En tout cas, certains manifestants ont pu accéder au bureau du président de la République à l’indifférence totale des éléments chargés de sa sécurité. Cette violence qui risque de mettre en mal le processus de sortie de crise, traduit le manque de maturité politique de ces amateurs qui s’agitent auprès du Cnrdre et ne suscite aucun espoir chez nos concitoyens du Nord.
Investi le 12 avril chef de l’Etat par intérim, Dioncounda Traoré a été agressé et blessé dans son bureau à Koulouba, par des manifestants répondant à l’appel de certaines formations politiques, d’organisations et associations regroupées au sein du Mp22 et de la Copam favorables à la tenue d’une convention nationale pour designer le président de la transition. On semble oublier que le lundi dernier, jour de l’agression, Dioncounda était encore dans son mandat constitutionnel, c’est-à-dire l’intérim légal. Ce qui ôte toute circonstance atténuante aux criminels car ils ne sont rien d’autre que cela.
Selon des témoignages concordants, certains manifestants ont pu, en dépit de la présence de membres de la Garde nationale, pénétrer dans le bureau du président de la République où ils l’ont frappé et blessé. Après cette agression, Dioncounda Traoré a été admis aux urgences, avec une blessure au visage et une autre au dos, selon une source hospitalière. Il a passé un scanner qui a révélé qu’il n’y a pas de lésion grave, comme l’a précisé le médecin qui s’est occupé de l’examen médical. Selon la même source, il a ensuite quitté l’hôpital pour une destination sécurisée, après un entretien avec le Premier ministre.
En dépit du traumatisme qu’il vient de subir, Dioncounda Traoré est plus jamais déterminé de poursuivre sa mission. Il devra organiser des élections d’ici à 12 mois et surtout tenter de résoudre la crise dans le Nord où près de 350.000 personnes ont fui depuis mi-janvier leurs domiciles pour se réfugier à l’intérieur du Mali ou
dans des pays voisins.
Un membre de son entourage avait déjà indiqué que sa vie n’était pas en danger.
Le Premier ministre Cheick Modibo Diarra, qui s’est rendu à son chevet avec d’autres personnalités, a déploré cette agression, en appelant au calme et à la fin des marches dans une déclaration en langue bambara, diffusée lundi soir sur la télévision nationale. Il a évoqué notamment des saccages lors des manifestations de ce lundi. «Le Mali ne mérite pas cela», a-t-il lancé.
Rappelons que l’accord entre la junte et la Cedeao avait été perçu par les Maliens comme un pas vers la sortie de crise politique, après plusieurs semaines de blocage, même si la manière a suscité des inquiétudes à l’étranger, où certains évoquent un mauvais exemple. En effet, l’accord octroie le statut d’ex-président avec tous les avantages dûs à ce rang: indemnités, garde, voiture, logement au capitaine Sanogo.
Depuis sa prise de fonction, le 12 avril 2012 et la nomination de son Premier ministre, Cheick Modibo Diarra, le Mali est resté en proie à la crise née du putsch. Un coup d’Etat qui a accéléré la chute du nord du pays tombé aux mains de divers groupes armés dominés par des islamistes, dont le mouvement Ansar Dine et Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Ce que les Etats unis d’Amérique n’ont pas manqué de souligner, en prenant pour responsables le Cnrdre et ses alliés qui devront répondre de leur responsabilité, selon les Yankees.
Le Prétore