Lors de ce dernier jour de campagne [23 mars 2012, NDLR], le président sortant, Abdoulaye Wade, a sillonné en cortège les rues de la capitale tandis que son rival, leader de l'Alliance pour la république (APR) tenait meeting dans le quartier populaire des Parcelles assainies, au nord-est de Dakar. Ces dernières initiatives se sont déroulées sans incident.
Au premier tour, la campagne avait déchaîné les passions au point qu’une dizaine de Sénégalais y avaient laissé leur vie. Celle du second tour se sera révélée largement plus calme. Le candidat Abdoulaye Wade avait choisi un style radicalement différent délaissant les grands meetings au profit des « marches bleues », autrement dit les cortèges motorisés.
Une campagne de proximité dans un style qu’affectionne celui qui a désormais sept campagnes présidentielles derrière lui. Abdoulaye Wade s’est aussi concentré sur les porteurs de voix, autrement dit, les grands électeurs que sont les chefs religieux, les notables, les groupements et les associations, reçus au palais présidentiel ces dernières semaines.
Le candidat de l’Alliance pour la République (APR), Macky Sall, quant à lui, fait jouer la puissance de sa coalition puisque les douze candidats vaincus du premier tour l’ont rejoint, il a sillonné le pays en leur compagnie s’affichant dans les villes avec les régionaux de l’étape : Idrissa Seck (coalition Idy4president) à Thiès, Moustapha Niasse (coalition Bennoo Siggil Senegaal) à Kaolack, ou encore Ousmane Tanor Dieng (Parti socialiste) à Mbour.
Reste à savoir si ce second tour saura galvaniser les abstentionnistes. La participation, assez faible au premier tour, est l’une des clés du succès, de même que le report de voix des candidats battus au premier tour.
Les observateurs du scrutin sur le pied de guerre
4 500 observateurs dont 546 relaient en permanence à Dakar les incidents, les retards et les manquements dans le vote, le tout compilé en temps réel sur le web : c’est le rêve auquel sont parvenues les organisations de la société civile grâce notamment à Osiwa (Open society initiative for West Africa), la fondation du milliardaire américain George Soros.
« Ils nous envoient en temps réel ce qui se passe sur l’ouverture, sur la présence des membres du Sénat, sur la présence du matériel électoral, indique Kevin Adomayakpor, l’un des partenaires d’Osiwa, ils peuvent aussi à tout moment lorsqu’il y a des incidents, arrêts de vote ou des bagarres, ou une entorse à la loi, ils nous envoient des SMS ».
Pour la société civile, l'initiative permet d’alerter les autorités afin de régler les problèmes le jour du vote, mais aussi de connaître rapidement les résultats, comme l'explique lee professeur Babacar Guèye qui dirige le Réseau des observateurs citoyens (Resocit) : « Nous aurons des tendances assez fiables à partir d’une certaine heure, entre 20h00 et 22h00. Mais lorsque nous aurons ces tendances, nous les garderons dans un premier temps pour nous. Le cas échéant s’il y a des difficultés, s’il y a lieu d’intervenir, d’interpeller les autorités, nous prendrons nos responsabilités ».
Bref, la société civile sénégalaise est une sentinelle efficace et crédible, un rempart de plus contre la fraude ou la violence politique.
Le second tour de la présidentielle, vue du quartier Arafat, à Grand Yoff
Une centaine de bambins en gilet violet dans cette crèche du quartier Arafat à Grand Yoff, une banlieue populaire de Dakar. Et pour s’en occuper, huit employés dont deux seulement ont voté au premier tour.
Marie, monitrice de 25 ans, s’est abstenue à cause des violences qui ont fait au moins 6 morts et 150 blessés avant le scrutin quand l’opposition contestait la candidature d’Abdoulaye Wade : « Je n’avais pas l’habitude de voir le pays comme ça brûler les pneus et tout et tout. Je me suis dit que ce serait mieux de rester à la maison. J’avais très peur d’aller voter. Mais je compte aller voter au deuxième tour parce que, là, il y a le calme ».
Diokel compte bien voter cette fois-ci lui aussi, même s’il lui faut pour cela se rendre dans son village natal à 125km de Dakar. Au premier tour, il avait pensé que ça ne valait pas le coup : « Il y a beaucoup de gens qui se sont abstenus vu les circonstances. Certains pensaient que le candidat sortant allait gagner au premier tour, qu’on aille voter ou pas. Maintenant, les gens sont rassurés vu ce qu’ils ont vu. Il y a plus d’enthousiasme quant à ce désir de changement-là ».
Quant à Fatou, un voile sur les cheveux, elle voterait volontiers mais tout dépendra de son marabout : « La fois passée, il nous a dit de ne pas voter parce qu’il y avait des batailles. Ici il y avait beaucoup de choses. C’est lui-même qui voit pourquoi on ne va pas voter ».
