Feux d'artifice, convois de voitures... au Liban, les partisans du Hezbollah ont célébré ce qu'ils considèrent comme une juste riposte au raid israélien qui a tué six membres du parti le 18 janvier près du Golan. La classe politique, elle, est partagée. Le Premier ministre Tammam Salam a exprimé son inquiétude à l'égard des intentions hostiles des dirigeants israéliens, responsables, selon lui, de l'escalade qui a suivi l'attaque du Hezbollah. Il faisait allusion au tir d'une centaine d'obus par l'armée israélienne contre des régions libanaises.
Le chef druze Walid Joumblatt s'est inquiété d'une phase de grands bouleversements. Il a critiqué Benyamin Netanyahu, qui a déclenché ces événements en attaquant le Hezbollah près du Golan pour des considérations électorales, a-t-il dit. Mais le chef chrétien Samir Geagea n'est pas de cet avis. Il a regretté que l'armée et le peuple libanais puissent subir les conséquences d'une décision prise unilatéralement par le Hezbollah. Le principal parti sunnite, généralement très critique à l'égard du Hezbollah, s'est montré prudent. Il a rappelé que la décision de la paix ou de la guerre relève de la responsabilité du gouvernement.
« On vit ici comme au-dessus d’un volcan »
Ce jeudi matin, la situation est calme. Notre envoyée spéciale se trouve actuellement côté israélien, près de l'endroit où les soldats ont été tués. Elle raconte que depuis mercredi après-midi, il n’y a pas eu de nouveaux tirs. Le village en question a été déclaré « zone militaire fermée ». Il est donc inaccessible à la presse. Mais les habitants qui en sortent sont marqués. Selon eux, au moins une personne a été blessée, un habitant de Ghajar. On sent une vive tension, car il y a une forte présence militaire. Des centaines de soldats israéliens ont été dépêchés à la frontière libanaise. Ils ont passé la nuit sur place.
Au café du kibboutz Amir - une sorte de village collectiviste à quelques kilomètres de la ville arabe Ghajar -, tout près de la frontière libanaise côté israélien, quelques habitants prennent un verre de cidre chaud. L’inquiétude est palpable. Ils se rappellent que la guerre de 2006 entre Israël et le Liban avait commencé de la même façon. Alors, les sirènes d’alerte et le bruit des tirs de mercredi leur ont rappelé de mauvais souvenirs. Si ces Israéliens espèrent qu’il n’y aura pas d’escalade, Moshe, la quarantaine, raconte la peur qu’il a eue lorsqu’il a entendu les bombardements non loin de chez lui. « Quand nous avons entendu tous ces bombardements, c’était difficile, c’était très fort. Votre cœur se met à sauter quand vous entendez ça. Ma femme, elle, tremblait. On vit ici comme au-dessus d’un volcan. »
Dans la presse, on n'envisage pas de nouvelle guerre
Michele Stoch, elle aussi dans l'assistancer, est professeure - une lourde responsabilité en cas d’alerte aux bombardements. « C’est de notre responsabilité de nous occuper des enfants à l’école, explique-t-elle. Et ce n’est pas facile, car beaucoup sont traumatisés par la dernière guerre avec le Liban. Nous avons des abris contre les bombes, mais notre crainte, c’est que nous n’ayons pas le temps de les atteindre. Alors en cas d’alerte, il faut s’allonger par terre, sous les tables, loin des fenêtres et attendre les instructions. »
Ceci étant, dans la presse israélienne, ce jeudi matin, les analystes ne croient pas vraiment à une nouvelle guerre. Personne n’y a intérêt, décrypte-t-on. Le Hezbollah a vengé ses soldats, lit-on, mais il est trop engagé aux côtés du régime de Bachar el-Assad en Syrie pour ouvrir un nouveau front. Côté israélien, le gouvernement a certes répondu fermement aux attaques par la voix de son Premier minitre Benyamin Netanyahu, qui doit se montrer fort puisqu'il est en campagne pour sa réélection. Mais une nouvelle guerre serait trop impopulaire, et c’est pour cela que beaucoup ne croient pas en un nouveau conflit avec le Liban.
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