités d’Ankara voulaient obtenir. Le prix de leur engagement plus clair et plus résolu au sein de la coalition est de pouvoir mettre sur le même plan le combat contre l’EI et celui contre les rebelles kurdes du PKK, au nom de la lutte contre le terrorisme.
Pendant ce temps la situation sur le terrain reste extrêmement complexe. Une milice kurde syrienne qui combat l’organisation Etat islamique a accusé l’armée turque d’avoir tiré sur ses positions. Un haut responsable du gouvernement d'Ankara a affirmé que l'armée turque n'a fait que riposter après avoir été sous le feu de tirs en provenance du territoire syrien, et a précisé que les milices kurdes syriennes n'étaient pas une cible.
Mais l'aile politique de ces milices, a aussi des liens avec les rebelles kurdes du PKK, contre lesquels le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu a promis de poursuivre l’offensive militaire jusqu’à ce qu’ils déposent les armes.
Regain de tension et instabilité politique
Le PKK de son côté a déclaré la semaine dernière que le processus de paix n'avait plus aucun sens et les incidents continuent dans le sud-est à majorité kurde de la Turquie, où un officier de gendarmerie a été assassiné.
D'autres éléments montrent un regain de tension, plus de mille personnes ont été arrêtées ces derniers jours en Turquie, des arrestations qui ont visé officiellement les sympathisants de l'organisation Etat islamique mais qui, selon beaucoup d'observateurs, ont été dirigées surtout contre les sympathisants des rebelles kurdes du PKK, contre les kurdes plus généralement et aussi contre l'extrême gauche.
La situation politique en Turquie est instable. N'ayant pas de majorité parlementaire après les élections du 7 juin, le parti islamo-conservateur AKP du président Recep Tayyip Erdogann'a pas pu former un gouvernement. De nouvelles élections ne sont pas à exclure à brève échéance, surtout si l’AKP échoue à former une coalition avec les nationalistes, qu’il espère sans doute attirer par sa politique d’extrême fermeté envers les kurdes.
Si de nouvelles élections étaient convoquées, le pari de l’AKP et du président Erdogan est que la formation kurde qui a réuni plus de 10% des voix, fédérant des électeurs mécontents de la dérive autoritaire du pouvoir, ne pourrait pas réitérer son exploit dans un climat de tension et d’insécurité.
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