Le taux de participation des employés de la crèche devrait passer de 25 à 75 % au deuxième tour. Reste à savoir ce qu’il en sera au niveau national.
RFI
Au premier tour, la campagne avait déchaîné les passions au point qu’une dizaine de Sénégalais y avaient laissé leur vie. Celle du second tour se sera révélée largement plus calme. Le candidat Abdoulaye Wade avait choisi un style radicalement différent délaissant les grands meetings au profit des « marches bleues », autrement dit les cortèges motorisés.
Une campagne de proximité dans un style qu’affectionne celui qui a désormais sept campagnes présidentielles derrière lui. Abdoulaye Wade s’est aussi concentré sur les porteurs de voix, autrement dit, les grands électeurs que sont les chefs religieux, les notables, les groupements et les associations, reçus au palais présidentiel ces dernières semaines.
Le candidat de l’Alliance pour la République (APR), Macky Sall, quant à lui, fait jouer la puissance de sa coalition puisque les douze candidats vaincus du premier tour l’ont rejoint, il a sillonné le pays en leur compagnie s’affichant dans les villes avec les régionaux de l’étape : Idrissa Seck (coalition Idy4president) à Thiès, Moustapha Niasse (coalition Bennoo Siggil Senegaal) à Kaolack, ou encore Ousmane Tanor Dieng (Parti socialiste) à Mbour.
Reste à savoir si ce second tour saura galvaniser les abstentionnistes. La participation, assez faible au premier tour, est l’une des clés du succès, de même que le report de voix des candidats battus au premier tour.
Les observateurs du scrutin sur le pied de guerre
4 500 observateurs dont 546 relaient en permanence à Dakar les incidents, les retards et les manquements dans le vote, le tout compilé en temps réel sur le web : c’est le rêve auquel sont parvenues les organisations de la société civile grâce notamment à Osiwa (Open society initiative for West Africa), la fondation du milliardaire américain George Soros.
« Ils nous envoient en temps réel ce qui se passe sur l’ouverture, sur la présence des membres du Sénat, sur la présence du matériel électoral, indique Kevin Adomayakpor, l’un des partenaires d’Osiwa, ils peuvent aussi à tout moment lorsqu’il y a des incidents, arrêts de vote ou des bagarres, ou une entorse à la loi, ils nous envoient des SMS ».
Pour la société civile, l'initiative permet d’alerter les autorités afin de régler les problèmes le jour du vote, mais aussi de connaître rapidement les résultats, comme l'explique lee professeur Babacar Guèye qui dirige le Réseau des observateurs citoyens (Resocit) : « Nous aurons des tendances assez fiables à partir d’une certaine heure, entre 20h00 et 22h00. Mais lorsque nous aurons ces tendances, nous les garderons dans un premier temps pour nous. Le cas échéant s’il y a des difficultés, s’il y a lieu d’intervenir, d’interpeller les autorités, nous prendrons nos responsabilités ».
Bref, la société civile sénégalaise est une sentinelle efficace et crédible, un rempart de plus contre la fraude ou la violence politique.
Quartier Arafat, à Grand Yoff : votera ou ne votera pas ? Reportage. |
Le second tour de la présidentielle, vue du quartier Arafat, à Grand Yoff
Une centaine de bambins en gilet violet dans cette crèche du quartier Arafat à Grand Yoff, une banlieue populaire de Dakar. Et pour s’en occuper, huit employés dont deux seulement ont voté au premier tour.
Marie, monitrice de 25 ans, s’est abstenue à cause des violences qui ont fait au moins 6 morts et 150 blessés avant le scrutin quand l’opposition contestait la candidature d’Abdoulaye Wade : « Je n’avais pas l’habitude de voir le pays comme ça brûler les pneus et tout et tout. Je me suis dit que ce serait mieux de rester à la maison. J’avais très peur d’aller voter. Mais je compte aller voter au deuxième tour parce que, là, il y a le calme ».
Diokel compte bien voter cette fois-ci lui aussi, même s’il lui faut pour cela se rendre dans son village natal à 125km de Dakar. Au premier tour, il avait pensé que ça ne valait pas le coup : « Il y a beaucoup de gens qui se sont abstenus vu les circonstances. Certains pensaient que le candidat sortant allait gagner au premier tour, qu’on aille voter ou pas. Maintenant, les gens sont rassurés vu ce qu’ils ont vu. Il y a plus d’enthousiasme quant à ce désir de changement-là ».
Quant à Fatou, un voile sur les cheveux, elle voterait volontiers mais tout dépendra de son marabout : « La fois passée, il nous a dit de ne pas voter parce qu’il y avait des batailles. Ici il y avait beaucoup de choses. C’est lui-même qui voit pourquoi on ne va pas voter ».
Le taux de participation des employés de la crèche devrait passer de 25 à 75 % au deuxième tour. Reste à savoir ce qu’il en sera au niveau national.
RFI
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