Le journal « Sud quotidien » a appris de sources dignes de foi, que des privés travailleraient à obtenir du président Macky Sall qu’il crée une agence pour la gestion des déchets. Ainsi, sur les cendres de la Société pour la propreté du Sénégal (Soprosen) supprimée officiellement lors du conseil des ministres du jeudi 31 mai dernier, serait érigée une nouvelle structure destinée à être confiée à un parent d’un des plus proches collaborateurs du Chef de l’Etat.
L’homme «déjà choisi» résiderait en France où il travaille dans les ordures depuis plusieurs décennies. En réalité, il s’agit d’un lobbying pour amener le président de la République à créer une structure-tampon à la tête de laquelle des forces nichées au palais placeraient leurs proches. Selon nos sources, ces forces seraient d’autant intéressées par l’affaire qu’on leur ferait miroiter une unité de traitement, clé en main. Une nouvelle trouvaille pour des lobbies qui n’ignorent rien de la manne financière qui se trouve dans les ordures. Pourtant, l’Etat qui a connu les expériences ratées de la Soadip, la Sias, Ama-Sénégal devrait être plus méfiant.
Par exemple, en 1970-1971, le Sénégal avait acheté clé en main, une «usine de compostage des déchets du Grand-Dakar». L’unité acquise à 400 millions F Cfa n’a fonctionné que pendant deux ans avant de montrer ses limites. Revendue en ferraille, l’Etat n’en récolta que 112 millions CFA, environ. Une expérience malheureuse qui amène des experts à inviter les pouvoirs publics à la prudence face à la nouvelle offre et surtout davantage de fermeté.
Une aventure périlleuse
Dix milliards CFA d’argent public sont injectés annuellement dans les déchets, rien pour la région de Dakar qui produit 1500 tonnes d’ordures par jour. C’est cette enveloppe qui aiguise les appétits de ceux qui veulent obtenir la création d’une nouvelle structure.
Selon des techniciens interrogés sur la question, il est impossible de trouver une usine clé en main pour le traitement de 550 mille tonnes d’ordures/an au prix de seulement 10 milliards CFA, « quel que soit le process », précisent-ils.
En prenant comme base de calcul l’enveloppe allouée à la région de Dakar, ces techniciens avancent par hypothèses. Selon l’un d’eux, si la tonne traitée est facturée 18000 F Cfa, ainsi que proposée par les partisans d’une nouvelle structure cela donnerait environ 27 euros, alors que le minimum incompressible appliqué dans beaucoup de pays d’Europe serait de 100 euros/ tonne. Autrement dit et sur la base annoncée par les « amis du Président », l’Etat doit débourser 9,9 milliards pout traiter la production de la capitale. Ainsi l’enveloppe qui fait saliver aura déjà été épuisée quasiment.
Restera ensuite le traitement en amont, non pris en charge par l’usine telle que proposée. Les opérations allant de la collecte au transfert jusqu’au pont bascule appelleront d’autres rallonges budgétaires. Et ce n’est pas tout, expliquent les mêmes techniciens. Le traitement industriel s’accompagne de « refus de process » ou substance non absorbé qu’il faudra gérer ensuite, car «quelle que soit la technologie utilisée, il y a toujours des refus qu’il faut mettre dans un centre d’enfouissement. Le coût de ce traitement subsidiaire des déchets n’est pas facturé». Or, pour ce qui est «des process les plus accessibles, il n’y a pas de centre au monde qui traitre les déchets solides ménagers à moins de 100 euros la tonne ».
Tout laisse croire que c’est dans cette direction que l’Etat pourrait être amené à s’orienter, sous la pressions des lobbies affairistes qui ont des bras niché jusqu’au palais de la République. En résumé, le traitement des ordures en usine fait appel aux trois composantes qui ont chacune un coût « : un coût pour le traitement des ordures ménagère en usine, un coût pour les collecte, balayage, transport et transfert jusqu’au pont bascule et un autre coût pour la prise en charge des refus». L’enveloppe des 10 milliards affectée à l’Entente Cadak-car est très largement consommée avec un état de service dont l’efficacité n’est pas assurée, face au problème de Dakar.
