Réunis en début de matinée, dès 7H pour certains, sur la place de la liberté, c’est vers 9H30 que, d’un même élan, les manifestants, avec à leur tête des leaders de l’opposition, amorcent leur marche pour rallier la place de la République qui se trouve à moins de trois kilomètres de là.
Encadrés de part et d’autre par des dizaines d'agents de la police ant-iémeute, et sous un soleil clément après la longue pluie qui s’est abattue dans la nuit sur la ville, ils scandent à tue-tête, entre autres, "On en a marre, on est fatigué".
"On en a marre, ce n’est pas une vie d’être diplômé et de ne trouver de boulot nulle part", vocifère Moussa Dembélé, titulaire d’une maîtrise en droit, arborant une pancarte sur laquelle on peut lire "Le pays va très mal, les Maliens ont faim".
Initialement prévue pour le 23 avril avant d’être reportée au 21 mai, en raison de l’état de santé du président Ibrahim Boubacar Kéïta (opéré le 12 avril d’une tumeur bénigne à Paris), la marche de l’opposition a pour objectif de dénoncer "les dérives à n’en point finir du régime au pouvoir".
Les partis de l'opposition républicaine et démocratique estiment qu’il faut "sauver le Mali", dont le gouvernement, face à la crise sociopolitique et militaire dans laquelle est plongée le pays depuis janvier 2012, effectue "un pilotage à vue".
"Est-ce que ça va au Mali", questionne sur la place de l’indépendance Soumaïla Cissé, président de l’Union pour la République et la démocratie (URD) et chef de file de l’opposition malienne.
"Non", répondent en cœur les manifestants surexcités.
"Bien sûr que rien ne va au Mali", s’insurge Assétou Diallo, vêtue d’un complet pagne aux couleurs nationales.
Assetou déplore que les femmes présentes à la marche ne soient pas "plus nombreuses que ça" alors que ce sont elles qui "souffrent le plus du mépris du gouvernement envers le peuple".
"Nos maris meurent au Nord, les pénuries d’eau sont récurrentes un peu partout, les condiments sont chers, l’avenir de nos enfants est hypothéqué et pendant ce temps le gouvernement ne fait rien", poursuit-elle avant de répondre bruyamment au geste de la main d’un leader de l’opposition à l’endroit des manifestants.
En soutien aux manifestants et pour "l’intérêt de la nation", "Ras-le-bol", une plateforme de la société civile a également participé à la marche.
"Le Mali souffre, il est dans une situation de désespoir et s’est réellement affaissé avec l’avènement du régime actuel, nous pensons qu’il faut un changement positif", explique son coordinateur national, Mamadou Sissoko.
Un manifestant qui suivait son propos lui emboîte aussitôt le pas : "Les choses ne changeront jamais tant que le président, face à nos problèmes, ne trouve rien d’autre à faire que de parcourir le monde entier pour assister aux investitures de ses homologues. Pas plus tard qu’hier il était à celle du président équato-guinéen".
"Quand nous tombons malades, nous sommes obligés de nous faire soigner dans les hôpitaux délaissés du pays pendant que lui part à Paris", poursuit-il avec colère.
La marche a pris fin après une heure de rassemblement sur la place de l’indépendance, et les manifestants se sont dispersés dans le calme.
Le 12 avril, l’opposition malienne s’est retirée du cadre de concertation opposition/majorité présidentielle, précisant n’y revenir "que le jour où les questions institutionnelles, politiques et électorales seront mises à discussion dans une vision globale".
Source: Alerte Info
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