Il faudra attendre jusqu’au 19 décembre prochain pour connaître l’issue de la réflexion autour des modalités de candidatures au sein de l’opposition. Les leaders de la coalition Benno Siggil Sénégal se pencheront à cette date sur les conclusions du comité technique chargé de recueillir les différentes propositions sur la lancinante question. D’ores et déjà, nous prenons le chronique risque analytique (sans grand danger) de dire qu’il n’y aura pas de candidat unique de l’opposition pour les prochaines élections présidentielles. Les chances de son aboutissement sont quasi nulles. Pour diverses raisons !
L’opposition n’a pas de leader incontesté. On se rappelle la manœuvre que lui avait tendu le président Wade après les législatives de 2001, en voulant désigner le chef de cette dite opposition. Le Ps, majoritaire en termes de suffrage, n’en voulait pas, compte tenu des risques de bronca. L’Afp, majoritaire eu égard au nombre de députés, l’avait également rejeté pour ne pas faire le jeu du pouvoir : diviser pour mieux régner.
Aujourd’hui, les données ont certes évolué avec un Parti socialiste qui contrôle plus de collectivités locales et dont le leader a été le mieux classé de l’opposition (13%) aux élections présidentielles de 2007 après les candidats libéraux (Wade 56 % et Seck 14%), mais il n’en demeure pas moins que ces statistiques ne lui confèrent pas aux yeux de ses alliés la position de leader. Le scrutin de 2007 ne constitue pas une base de référence pour l’opposition qui conteste encore sa validité et les locales de 2009 ne sont pas un baromètre absolu. Les partis de l’opposition y sont allés, généralement, en coalition. Si le Ps ne peut revendiquer sans conteste cette position, il est illusoire pour un autre parti de le faire.
Exclu le critère de la représentativité problématique, la question qui affleure est donc celle-ci : à partir de quels critères, l’opposition pourra-elle déterminer son candidat ? L’âge ? L’expérience ? Le charisme ? La chance historique ? Improbables et trop subjectifs !
Le Parti socialiste n’a pas voulu casser la dynamique unitaire mais a bien fait remarquer qu’il ne sacrifiera pas ses intérêts, lui qui se considère comme le moteur de l’opposition. Le Ps estime que tous ses actuels alliés ont soit travaillé avec Wade soit l’ont aidé à se hisser au pouvoir. En plus, depuis près d’un demi-siècle, le Ps (Bds, Ups) a toujours présenté un candidat. Ce serait étonnant qu’il ne le fasse pas à la prochaine échéance majeure.
Moustapha Niasse de l’Afp envisage aussi de se présenter en 2012 comme il l’a révélé dans une chaîne panafricaine (Africa 24). Ses partisans pensent qu’il est le plus expérimenté des opposants pour avoir été Directeur de cabinet de Senghor et deux fois Premier ministre sous Diouf et Wade. Il ne devrait pas rater ce dernier virage ( ?) si l’on se fie à son âge relativement avancé (72 ans).
Du côté de l’Apr, on théorise l’efficacité de la candidature plurielle pour ratisser large au premier tour et rééditer le coup de 2000 fatal au président sortant Abdou Diouf. Macky Sall pour avoir été ministre, maire, Premier ministre et Président de l’Assemblée nationale estime avec ses ouailles qu’il ne lui reste que la station suprême, pour paraphraser Idrissa Seck. C’est peine perdue que d’essayer de le convaincre de se désister au premier tour. D’autres candidatures sont également prévisibles.
Bref, l’opposition est en train de se divertir en épiloguant sur une candidature unique qui ne s’était même pas réalisée avant 2000 où Abdoulaye Wade était le leader incontestable de l’opposition (7 candidats), a fortiori maintenant. Son combat pour espérer battre le camp libéral se situe ailleurs. Notamment dans l’élaboration de programmes alternatifs crédibles, la bonne gestion des collectivités locales à sa disposition et la lutte pour la transparence et la régularité des prochaines consultations électorales.