La capitale a déjà investi plus de 5 milliards F Cfa pour la construction à Diass, d’un centre d’enfouissement technique aux normes internationales. Si par extraordinaire cet équipement devait être abandonné parce que le loobying exercé sur les autorités aura réussi, ce sera non seulement un grand gâchis, mais le promoteur se trouverait fonder à réclamer l’argent qu’il a investi. Et dans un tel cas de figure, ce sera le nouvel opérateur aura la latitude d’imposer son prix pour le traitement des « refus », du fait de sa position de client jouissant de monopole. Inadmissible.
La culture et la gestion des ordures
Une « mauvaise pratique » déplorée par les experts nationaux, mais ancrée dans les traditions, en matière de gestion des ordures consiste à faire « appel à des Européens qui n’ont pas la perception de nos réalités. C’est comme si on demandait à un Sénégalais d’aller régler le problème des ordures aux Iles Comores ».
Le rudologue Pape Soulèye Sow convoque la culture pour expliquer les rapports de tout peuple aux ordures. Selon M Sow, « le comportement d’un peuple, d’une communauté face aux ordures étant dicté par sa culture et sa religion », la connaissance scientifique et technique ne suffit pas pour réussir une bonne politique de gestion des déchets.
« Non seulement le copier-coller ne marche pas » a-t-il averti, mais cela est contradictoire à la volonté salutaire des pouvoirs publics de jeter, pour la première fois depuis l’indépendance, les bases constructives d’une gestion durable des ordures. Cette volonté s’est manifestée par la décision de l’Etat de ne plus faire de la maîtrise d’ouvrage en supprimant la Soprosen pour refiler les ordures aux collectivités locales.
Dès lors, «la solution c’est d’allier les connaissances techniques et scientifiques à celles du milieu. Il faut aussi connaître les rouages de l’administration. Sinon on ne règlera rien. C’est pourquoi il ne serait pas judicieux de ressusciter des sociétés ou agences ayant toutes montré leurs limites ; il faut capitaliser les acquis de ces structures ».
Après les expériences associatives ou agencières avec la Camcud, Aprodak, Aprosen, Agetip et plus récemment Soprosen, l’Etat vient de prendre une orientation politique en responsabilisant les collectivités locales. Retour à la case idéale. Mais on ne peut non plus occulter les limites de ces collectivités. «Les différentes autorités ont certes fait preuve de volonté pour régler le problème (Dakar de 3 à 10 milliards F Cfa par an), mais cela n’a pas suffi parce qu’il n’y avait pas de cadre. Or sans cadre, pas de stratégie. Pour la première fois, l’Etat vient de poser un cadre et c’est sur cela qu’il faut construire en se disant que les ordures c’est une question de vision politique au plan national».
Dakar n'est pas Paris
Trois raisons font que des problèmes vont toujours surgir en copiant le modèle français, estime un expert qui a préféré garder l'anonymat: Selon ce dernier, «aucun des textes de loi et règlementations, aucune des structures et aucun des mécanismes qui ont présidé et conduit à la création de l'Agence Nationale pour la Recherche et le Développement ( ANRED) n'existe au Sénégal. La structure mise en place par la suite, en l'occurrence, l'Agence pour le Développement et la Maîtrise de l'Energie (ADEME) ne s'occupe pas de gestion des déchets, mais définit et promeut des politiques et appuie les collectivités locales dans les choix technologiques tout en promouvant les innovations technologiques par le biais de fonds particuliers». Mieux, «l'ADEME est beaucoup plus un outil, une banque scientifique et technique qu'une structure de mise en œuvre opérationnelle».
