Samedi après-midi, 15 heures. Trois prisonniers de la prison de Niamey sont sur le qui-vive. Armés de pistolets, les trois hommes, présentés comme membres de Boko Haram, profitent des allées et venues des détenus au parloir pour tirer à bout portant sur deux gardiens à l'entrée. Le parloir se situe à l'extérieur de l'édifice. Sur le seuil de la maison d'arrêt, on assiste alors à un échange de coups de feu avec des gardiens.
Dans la confusion, 22 détenus en profitent pour s'échapper. Plusieurs témoins affirment avoir vu un véhicule 4X4 repartir en trombe du secteur avec à son bord plusieurs évadés.
Les trois agresseurs sont neutralisés : il s'agit d'un Soudanais et de deux Nigériens. Un des agresseurs est blessé. Il décèdera plus tard de ses blessures.
Selon les informations de RFI, les deux Nigériens avaient participé en 2011 à un projet d'empoisonnement de militaires dans la caserne de Diffa à l'extrême est du Niger. Mais à Niamey, la piste Boko Haram n'est pas la seule à intéresser les enquêteurs.
Cheïbane, roi de la belle et auteur de crimes liés au terrorisme
Les recherches se tournent également vers la piste Cheïbane Ould Hama. On en sait désormais un peu plus sur le « dangereux terroriste » qui s'est fait la belle samedi avec 21 autres détenus.
La première fois que Cheïbane Ould Hama fait parler de lui, c'est pour l'assassinat fin décembre 2000 de William Bultemeier, l'attaché de défense américain au Niger. L'ancien sergent-chef sort vers 1 heure du matin d'un des restaurants les plus en vue de Niamey. Il est tué, son véhicule est volé.
Un crime crapuleux, dit-on à l'époque. Sauf que William Bultemeier coordonnait tout de même les opérations entre les services de renseignements nigériens et américains. Cheïbane Ould Hama agissait-il pour le compte de quelqu'un d'autre ?
En tout cas, ce « commerçant » originaire de la région de Gao est l'un des parrains du trafic d'armes et de drogue qui sévit de part et d'autre de la frontière entre le Niger et le Mali. Marié à la responsable des douanes de Ménaka, souligne une source malienne, il a déjà fait quelques séjours en prison dont il est toujours miraculeusement ressorti, comme à Bamako, en avril 2002, où il se serait déjà évadé lors d'une visite médicale.
Cheïbane Ould Hama est également soupçonné d'avoir mis ses talents au service des terroristes dans l'enlèvement de plusieurs étrangers. Il est notamment soupçonné par les Etats-Unis dans l'enlèvement de l'ambassadeur canadien Robert Fowler et de son assistant dans la région du Tillabéry.
Mais le pas de trop, c'est l'attaque du convoi d'un prince saoudien du côté nigérien de la frontière fin 2009. Quatre des accompagnateurs saoudiens sont tués. L'Arabie Saoudite fait pression et Cheïbane Ould Hama finit par être arrêté à Gao quelques mois plus tard et livré au Niger. Dans un premier temps, il est emprisonné sous haute sécurité à l'extérieur de Niamey. Mais depuis son procès et sa condamnation à 20 ans de prison en mars 2012 pour le meurtre des Saoudiens, il était un détenu parmi d'autres à la prison civile de Niamey.
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