En lisant l’immense et extrêmement riche essai de AMAR SAMB intitulé « Essai sur la contribution du Sénégal à la littérature d’expression arabe. » publié en 1972 dans les « Mémoires de l’Institut fondamental d’Afrique noire » n° 87, il m’a été donné le privilège de lire les vers ci-après par lesquels cheikh Ahmadou Bamba Mbacké a réagi en réponse à ceux qui l’invitaient à se soumettre aux rois, aux princes et qui sont allés jusqu’à le traiter de fou quand il a refusé la charge de Cadi du roi du Kayor.
C’est suite à la disparition de son père, Momar Anta Salli, en 1883, quand Mouhamadou Mar Sall, dit Serigne Taïba Dakhar, après lui avoir présenté ses condoléances « lui conseilla d’aller, avec une délégation, exprimer ses condoléances au Damel dont son père était l’ami, le conseiller, le marabout et le secrétaire », ajoutant que « peut être te nommera-t-il aux fonctions qu’occupait le regretté disparu ?» En réponse, Khadimou Rassol lui répondit en ces termes : « Je te remercie pour tes premières paroles. J’essayerai de supporter avec patience ma peine et mon chagrin. Mais sache que tout secours vient de Dieu seul qui ne déçoit pas le serviteur qui met sa confiance en lui. Pour ce qui est du roi, je n’irai jamais le voir, je ne veux rien de sa part. »
Cette réaction inédite surprit tout le Kayor et les gens se mirent à le traiter de « fou » et de quelqu’un qui ne veut rien pour lui ou pour sa famille.
Et c’est pour confirmer sa décision qu’il composa cette dizaine de vers pour éclairer ce sur quoi il fondait son attitude.
Ainsi proclama-t-il :
1-Fais l’antichambre des autorités, m’ont-ils dit, et tu obtiendras des offrandes qui t’enrichiront pour toute ta vie !
2-J’ai répondu : Mon Seigneur me suffit, je me contente de Lui, je ne désire rien d’autre que la science et la religion.
3-Je ne redoute personne si ce n’est mon Roi, je n’espère en personne si ce n’est en mon Maître, car c’est Lui, l’Auguste qui peut m’enrichir et me sauver.
4-Comment puis-je confier mes affaires à des êtres qui, tels des mendiants, ne sont pas à même de régler leurs propres affaires ?
5-Comment l’amour des vaniteux ici-bas peut-il me pousser à chercher le voisinage de ceux dont les maisons restent les parterres des démons ?
6-Suis-je triste, suis-je nécessiteux, j’adresse tout de suite une prière au Maître du Trône.
7-C’est Lui qui sait assister. Il peut tout faire. C’est Lui qui peut créer tout ce qu’Il veut faire exister.
8-S’il désire hâter ou retarder l’accomplissement d’un évènement, sa volonté est respectée.
9-O mon censeur qui me critique, cesse tes blâmes, ne me crois pas attristé, par mon divorce d’avec ce bas monde.
10-Si mon défaut, c’est mon renoncement aux honneurs terrestres que d’autres ambitionnent, je chéris ce défaut sans aucune espèce de honte.
Que c’est net, clair, précis et sans équivoque. Un choix qui est loin de ce que nous voyons de nos jours.
C’est dix ans plus tard, en 1893 qu’il se fraya sa propre voie qui a donné naissance au Mouridisme. Ce choix définitif, il le précisa dans ces vers-ci :
• « je prête serment d’allégeance aujourd’hui à l’Envoyé, l’Elu, en me mettant à son service et je prie Dieu de m’accorder la faculté de rester fidèle à mon engagement.
• Le lever du soleil m’a dispensé de regarder les étoiles et la lune dans le ciel.
• Je me fais esclave et serviteur de l’Apôtre de 1311(1893) jusqu’à l’année de mon départ (vers le très haut) »
Pour contribuer à la démystification de la pratique alimentaire quotidienne de nos faux dévots d’aujourd’hui, il m’a semblé opportun, de partager la quintessence et la profondeur de la pensée du Cheikh exprimée à travers ses vers par le biais des colonnes de la presse.