Aussi faudrait-il le signaler, ceux qui pensent que les unités de traitement des déchets créent des emplois n'ont qu'à déchanter. Par exemple, une unité calibrée pour traiter 400 000 tonnes d'ordures par an par voie d'incinération avec récupération de chaleur a un personnel compris entre 37 et 40 employés. C'est le cas à l'Usine Vitry à Paris).
source: Sudonline
L’homme «déjà choisi» résiderait en France où il travaille dans les ordures depuis plusieurs décennies. En réalité, il s’agit d’un lobbying pour amener le président de la République à créer une structure-tampon à la tête de laquelle des forces nichées au palais placeraient leurs proches. Selon nos sources, ces forces seraient d’autant intéressées par l’affaire qu’on leur ferait miroiter une unité de traitement, clé en main. Une nouvelle trouvaille pour des lobbies qui n’ignorent rien de la manne financière qui se trouve dans les ordures. Pourtant, l’Etat qui a connu les expériences ratées de la Soadip, la Sias, Ama-Sénégal devrait être plus méfiant.
Par exemple, en 1970-1971, le Sénégal avait acheté clé en main, une «usine de compostage des déchets du Grand-Dakar». L’unité acquise à 400 millions F Cfa n’a fonctionné que pendant deux ans avant de montrer ses limites. Revendue en ferraille, l’Etat n’en récolta que 112 millions CFA, environ. Une expérience malheureuse qui amène des experts à inviter les pouvoirs publics à la prudence face à la nouvelle offre et surtout davantage de fermeté.
Une aventure périlleuse
Dix milliards CFA d’argent public sont injectés annuellement dans les déchets, rien pour la région de Dakar qui produit 1500 tonnes d’ordures par jour. C’est cette enveloppe qui aiguise les appétits de ceux qui veulent obtenir la création d’une nouvelle structure.
Selon des techniciens interrogés sur la question, il est impossible de trouver une usine clé en main pour le traitement de 550 mille tonnes d’ordures/an au prix de seulement 10 milliards CFA, « quel que soit le process », précisent-ils.
En prenant comme base de calcul l’enveloppe allouée à la région de Dakar, ces techniciens avancent par hypothèses. Selon l’un d’eux, si la tonne traitée est facturée 18000 F Cfa, ainsi que proposée par les partisans d’une nouvelle structure cela donnerait environ 27 euros, alors que le minimum incompressible appliqué dans beaucoup de pays d’Europe serait de 100 euros/ tonne. Autrement dit et sur la base annoncée par les « amis du Président », l’Etat doit débourser 9,9 milliards pout traiter la production de la capitale. Ainsi l’enveloppe qui fait saliver aura déjà été épuisée quasiment.
Restera ensuite le traitement en amont, non pris en charge par l’usine telle que proposée. Les opérations allant de la collecte au transfert jusqu’au pont bascule appelleront d’autres rallonges budgétaires. Et ce n’est pas tout, expliquent les mêmes techniciens. Le traitement industriel s’accompagne de « refus de process » ou substance non absorbé qu’il faudra gérer ensuite, car «quelle que soit la technologie utilisée, il y a toujours des refus qu’il faut mettre dans un centre d’enfouissement. Le coût de ce traitement subsidiaire des déchets n’est pas facturé». Or, pour ce qui est «des process les plus accessibles, il n’y a pas de centre au monde qui traitre les déchets solides ménagers à moins de 100 euros la tonne ».
Tout laisse croire que c’est dans cette direction que l’Etat pourrait être amené à s’orienter, sous la pressions des lobbies affairistes qui ont des bras niché jusqu’au palais de la République. En résumé, le traitement des ordures en usine fait appel aux trois composantes qui ont chacune un coût « : un coût pour le traitement des ordures ménagère en usine, un coût pour les collecte, balayage, transport et transfert jusqu’au pont bascule et un autre coût pour la prise en charge des refus». L’enveloppe des 10 milliards affectée à l’Entente Cadak-car est très largement consommée avec un état de service dont l’efficacité n’est pas assurée, face au problème de Dakar.