Le reste est entre les mains des citoyens sénégalais qui auront la responsabilité de choisir celui qu’ils veulent pour présider aux destinées de la nation. La centralité du pouvoir présidentiel confirmée par la jurisprudence Abdoulaye Wade, qui a écarté l’essentiel de ses alliés une fois élu ne plaide pas pour l’altruisme politique. Si ce n’est le « Chacun pour soi, Dieu pour tous », ça y ressemble fort.
Abdoulaye SYLLA
syllaye@gmail.com
L’opposition n’a pas de leader incontesté. On se rappelle la manœuvre que lui avait tendu le président Wade après les législatives de 2001, en voulant désigner le chef de cette dite opposition. Le Ps, majoritaire en termes de suffrage, n’en voulait pas, compte tenu des risques de bronca. L’Afp, majoritaire eu égard au nombre de députés, l’avait également rejeté pour ne pas faire le jeu du pouvoir : diviser pour mieux régner.
Aujourd’hui, les données ont certes évolué avec un Parti socialiste qui contrôle plus de collectivités locales et dont le leader a été le mieux classé de l’opposition (13%) aux élections présidentielles de 2007 après les candidats libéraux (Wade 56 % et Seck 14%), mais il n’en demeure pas moins que ces statistiques ne lui confèrent pas aux yeux de ses alliés la position de leader. Le scrutin de 2007 ne constitue pas une base de référence pour l’opposition qui conteste encore sa validité et les locales de 2009 ne sont pas un baromètre absolu. Les partis de l’opposition y sont allés, généralement, en coalition. Si le Ps ne peut revendiquer sans conteste cette position, il est illusoire pour un autre parti de le faire.
Exclu le critère de la représentativité problématique, la question qui affleure est donc celle-ci : à partir de quels critères, l’opposition pourra-elle déterminer son candidat ? L’âge ? L’expérience ? Le charisme ? La chance historique ? Improbables et trop subjectifs !
Le Parti socialiste n’a pas voulu casser la dynamique unitaire mais a bien fait remarquer qu’il ne sacrifiera pas ses intérêts, lui qui se considère comme le moteur de l’opposition. Le Ps estime que tous ses actuels alliés ont soit travaillé avec Wade soit l’ont aidé à se hisser au pouvoir. En plus, depuis près d’un demi-siècle, le Ps (Bds, Ups) a toujours présenté un candidat. Ce serait étonnant qu’il ne le fasse pas à la prochaine échéance majeure.
Moustapha Niasse de l’Afp envisage aussi de se présenter en 2012 comme il l’a révélé dans une chaîne panafricaine (Africa 24). Ses partisans pensent qu’il est le plus expérimenté des opposants pour avoir été Directeur de cabinet de Senghor et deux fois Premier ministre sous Diouf et Wade. Il ne devrait pas rater ce dernier virage ( ?) si l’on se fie à son âge relativement avancé (72 ans).
Du côté de l’Apr, on théorise l’efficacité de la candidature plurielle pour ratisser large au premier tour et rééditer le coup de 2000 fatal au président sortant Abdou Diouf. Macky Sall pour avoir été ministre, maire, Premier ministre et Président de l’Assemblée nationale estime avec ses ouailles qu’il ne lui reste que la station suprême, pour paraphraser Idrissa Seck. C’est peine perdue que d’essayer de le convaincre de se désister au premier tour. D’autres candidatures sont également prévisibles.
Bref, l’opposition est en train de se divertir en épiloguant sur une candidature unique qui ne s’était même pas réalisée avant 2000 où Abdoulaye Wade était le leader incontestable de l’opposition (7 candidats), a fortiori maintenant. Son combat pour espérer battre le camp libéral se situe ailleurs. Notamment dans l’élaboration de programmes alternatifs crédibles, la bonne gestion des collectivités locales à sa disposition et la lutte pour la transparence et la régularité des prochaines consultations électorales.
Le reste est entre les mains des citoyens sénégalais qui auront la responsabilité de choisir celui qu’ils veulent pour présider aux destinées de la nation. La centralité du pouvoir présidentiel confirmée par la jurisprudence Abdoulaye Wade, qui a écarté l’essentiel de ses alliés une fois élu ne plaide pas pour l’altruisme politique. Si ce n’est le « Chacun pour soi, Dieu pour tous », ça y ressemble fort.
Abdoulaye SYLLA
syllaye@gmail.com
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