C’est au cri de « Allahou Akbar » que les manifestants sont descendus dans les rues de Zinder sitôt après la grande prière de vendredi. Des fidèles de plusieurs mosquées, généralement en colère, ont convergé vers le centre-ville, cassant et ravageant tout sur leur passage. Les manifestants, dont certains portaient des bandeaux sur le front avec des écritures en arabe, ont mis le feu sur plusieurs carrefours de Zinder.
Les protestataires s'en sont notamment pris à la communauté chrétienne. La dizaine d’églises que compte la ville a été brûlée ou saccagée. Les salles de jeu et débits de boissons alcoolisées n’ont pas échappé non plus aux manifestants en furie. Pour la première fois, selon des personnes contactées par téléphone, le drapeau noir de Boko Haram a été brandi dans la foule. Selon le père Léon, une centaine de chrétiens, dont onze sœurs, ont trouvé refuge à la garnison militaire et au camp de la garde nationale.
Pour se venger de la France et du journal Charlie Hebdo, les manifestants ont aussi brûlé un drapeau français et mis le feu à la plus grande bibliothèque de Zinder, celle du Centre culturel franco-nigérien. Un peu plus loin, dans la zone du stade, le siège du principal parti au pouvoir, le PNDS, est également parti en fumée.
« Situation insurectionnelle »
Devant la violence aveugle des manifestants qui voulaient brûler vives plusieurs personnes réfugiées dans l’enceinte de la mission catholique, l’armée est intervenue pour évacuer les victimes qui n’étaient pas de confession musulmane. Cette intervention a permis de ramener le calme, mais un calme précaire, dit-on.
Le bilan est lourd : un gendarme est mort écrasé par un véhicule et trois civils ont été tués. On dénombre par ailleurs 45 blessés, dont 22 membres de forces de sécurité. Lors d'une conférence de presse, le ministre de l'Intérieur nigérien a indiqué que Zinder avait connu vendredi une « situation insurectionnelle ». Il a également indiqué que le gouvernement était déterminé à défendre l'ordre public. « Nous n'accepterons pas la chienlit », a-t-il martelé. Et il est revenu sur les circonstances dans lesquelles quatre personnes sont mortes.
Si le calme est revenu dans la soirée, les autorités ont mis en place un couvre-feu. Toute manifestation est désormais interdite. Dans la ville d'Agadez, dans le nord du pays, des manifestations ont également eu lieu dans un climat tendu.
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