La capitale a déjà investi plus de 5 milliards F Cfa pour la construction à Diass, d’un centre d’enfouissement technique aux normes internationales. Si par extraordinaire cet équipement devait être abandonné parce que le loobying exercé sur les autorités aura réussi, ce sera non seulement un grand gâchis, mais le promoteur se trouverait fonder à réclamer l’argent qu’il a investi. Et dans un tel cas de figure, ce sera le nouvel opérateur aura la latitude d’imposer son prix pour le traitement des « refus », du fait de sa position de client jouissant de monopole. Inadmissible.
La culture et la gestion des ordures
Une « mauvaise pratique » déplorée par les experts nationaux, mais ancrée dans les traditions, en matière de gestion des ordures consiste à faire « appel à des Européens qui n’ont pas la perception de nos réalités. C’est comme si on demandait à un Sénégalais d’aller régler le problème des ordures aux Iles Comores ».
Le rudologue Pape Soulèye Sow convoque la culture pour expliquer les rapports de tout peuple aux ordures. Selon M Sow, « le comportement d’un peuple, d’une communauté face aux ordures étant dicté par sa culture et sa religion », la connaissance scientifique et technique ne suffit pas pour réussir une bonne politique de gestion des déchets.
« Non seulement le copier-coller ne marche pas » a-t-il averti, mais cela est contradictoire à la volonté salutaire des pouvoirs publics de jeter, pour la première fois depuis l’indépendance, les bases constructives d’une gestion durable des ordures. Cette volonté s’est manifestée par la décision de l’Etat de ne plus faire de la maîtrise d’ouvrage en supprimant la Soprosen pour refiler les ordures aux collectivités locales.
Dès lors, «la solution c’est d’allier les connaissances techniques et scientifiques à celles du milieu. Il faut aussi connaître les rouages de l’administration. Sinon on ne règlera rien. C’est pourquoi il ne serait pas judicieux de ressusciter des sociétés ou agences ayant toutes montré leurs limites ; il faut capitaliser les acquis de ces structures ».
Après les expériences associatives ou agencières avec la Camcud, Aprodak, Aprosen, Agetip et plus récemment Soprosen, l’Etat vient de prendre une orientation politique en responsabilisant les collectivités locales. Retour à la case idéale. Mais on ne peut non plus occulter les limites de ces collectivités. «Les différentes autorités ont certes fait preuve de volonté pour régler le problème (Dakar de 3 à 10 milliards F Cfa par an), mais cela n’a pas suffi parce qu’il n’y avait pas de cadre. Or sans cadre, pas de stratégie. Pour la première fois, l’Etat vient de poser un cadre et c’est sur cela qu’il faut construire en se disant que les ordures c’est une question de vision politique au plan national».
Dakar n'est pas Paris
Trois raisons font que des problèmes vont toujours surgir en copiant le modèle français, estime un expert qui a préféré garder l'anonymat: Selon ce dernier, «aucun des textes de loi et règlementations, aucune des structures et aucun des mécanismes qui ont présidé et conduit à la création de l'Agence Nationale pour la Recherche et le Développement ( ANRED) n'existe au Sénégal. La structure mise en place par la suite, en l'occurrence, l'Agence pour le Développement et la Maîtrise de l'Energie (ADEME) ne s'occupe pas de gestion des déchets, mais définit et promeut des politiques et appuie les collectivités locales dans les choix technologiques tout en promouvant les innovations technologiques par le biais de fonds particuliers». Mieux, «l'ADEME est beaucoup plus un outil, une banque scientifique et technique qu'une structure de mise en œuvre opérationnelle».
Aussi faudrait-il le signaler, ceux qui pensent que les unités de traitement des déchets créent des emplois n'ont qu'à déchanter. Par exemple, une unité calibrée pour traiter 400 000 tonnes d'ordures par an par voie d'incinération avec récupération de chaleur a un personnel compris entre 37 et 40 employés. C'est le cas à l'Usine Vitry à Paris).
source: Sudonline
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