Cette pensée du Cheikh devrait être une source intarissable d’inspiration pour les hommes politiques caméléons dont le seul maître demeure et reste le ventre.
Comme l’année dernière par la presse de mon pays je rappelle cette contribution comme XEWLOU à l’édition 2013 du grand Magal de Touba.
Alla Kane
Kane_alla@yahoo.fr
C’est suite à la disparition de son père, Momar Anta Salli, en 1883, quand Mouhamadou Mar Sall, dit Serigne Taïba Dakhar, après lui avoir présenté ses condoléances « lui conseilla d’aller, avec une délégation, exprimer ses condoléances au Damel dont son père était l’ami, le conseiller, le marabout et le secrétaire », ajoutant que « peut être te nommera-t-il aux fonctions qu’occupait le regretté disparu ?» En réponse, Khadimou Rassol lui répondit en ces termes : « Je te remercie pour tes premières paroles. J’essayerai de supporter avec patience ma peine et mon chagrin. Mais sache que tout secours vient de Dieu seul qui ne déçoit pas le serviteur qui met sa confiance en lui. Pour ce qui est du roi, je n’irai jamais le voir, je ne veux rien de sa part. »
Cette réaction inédite surprit tout le Kayor et les gens se mirent à le traiter de « fou » et de quelqu’un qui ne veut rien pour lui ou pour sa famille.
Et c’est pour confirmer sa décision qu’il composa cette dizaine de vers pour éclairer ce sur quoi il fondait son attitude.
Ainsi proclama-t-il :
1-Fais l’antichambre des autorités, m’ont-ils dit, et tu obtiendras des offrandes qui t’enrichiront pour toute ta vie !
2-J’ai répondu : Mon Seigneur me suffit, je me contente de Lui, je ne désire rien d’autre que la science et la religion.
3-Je ne redoute personne si ce n’est mon Roi, je n’espère en personne si ce n’est en mon Maître, car c’est Lui, l’Auguste qui peut m’enrichir et me sauver.
4-Comment puis-je confier mes affaires à des êtres qui, tels des mendiants, ne sont pas à même de régler leurs propres affaires ?
5-Comment l’amour des vaniteux ici-bas peut-il me pousser à chercher le voisinage de ceux dont les maisons restent les parterres des démons ?
6-Suis-je triste, suis-je nécessiteux, j’adresse tout de suite une prière au Maître du Trône.
7-C’est Lui qui sait assister. Il peut tout faire. C’est Lui qui peut créer tout ce qu’Il veut faire exister.
8-S’il désire hâter ou retarder l’accomplissement d’un évènement, sa volonté est respectée.
9-O mon censeur qui me critique, cesse tes blâmes, ne me crois pas attristé, par mon divorce d’avec ce bas monde.
10-Si mon défaut, c’est mon renoncement aux honneurs terrestres que d’autres ambitionnent, je chéris ce défaut sans aucune espèce de honte.
Que c’est net, clair, précis et sans équivoque. Un choix qui est loin de ce que nous voyons de nos jours.
C’est dix ans plus tard, en 1893 qu’il se fraya sa propre voie qui a donné naissance au Mouridisme. Ce choix définitif, il le précisa dans ces vers-ci :
• « je prête serment d’allégeance aujourd’hui à l’Envoyé, l’Elu, en me mettant à son service et je prie Dieu de m’accorder la faculté de rester fidèle à mon engagement.
• Le lever du soleil m’a dispensé de regarder les étoiles et la lune dans le ciel.
• Je me fais esclave et serviteur de l’Apôtre de 1311(1893) jusqu’à l’année de mon départ (vers le très haut) »
Pour contribuer à la démystification de la pratique alimentaire quotidienne de nos faux dévots d’aujourd’hui, il m’a semblé opportun, de partager la quintessence et la profondeur de la pensée du Cheikh exprimée à travers ses vers par le biais des colonnes de la presse.
Cette pensée du Cheikh devrait être une source intarissable d’inspiration pour les hommes politiques caméléons dont le seul maître demeure et reste le ventre.
Comme l’année dernière par la presse de mon pays je rappelle cette contribution comme XEWLOU à l’édition 2013 du grand Magal de Touba.
Alla Kane
Kane_alla@yahoo.fr
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