Des centaines de protestataires égyptiens qui campent depuis le 8 juillet pour protester contre la lenteur des réformes menées par l'armée, en charge de la transition politique dans le pays, ont annoncé dimanche qu'ils allaient suspendre leur sit-in durant le ramadan, qui débute ce lundi, pour le reprendre à la fin du mois de jeûne musulman.
"Les partis politiques et les mouvements de jeunes ont décidé de suspendre temporairement leur action durant le mois sacré de ramadan", ont indiqué vingt-six partis politiques et mouvements de contestation dans un communiqué publié dimanche. Alors que certains spécialistes prévoyaient une mobilisation massive des protestataires dans le monde arabe durant ce mois sacré, les révolutionnaires de la place Tahrir seraient-ils en train de faire mentir leurs pronostics ?
Dans un entretien accordé à France24.com le 22 juillet dernier, Mohammed Ajlani, professeur de sciences politiques au Centre d'études diplomatiques et stratégiques (CEDS), avançait, en effet, que le "mois d’août devrait être un mois agité" ajoutant même que cette période de l’année pourrait "jouer en faveur des manifestants".
Les protestataires de Tahrir en ont décidé autrement "par respect pour cette période d’abstinence qui préconise la réconciliation", explique Sonia Dridi, la correspondante de FRANCE 24 au Caire. "Ils devraient reprendre la lutte après l’Aïd [fin du mois du jeûne, ndlr]. Mais pour le moment ils préfèrent respecter le ramadan qui recommande de faire la paix avec soi et avec les autres, loin de toute agitation interne ou externe", explique-t-elle. Jusqu’à présent, les tensions étaient permanentes entre les manifestants et leurs concitoyens. "L’ambiance était parfois délétère. Un des leaders du mouvement 'Égyptien libre' m'a confié qu'ils étaient en conflit avec les commerces de proximité, avec les automobilistes à cause des embouteillages provoqués par leur campement…". Selon elle, d’autres raisons, plus pragmatiques, sont aussi entrées en ligne de compte. "Il fait très chaud. Ne pas boire, ni manger toute une journée sous le soleil égyptien, c’est une véritable épreuve."
La possibilité d’une remobilisation
Pourtant, rien ne dit que cette trêve sera durable, estime de son côté Bahgat Elnadi, politologue et spécialiste de l’Égypte. "Si le ramadan est une période dédiée au calme et à la paix, c’est également un mois consacré à la recherche de la justice, de l’équité sociale, c’est un combat contre l’oppresseur". Selon le spécialiste, il n’est donc pas improbable que le procès de Hosni Moubarak, prévu le 3 août, vienne contrarier les plans d’accalmie des contestataires. "Si le procès se tient, il entraînera sans doute des réactions, des sit-in, des rassemblements. Si, pour une raison x ou y, il ne devait pas avoir lieu, les activistes se remobiliseraient sûrement pour faire entendre leur colère. Dans les deux cas, les protestataires auraient toutes les raisons de reprendre le combat."
Autre danger selon le spécialiste : ce retrait provisoire des activistes de la place du Caire pourrait profiter aux Frères musulmans et aux Salafistes qui y ont fait une démonstration de force vendredi dernier. Ce jour-là, des milliers d'islamistes sont venus en masse place Tahrir réclamer l'instauration d'une "république islamique" malgré un accord passé, le mercredi précédent, entre activistes laïcs et religieux. Accord qui stipulait que les deux camps manifesteraient ensemble sous des slogans communs liés par exemple au jugement de Moubarak ou à la fin des tribunaux militaires. "Les islamistes ont fait peur aux laïcs. Ils se sont moqués d'eux, ils n'ont pas respecté le contrat", explique Bahgat Elnadi. Reste à savoir maintenant si les révolutionnaires vont rester passifs tout le mois face à cette nouvelle menace. "Ils sont en plein désarroi, je pense qu’ils pourraient reprendre l’offensive assez rapidement. Le calme reste très précaire au Caire", conclut l’expert.
Source: France24
"Les partis politiques et les mouvements de jeunes ont décidé de suspendre temporairement leur action durant le mois sacré de ramadan", ont indiqué vingt-six partis politiques et mouvements de contestation dans un communiqué publié dimanche. Alors que certains spécialistes prévoyaient une mobilisation massive des protestataires dans le monde arabe durant ce mois sacré, les révolutionnaires de la place Tahrir seraient-ils en train de faire mentir leurs pronostics ?
Dans un entretien accordé à France24.com le 22 juillet dernier, Mohammed Ajlani, professeur de sciences politiques au Centre d'études diplomatiques et stratégiques (CEDS), avançait, en effet, que le "mois d’août devrait être un mois agité" ajoutant même que cette période de l’année pourrait "jouer en faveur des manifestants".
Les protestataires de Tahrir en ont décidé autrement "par respect pour cette période d’abstinence qui préconise la réconciliation", explique Sonia Dridi, la correspondante de FRANCE 24 au Caire. "Ils devraient reprendre la lutte après l’Aïd [fin du mois du jeûne, ndlr]. Mais pour le moment ils préfèrent respecter le ramadan qui recommande de faire la paix avec soi et avec les autres, loin de toute agitation interne ou externe", explique-t-elle. Jusqu’à présent, les tensions étaient permanentes entre les manifestants et leurs concitoyens. "L’ambiance était parfois délétère. Un des leaders du mouvement 'Égyptien libre' m'a confié qu'ils étaient en conflit avec les commerces de proximité, avec les automobilistes à cause des embouteillages provoqués par leur campement…". Selon elle, d’autres raisons, plus pragmatiques, sont aussi entrées en ligne de compte. "Il fait très chaud. Ne pas boire, ni manger toute une journée sous le soleil égyptien, c’est une véritable épreuve."
La possibilité d’une remobilisation
Pourtant, rien ne dit que cette trêve sera durable, estime de son côté Bahgat Elnadi, politologue et spécialiste de l’Égypte. "Si le ramadan est une période dédiée au calme et à la paix, c’est également un mois consacré à la recherche de la justice, de l’équité sociale, c’est un combat contre l’oppresseur". Selon le spécialiste, il n’est donc pas improbable que le procès de Hosni Moubarak, prévu le 3 août, vienne contrarier les plans d’accalmie des contestataires. "Si le procès se tient, il entraînera sans doute des réactions, des sit-in, des rassemblements. Si, pour une raison x ou y, il ne devait pas avoir lieu, les activistes se remobiliseraient sûrement pour faire entendre leur colère. Dans les deux cas, les protestataires auraient toutes les raisons de reprendre le combat."
Autre danger selon le spécialiste : ce retrait provisoire des activistes de la place du Caire pourrait profiter aux Frères musulmans et aux Salafistes qui y ont fait une démonstration de force vendredi dernier. Ce jour-là, des milliers d'islamistes sont venus en masse place Tahrir réclamer l'instauration d'une "république islamique" malgré un accord passé, le mercredi précédent, entre activistes laïcs et religieux. Accord qui stipulait que les deux camps manifesteraient ensemble sous des slogans communs liés par exemple au jugement de Moubarak ou à la fin des tribunaux militaires. "Les islamistes ont fait peur aux laïcs. Ils se sont moqués d'eux, ils n'ont pas respecté le contrat", explique Bahgat Elnadi. Reste à savoir maintenant si les révolutionnaires vont rester passifs tout le mois face à cette nouvelle menace. "Ils sont en plein désarroi, je pense qu’ils pourraient reprendre l’offensive assez rapidement. Le calme reste très précaire au Caire", conclut l’expert.
Source: France24
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